Les citoyens d’origine nord-africaine se plaignent d’être trop souvent contrôlés par la police nationale. Seraient-ils victimes d’un « délit de sale gueule » ? Non pas, ils ont le malheur d’appartenir à une population à « risques ». « Minute » vous le prouve, chiffres à l’appui, tirés du fichier des personnes recherchées par la police nationale.
Le 3 juillet, au tribunal de grande instance de Paris, se tenait une audience inédite. Treize citoyens, des Noirs et des Arabes, attaquaient l’Etat et le ministère de l’Intérieur pour discrimination lors des contrôles d’identité.
Les plaignants estiment que, à cause de leur profil ethnique, ils sont trop souvent la cible privilégiée des contrôles policiers. Ils se disent victimes du délit de faciès, le « délit de sale gueule ».
A l’appui, ils ont fourni une étude du CNRS (le Centre national de la recherche scientifique), selon laquelle les citoyens d’origine nord-africaine et subsaharienne risquaient respectivement 7,8 et 6 fois plus de se faire contrôler qu’un « individu de type européen ».
En attendant le jugement, qui sera rendu le 2 octobre, il serait bon de se poser la vraie question : pourquoi ces citoyens sont-ils, plus souvent que les autres, invités à montrer leurs papiers d’identité ?
Tout bêtement parce que la police, pour résoudre ses enquêtes, cherche en priorité là où elle a les meilleures chances de trouver.
Tous les pêcheurs vous le diront : on n’envoie jamais l’hameçon dans une pièce d’eau où ça ne mord pas…
Quand le prince du conte de fée cherchait à qui appartenait la pantoufle de Cendrillon, il n’a convoqué aucun cul-de-jatte à la séance d’essayage !
Si certains citoyens sont plus contrôlés que d’autres, c’est que, malheureusement pour eux, ils appartiennent à une population à « risques ».
Il suffit de consulter les avis de recherche de la police nationale pour s’en convaincre.
Sur 85 fiches, 45 concernent des Nord-Africains
Ce fichier, public sur un site gouvernemental (1), recense les personnes recherchées pour crimes de sang, crimes sexuels, évasion et tous autres crimes ou délits aggravés. A ce jour, il compte 85 fiches [Note de Novopress : la copie d'écran que nous publions en Une a été prise par nous le 13 juillet à 23h, il n'y avait plus que 83 fiches. Minute est par contre paru le 10 juillet.] , toutes accompagnées d’une note importante, car à l’évidence ces individus ne sont pas des enfants de chœur :« Cette personne est dangereuse et susceptible d’être armée. Ne tentez en aucune façon de l’interpeller vous-même. Contacter le service de police ou de gendarmerie le plus proche. »
Mais qui sont-ils ? Le premier s’appelle Karim Aderfi Ouali, un « homme de type maghrébin, né en 1976, 1m79, corpulence normale, yeux marron-noirs, cheveux bruns, grain de beauté sur la pommette gauche ». Il est recherché pour « des faits d’homicide volontaire commis à Saint-Louis (68) en avril 2011 ».
Oh !, la mauvaise foi, diront certains, « Minute » a pioché la fiche d’un Maghrébin. Pourtant, Karim Aderfi Ouali n’est pas une exception. Loin s’en faut.
Sur les 85 fiches de recherche publiées, 32 mentionnent une caractéristique physique qui permet de connaître l’origine des individus recherchés : dix-sept sont « de type nord-africain », deux « de type maghrébin » – c’est la même chose –, un « de type méditerranéen ».
On compte également trois Africains, deux Levantins, un Caucasien, un Asiatique, un Antillais. Et quatre Européens, dont l’identité n’est pas connue.
Sur les 53 autres avis de recherche ne figure aucune caractéristique ethnique. Cependant, les photos, les noms et les prénoms donnent une précieuse indication.
Pour s’amuser – car on peut s’instruire en s’amusant –, « Minute » a classé les 53 prénoms figurant sur ces fiches. Huit fleurent bon les pays de l’Est et les Balkans : Dragan, Piotr, Edin, Besnik, Anatoli, Muhamed, Zamir et Muaner. On trouve quatre Latino-Américains : Ernesto, Manolo, Mauro et une dame, la seule du palmarès, une certaine Olga Patricia Cancino Perez, recherchée pour trafic de drogue.
On note également trois Asiatiques (Yong, Yun, Zhong), un Africain (Wangash), deux Anglo-Saxons, John William et Cornelis.
Mais le gros de la troupe est fourni par un bataillon de prénoms, courants en Afrique du Nord. Il y en a vingt-cinq au total : Djaffar, Haissam, Jalouli, Slimane, Souleyman, Hamid, Mohand, Kad da, Mounir, Reda, Fathi, Karim, Samy, Mondher, Nourredine, Seddik, Abdelhakim, ainsi que trois Mohamed, trois Farid et deux Ali.
Au final, sur cette liste de 53 prénoms répertoriés, il n’en reste que neuf à figurer sur le calendrier des postes : Julien, Marc, Michel, Thierry, Raphael, Georges, Emmanuel, Dominique, Tristan. Plus un prénom tiré de l’Ancien Testament : Salomon.
A partir de ces observations, il n’est pas difficile d’en tirer une statistique.
Sur les 85 personnes qui font l’objet d’une fiche de police, on ne compte, au maximum, que quatorze individus (les dix dont le prénom fait référence, plus éventuellement les quatre Européens non identifiés) représentant les « Français de souche ».
Soit seulement 16,47 % du panel. Cela revient à dire que 83,53 % de ces malfrats recherchés par la police n’ont pas pour ancêtres les Gaulois.
Ces chiffres sont irréfutables. Les associations antiracistes peuvent aller vérifier sur le site où sont diffusés les avis de recherche de la police nationale.
Pierre Tanger
1. http://www.avisderecherches.interieur.gouv.fr/. Copie d’écran en Une faite par Novopress le 13 juillet à 23h. Ce qui explique pourquoi le nombre de fiches est un peu différent par rapport à celui du moment où Pierre Tanger a écrit son article (83 fiches au lieu de 85).Article de l’hebdomadaire “Minute” du 10 juillet 2013 reproduit avec son aimable autorisation. Minute disponible en kiosque ou sur Internet.
à quoi bon s’offusquer, nos dirigeants leur viennent en aide par le pouvoir de leurs baguettes magiques.
RépondreSupprimerYves Thérésin