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mercredi 22 juillet 2015

Encore un moment, monsieur le bourreau


                                                    


Le 22/07/2015
C’est vertigineux ! Le Foll est ministre de l’Agriculture depuis 3 ans et il a besoin d’un rapport pour prendre connaissance des difficultés de l’agriculture française et venir en discuter avec les intéressés.



Une profanation de cimetière juif ou musulman par ici, une tentative d’attentat par là, une kalachnikoverie marseillaise ailleurs, et hop, illico, mécaniquement, nos gouvernants sautent dans un train ou un avion pour être sur la photo.
« On vient apporter notre soutien aux victimes/aux forces de l’ordre/aux Français »(rayer les mentions inutiles)…
On essuie une larme axe caméra – c’est bon, ça, coco, une larme, l’électeur s’en souviendra – et, aussi sec, on repart vers Paris attendre une nouvelle dépêche AFP qui nous propulsera d’un même mouvement dans un autre coin de notre belle France et à la une des gazettes locales et nationales.


Ça, c’était avant !
 C’était le bon temps où on ne risquait pas de prendre une baffe, où l’on n’avait, face à soi, que des gens bouleversés par le chagrin, par la surprise, par la douleur, des gens qui ne pensaient pas à la communication politique.
Puis Stéphane Le Foll est apparu, tout raide, tout « Franck-Provostisé », le front barré de ces rides profondes que ravine le sentiment de faire de grandes choses et d’être indispensable.
Face à lui, depuis quarante-huit heures, une armée d’agriculteurs en colère.
 On les roule dans la farine depuis des semaines, alors ils se rappellent au bon souvenir de l’État : « On veut voir le ministre ! » clament-ils, perchés sur leurs tracteurs en assiégeant Caen et en bloquant l’accès au mont Saint-Michel.
Et le ministre, il ne veut pas quitter les lambris de la rue de Varenne.
Voilà deux jours que les agriculteurs appellent au secours et lui leur fait savoir qu’il attend un rapport et qu’il ne se déplacera que lorsqu’il l’aura lu.
La colère monte d’un cran.
En désespoir de cause, sans doute assailli de commentaires aigres-doux, il s’est fait remonter les bretelles par Matignon, et peut-être par l’Élysée, et a finalement décidé d’y aller, comme on va à Canossa.
C’est vertigineux !


 Le Foll est ministre de l’Agriculture depuis 3 ans et il a besoin d’un rapport pour prendre connaissance des difficultés de l’agriculture française et venir en discuter avec les intéressés.


Qu’est-ce qu’il fabrique toute la journée, dans son bureau lambrissé, pour en arriver à un tel point d’incurie ?


On ne sait plus s’il faut s’indigner de la frénésie de déplacements télévisuels de certains ou, par contraste, de l’immobilisme de Stéphane Le Foll.
Vous voulez mon avis ?
 Je crois qu’il a eu la trouille.
Un paysan en colère, ça a tôt fait de vous défriser la mise en plis, de vous mettre cul nu et de vous faire subir de grosses avanies.


 Alors, notre vaillant ministre a tergiversé, tortillé du derrière, reculé l’instant, style « Encore un moment, monsieur le bourreau ».


 Pas de doute : il y a de la Du Barry dans ce Le Foll.


 On n’attend plus que Fouquier-Tinville.

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