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samedi 4 janvier 2025

[Point de vue] Ukraine : désertions massives dans la brigade Anne de Kiev

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C’est vraiment pas de chance. La 155e brigade ukrainienne, baptisée « Anne de Kiev », devait représenter l’incarnation concrète de l’engagement de la France envers le régime de Volodymyr Zelensky.

 Emmanuel Macron, au mépris de tous les dangers, notamment celui d’être accusé de cobelligérance par la Russie, avait hébergé, le temps de la formation, sur un camp militaire français, 2.300 des 4.500 soldats qui devaient composer, à terme, cette brigade nouvellement créée. 

On allait voir ce qu’on allait voir. Avec un tel resserrement des liens, nul doute que la France et l’Ukraine, liées par un intérêt bien (ou mal) compris, mais aussi par la fraternité d’armes qui se crée tout naturellement entre militaires de différentes armées, allaient marquer des points dans la lutte contre le camp du mal.

50 soldats ont déserté dès la formation

Hélas, trois fois hélas, ça ne s’est pas exactement passé comme prévu. On apprend notamment, via L'Express, en ce début d’année 2025, que la brigade Anne de Kiev fait l’objet d’une enquête du pouvoir ukrainien. Cinquante de ses soldats ont déserté dès la phase de formation en France. 

1.700 autres l’ont fait avant même le début de la phase de déploiement. D’après les journalistes ukrainiens, et même d’après les officiels qui ont lancé l’enquête, ce n’est pas la formation dispensée par la France qui est en cause. On s’en serait douté, mais c’est tout de même important de le rappeler. Non, ce qui est « problématique », pour reprendre un mot à la mode, c’est que ladite brigade, qu’une audacieuse opération de communication avait binômée à la vie à la mort avec ses homologues français, n’a jamais été employée en tant que telle en Ukraine. Son organigramme a même été démembré dès son retour sur le sol ukrainien : les chefs ont été limogés et les soldats ventilés, sans esprit de cohérence (ou même de cohésion), dans certaines des zones les plus exposées. Aucune unité de la brigade n’a réellement servi sur le front : ce qu’il est resté, ce sont de pauvres hères, formés en France ou pas, dispersés individuellement comme autant de grains de sable, pour aller renforcer des unités battues par le feu ennemi.

Une enquête en cours

Ce n’était pas exactement ce qui était prévu. C’était même tellement imprévu que c’est France Info qui consacre un long article à l’effondrement éclair de cette brigade Potemkine… Quand le service public relaie ce genre d’informations, alors que radios et télévisions publiques ont passé les presque trois dernières années à relayer, au premier degré, tous les éléments de langage ukrainiens, c’est que ça sent vraiment le sapin. La porte-parole du bureau d’enquête de l’État, Tatyana Sapian, a déclaré à l’AFP que la structure qu’elle représentait étudiait « les faits présentés dans les médias dans le cadre de la procédure pénale engagée en vertu des articles » liés à l’abus de pouvoir et à la désertion.

Résumons-nous : ces derniers mois, nous avons accepté de nous prêter à un jeu de propagande qui nous dépassait complètement en formant une unité alliée. Nous avons laissé partir, de bonne foi et avec le sentiment du devoir accompli, la moitié d’une brigade de combat. Ces soldats ont été employés comme chair à canon, leur encadrement a été saqué pour une raison inconnue et, fort logiquement, ces combattants usés et désorientés ont déserté massivement. 

On espère que l’enquête permettra d’établir les faits et leurs causes. Ce qui est certain, c’est que nous sommes passés pour des imbéciles et que nous nous sommes laissés manipuler par le haut commandement ukrainien. 

Comme c’est généreux, la France…

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