Le 04/01/2016
Face aux terroristes, l’État doit s’employer d’une manière ou d’une autre à les empêcher de nuire définitivement.
Le débat sur l’abolition de la peine de mort n’a jamais vraiment pris en compte la question du terrorisme.
Il y a des gens qui en ont fait une question de principe et puis ceux qui se sont prononcés après avoir pesé rationnellement le pour et le contre.
Si avec les premiers il est inutile de discuter, bien qu’il y ait beaucoup à dire, avec les autres en revanche, il devrait être possible de remettre tout à plat au vu d’un certain nombre de considérations factuelles qui, semble-t-il, changent la donne.
– Commettre un attentat terroriste nécessite toute une organisation et de nombreux complices. C’est aussi un acte appelé à se répéter.
– Les terroristes sont des gens jeunes et fanatiques qui, physiquement comme psychiquement, seraient parfaitement capables de récidiver, même après trente ans de prison.
– Avec le terrorisme, enfin, le mot victime s’accorde toujours au pluriel.
Hors l’argument moral, le débat sur la peine de mort tourne autour de deux questions : la dissuasion et la récidive.
S’il est entendu que la peine de mort ne dissuadera jamais un terroriste kamikaze de commettre son forfait, a contrario la prison peut encourager ses complices à commettre d’autres attentats pour obtenir sa libération.
Ce n’est pas une idée en l’air, c’est une réalité.
Exemple : le 13 octobre 1977, le vol Lufthansa 181 fut détourné sur Mogadiscio (Somalie) dans le but d’obtenir la libération des terroristes de la bande à Baader emprisonnés.
Ensuite, ineffective sur ceux qui vont effectivement appuyer sur la détente, une peine de mort qui viserait aussi les comparses chargés des tâches mineures sans doute en ferait réfléchir plus d’un.
Enfin, la peine de mort élargie aux complices peut être aussi un formidable outil de chantage à la disposition des enquêteurs de police pour contraindre les suspects en garde à vue à « balancer » les membres de leur organisation.
Voilà qui mérite tout de même réflexion.
Parlons maintenant de la récidive.
Un abolitionniste honnête doit aborder le sujet de la peine capitale en s’imaginant qu’un jour, après avoir purgé sa peine, un terroriste sortira libre de prison, prêt à recommencer.
S’exonérer de cette réflexion au prétexte qu’une peine de trente ans, c’est déjà long et que bien des choses peuvent arriver entre-temps, serait une faute grave.
Or, avec le terrorisme, la récidive prend une nouvelle tournure : on parle désormais de la vie d’un homme qu’il faut mettre en balance non pas avec celle de sa future proie mais avec celles d’une centaine de victimes potentielles.
Là aussi, cela mérite réflexion.
Chacun comprendra que, face aux terroristes, l’État doit s’employer d’une manière ou d’une autre à les empêcher de nuire définitivement.
La perpétuité assortie d’une période de sûreté illimitée (trois condamnés en 2015), empêchant tout aménagement de peine, prévue par la loi Méhaignerie du 1er février 1994, pose le problème de l’évasion.
Quant à la peine capitale, elle est désormais inconstitutionnelle en France et en Europe.
Les récentes affaires nous laissent penser que les pouvoirs publics ont trouvé la solution : abattre les terroristes dans le feu de l’action.
Est-ce la bonne réponse ?
Ou bien plutôt la pire, celle qui ne satisfait ni l’argument moral ni celui de l’efficacité ?
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