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dimanche 15 décembre 2013

Quadrature du Net : souriez, vous êtes surveillés


Le 14 décembre 2013



Si une administration vous soupçonne, elle pourra vous surveiller. Partout, tout le temps. Sans avoir de comptes à rendre.
 Le 10 décembre 2013 pourrait bien devenir une date historique qui marquera un recul de nos libertés individuelles par une « démocratie » qui se révèle, chaque jour, toujours plus dictatoriale.
Alors que le monde entier semble suspendu à l’hommage rendu à Nelson Mandela, présenté comme une icône de la liberté, le Parlement a adopté – dans une quasi-indifférence des médias – la fameuse loi de programmation militaire qui valide l’assassinat de nos libertés en France.
Vous avez aimé le Patriot Act ? Vous avez apprécié PRISM ? Vous allez pouvoir désormais goûter aux joies de l’article 13 d’une loi qui valide la surveillance généralisée et le flicage en règle des citoyens.


 L’État pourrait donc maintenant accéder directement aux données personnelles détenues par les opérateurs de communications électroniques, les fournisseurs d’accès, les hébergeurs de sites Web et les plates-formes de réseaux sociaux.
Plus besoin de passer par un juge.
 N’importe quel fonctionnaire de l’Intérieur ou de la Défense – pour peu qu’il soit accrédité – pourra ainsi avoir accès facilement à toutes ces données.
 Selon le think tank Renaissance numérique, si « une administration vous soupçonne, elle pourra vous surveiller. Partout, tout le temps. Sans avoir de comptes à rendre. »

Jérémie Zimmerman de La Quadrature du Net parle de « Fukushima des données personnelles » tandis que Gilles Babinet, responsable du numérique pour la France auprès de la Commission européenne, va jusqu’à évoquer la mise en place d’une « dictature numérique ».
L’adoption de cette loi tombe pourtant peu après la polémique mondiale autour de l’espionnage massif provoquée par l’affaire Snowden.
 On comprend d’ailleurs mieux aujourd’hui pourquoi la France a refusé d’accorder l’asile politique à l’ancien consultant de la NSA.

Finalement, le plus inquiétant demeure l’absence de véritable mobilisation des citoyens français face à la mise en place d’une loi complètement liberticide.
 Certes, certaines associations ont tenté d’alerter l’opinion.
Mais peu de relais dans les médias, aucune manifestation qui aurait pu mettre en avant le slogan « Touche pas à mon Net ».
Pourtant, ces dernières semaines, des collectifs défendant certains intérêts se sont mobilisés partout en France.
 L’on pense aux « Pigeons », aux « Moutons », aux « Cigognes » et autres « Sacrifiés ».
 L’on pense aussi aux fameux « Bonnets rouges » qui ont fait des émules avec l’apparition de coiffes aux coloris les plus variés.

Mais pour défendre leurs libertés individuelles, pour marquer clairement leur refus d’être espionnés par l’État, les Français n’ont pas bougé.
 Quelle couleur de bonnet fallait-il porter ? Quel type de borne fallait-il incendier pour faire reculer le gouvernement ?
Des milliers de citoyens prêts à se mobiliser pour marquer un ras-le-bol fiscal.
 Mais personne pour exprimer le ras-le-bol que devrait susciter la mise en place du flicage !
La dictature douce s’installe lentement mais sûrement dans une société où les hommes et les objets sont de plus en plus interconnectés entre eux.

La Quadrature du Net a appelé solennellement les parlementaires à déposer une saisine du Conseil constitutionnel pour que ce dernier se prononce sur la conformité de cette loi à la Constitution.
 Mais n’est-il pas déjà trop tard ?
 On aura beau dire que l’ouvrage 1984 n’était pas censé être un mode d’emploi.
 Mais, à défaut d’être tondus comme des moutons, les Français semblent être prêts à être traqués sans savoir dire non.
Alors, la saisine du Conseil constitutionnel est-elle tout de même envisageable ? Interpeller les parlementaires nous permettrait déjà de savoir qui, aujourd’hui, est vraiment du côté de la défense de nos libertés fondamentales.

L’Internet a longtemps été considéré comme le dernier espace de liberté face à l’hyperclasse politico-médiatique.
 Nous assistons aujourd’hui à une tentative de reprise en main du Système pour tenter de contrôler les hommes et les idées.

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