Le 13 décembre 2013
Christian Vanneste
Christian Vanneste
Fort du succès malien, le Président espère redorer son blason au soleil africain. Les Français ne sont pas favorables à cette intervention.
C’est devant deux cercueils que notre chef de l’État s’est recueilli en s’arrêtant à Bangui.
Les « Guignols » n’ont pas craint de confondre humour et ignoble en plaisantant sur le prénom des soldats morts pour la France.
« Dommage qu’il n’y en ait pas un qui s’appelle Nelson. Il y avait une gerbe en trop. »
Comment peut-on à ce point mépriser la douleur des parents même si on est depuis longtemps incapable de respecter ceux qui accomplissent leur devoir en sacrifiant leur vie ?
Mais on touche là encore l’insupportable fracture entre les deux mondes : celui où des jeunes d’origine modeste trouvent par passion ou par nécessité dans le métier des armes le moyen d’entrer dans la vie active et le monde faisandé et manipulateur qui, à l’abri, affiche son cynisme.
L’intervention en République centrafricaine est de part en part la conséquence de cette fracture.
Depuis l’indépendance, nos dirigeants n’ont pas hésité à s’acoquiner avec ceux qui exerçaient le pouvoir local dans des États sous-développés, sous-administrés par des administrations souvent corrompues, mal défendus par des armées de rapines et de coups d’État.
Nous avions formé les unes et les autres et soutenu, jusqu’au moment où ce n’était vraiment plus possible, des despotes à la fois terribles et grotesques comme Mobutu ou Bokassa qui fut « empereur » de Centrafrique !
Dans ce pays, les présidents se succèdent au rythme de coups d’État soutenus par des troupes étrangères.
Après Patassé et les Libyens puis les Ougandais, ce fut Bozizé et les Tchadiens.
Malgré sa « réélection », avec 64 % des voix en 2011, ce spécialiste de la répression des émeutes et des mutineries fut balayé à son tour par la Séléka, une armée composite de musulmans du Nord, de Tchadiens et de Soudanais qui installa Djotodia au pouvoir.
Cette fois, un régime sans autorité servait de couverture à une occupation étrangère musulmane dans un pays très majoritairement chrétien, et les occupants se livraient aux pires exactions sur une population qui commençait à résister de la manière la plus violente.
C’est donc pour « éviter le carnage » que la France est intervenue et que deux de ses soldats, déjà, sont morts.
Mais comment ne pas s’interroger sur la lourde responsabilité des dirigeants français, et singulièrement de celui qui voulait tourner la page de la Françafrique et qui s’y englue sans cesse davantage ?
Dans quel jeu compliqué notre Président s’est-il lancé ?
Une fois encore, la France est seule avec une armée réduite au rôle de variable d’ajustement budgétaire.
Nos principaux alliés au Mali sont les Tchadiens musulmans très présents dans la Séléka de Centrafrique.
On peut se demander si le type d’intervention et le degré d’exposition des soldats ne sont pas liés aux jeux politiques ambigus et complexes de la terre africaine.
Enfin, le passage de François Hollande à Bangui, annoncé contre toute prudence, et qui a perturbé les opérations militaires, montre à l’évidence que, fort du succès malien, le Président espère redorer son blason au soleil africain.
Les Français ne sont pas favorables à cette intervention.
Tout nouveau mort dans nos rangs augmentera la fracture entre ceux qui jouent avec le pouvoir et ceux qui en subissent les effets.
Les « Guignols » n’ont pas craint de confondre humour et ignoble en plaisantant sur le prénom des soldats morts pour la France.
« Dommage qu’il n’y en ait pas un qui s’appelle Nelson. Il y avait une gerbe en trop. »
Comment peut-on à ce point mépriser la douleur des parents même si on est depuis longtemps incapable de respecter ceux qui accomplissent leur devoir en sacrifiant leur vie ?
Mais on touche là encore l’insupportable fracture entre les deux mondes : celui où des jeunes d’origine modeste trouvent par passion ou par nécessité dans le métier des armes le moyen d’entrer dans la vie active et le monde faisandé et manipulateur qui, à l’abri, affiche son cynisme.
L’intervention en République centrafricaine est de part en part la conséquence de cette fracture.
Depuis l’indépendance, nos dirigeants n’ont pas hésité à s’acoquiner avec ceux qui exerçaient le pouvoir local dans des États sous-développés, sous-administrés par des administrations souvent corrompues, mal défendus par des armées de rapines et de coups d’État.
Nous avions formé les unes et les autres et soutenu, jusqu’au moment où ce n’était vraiment plus possible, des despotes à la fois terribles et grotesques comme Mobutu ou Bokassa qui fut « empereur » de Centrafrique !
Dans ce pays, les présidents se succèdent au rythme de coups d’État soutenus par des troupes étrangères.
Après Patassé et les Libyens puis les Ougandais, ce fut Bozizé et les Tchadiens.
Malgré sa « réélection », avec 64 % des voix en 2011, ce spécialiste de la répression des émeutes et des mutineries fut balayé à son tour par la Séléka, une armée composite de musulmans du Nord, de Tchadiens et de Soudanais qui installa Djotodia au pouvoir.
Cette fois, un régime sans autorité servait de couverture à une occupation étrangère musulmane dans un pays très majoritairement chrétien, et les occupants se livraient aux pires exactions sur une population qui commençait à résister de la manière la plus violente.
C’est donc pour « éviter le carnage » que la France est intervenue et que deux de ses soldats, déjà, sont morts.
Mais comment ne pas s’interroger sur la lourde responsabilité des dirigeants français, et singulièrement de celui qui voulait tourner la page de la Françafrique et qui s’y englue sans cesse davantage ?
Dans quel jeu compliqué notre Président s’est-il lancé ?
Une fois encore, la France est seule avec une armée réduite au rôle de variable d’ajustement budgétaire.
Nos principaux alliés au Mali sont les Tchadiens musulmans très présents dans la Séléka de Centrafrique.
On peut se demander si le type d’intervention et le degré d’exposition des soldats ne sont pas liés aux jeux politiques ambigus et complexes de la terre africaine.
Enfin, le passage de François Hollande à Bangui, annoncé contre toute prudence, et qui a perturbé les opérations militaires, montre à l’évidence que, fort du succès malien, le Président espère redorer son blason au soleil africain.
Les Français ne sont pas favorables à cette intervention.
Tout nouveau mort dans nos rangs augmentera la fracture entre ceux qui jouent avec le pouvoir et ceux qui en subissent les effets.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Ici, les commentaires sont libres.
Libres ne veut pas dire insultants, injurieux, diffamatoires.
À chacun de s’appliquer cette règle qui fera la richesse et l’intérêt de nos débats.
Les commentaires injurieux seront supprimés par le modérateur.
Merci d’avance.