Les politiques, relayés par la presse nationale, ont lâché les chiens face à l'humoriste Dieudonné.
Depuis deux semaines, pas un jour ne se passe sans qu'un article ne paraisse dans tous les quotidiens pour dénoncer l'humoriste, en faisant une priorité nationale face au chômage, à la mondialisation, à l'insécurité...
Alors que tout le monde en va de son petit commentaire - donc, moi aussi - je souhaiterais développer un point de vue un peu différent sur les choses.
Car dans cette "affaire Dieudonné" je pense que les questions qui sont posées ne sont pas les bonnes.
Ici, un homme est accusé d'antisémitisme, de racisme, désormais je vois de blanchiment d'argent et de fraude fiscale.
Que les choses soient claires : il y a dans cette affaire deux France qui s'opposent.
La première considère que Dieudonné est un humoriste qui se cache derrière l'humour pour développer sa haine des juifs.
La seconde considère que ses propos ne sont que de l'humour très provocateur visant à faire rire et pour parler crument, à emmerder le "lobby sioniste".
Ces deux France sont, sur ce sujet, irréconciliables.
Les avis sont si tranchés qu'entre partisans et opposants à Dieudonné, le débat est difficile et les concessions impossibles.
Qu'il me soit ici permis de ne me classer dans aucune catégorie, je ne suis ni partisan ni opposant.
Ainsi je ne suis pas là pour tenter de répondre à la question : "Dieudonné est-il antisémite ?".
Car je ne sais pas si Dieudonné est antisémite ou non, et personne hormis lui n'est capable de répondre à cette question.
Lui seul détient la réponse à cette question, nous ne pouvons que supposer.
Il sera donc toujours possible d'extraire une phrase, un propos, dans un sens comme dans l'autre, pour répondre à cette question.
Les partisans vous diront : "il a dit ça." et les opposants diront : "oui, mais il a aussi dit ça !".
Je le répète : ici, là n'est pas la question.
Laissons à la justice le soin de répondre à cette question de la meilleure manière qu'elle le pourra.
Car la justice ne détient pas non plus la vérité universelle, elle peut se tromper, dans un sens comme dans l'autre.
La justice, c'est ce principe dont je souhaite justement vous parler aujourd'hui.
Que Dieudonné aille devant les tribunaux pour ses propos est critiquable, mais néanmoins compréhensible.
Je comprends que Dieudonné puisse être convoqué devant des tribunaux pour les propos qu'il tient.
En effet, les paroles qu'il profère, mêmes prononcées sur le ton de l'humour, peuvent choquer :
« Quand je l'entends parler, Patrick Cohen, je me dis, tu vois, les chambres à gaz... Dommage »
« Moi, niveau président, je me suis arrêté à Pétain, je l'aimais bien, au moins il voyait où ça foire »Ici ce n'est pas à moi, simple citoyen, de trancher si oui ou non, Dieudonné est antisémite.
C'est à la justice de le faire.
Interrogez vos amis, certains vous diront que c'est de l'humour, d'autres non.
A chacun son avis et c'est très bien comme ça.
Car les gens qui pensent que Dieudonné est réellement antisémite le font de manière honnête, ceux qui le défendent le font également de manière honnête.
Et mon propos n'est pas de dire : tel groupe a raison, ou tel groupe a tort.
Je pense qu'il faut s'extraire du cas Dieudonné qui déchaîne trop les passions.
Dans cette histoire, je vois ici une question de justice qui mérite tout notre attention.
Car "l'affaire Dieudonné" est révélateur d'un monde à deux vitesses, où l'on s'acharne sur certains tandis que d'autres restent impunis.
Si les propos de Dieudonné sont condamnables, il n'est pas le seul à dépasser les limites.
Il est impératif de vous poser deux autres questions :
Dieudonné est-il le seul à prononcer des paroles ambiguës ?
Est-il acceptable que Dieudonné soit le seul à passer dans les tribunaux pour des petites phrases ?
- Car, si l'on doit envoyer Dieudonné devant les tribunaux parce qu'on le suspecte d'être raciste, alors qu'on y envoie Manuel Valls pour sa petite phrase :
"Belle image de la ville d'Evry... Tu me mets quelques whites, quelques blancos..."
Que penser d'une justice qui convoque Dieudonné alors qu'elle laisse Manuel Valls hors de soupçons ?
Les exemples dans notre société sont nombreux et multiples où les petites phrases ambiguës fusent, et où les auteurs n'en sont jamais inquiétés. Valls n'a jamais eu à s'excuser pour de telles paroles.
- Que dire de Pascal Bernheim qui traite Dieudonné de "nègre" sans être inquiété ? Où sont les associations anti-racistes ?
- Que dire des femens qui exécutent le salut nazi ? Provocation ou racisme ?
- Que dire encore de Manuel Valls, désormais ministre de la république française, qui a déclaré être éternellement lié à l'état d'Israël ?
Tous les faits que j'ai listés, je les trouve graves et ils méritent tout autant que Dieudonné de passer devant la justice.
Oui ! Que Dieudonné aille devant les tribunaux pour s'expliquer pour ses paroles.
Mais dans ce cas, que Manuel Valls soit également jugé ! Que Pascal Berheim soit jugé ! Que les Femens qui réalisent le salut nazi soient jugées !
Justice pour tout le monde, ou justice pour personne.
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