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samedi 6 avril 2024

Quand Bruno Le Maire rêve d’indépendance… et de 2027 !



  

Marie Delarue 05 avril 2024

La rumeur devient persistante : la brouille s’est installée entre le président de la République et son ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Bruno Le Maire.

 Le Figaro rapporte l’énervement du chef de l’État; lors d’une réunion budgétaire, taclant son ministre : « Bruno, ça fait quand même sept ans que tu es là ! » (Coïncidence : Macron aussi, sept ans.) Ce jeudi, c’est Le Point qui titre : « Le patron de Bercy agace de plus en plus au sommet de l’État », à telle enseigne qu’Emmanuel Macron « ne le prend plus au téléphone ». C’est dire qu’on a dépassé le stade de la friture sur la ligne.

Maintenu en poste, lors du dernier remaniement, mais voyant Matignon lui passer sous le nez au profit de Gabriel Attal, Bruno Le Maire s’est fait coiffer sur le poteau par son ancien ministre délégué aux Comptes publics, la nouvelle coqueluche de la start-up nation. Il en aurait conçu quelque ressentiment… ressentiment qu’on sentait poindre dans son tweet de félicitations, plus paternaliste que protocolaire, au nouveau Premier ministre : « Félicitations, cher Gabriel Attal ! Je n’ai aucun doute sur l’engagement et la force que tu mettras au service des Françaises et des Français. Je suis heureux pour toi. Respect et amitié. » Le tout illustré d’une photo où il dominait le jeunot d’une tête pour mieux lui parler à l’oreille… Tout est symbole.

Un prétendant à 2027 ?

C’était le 9 janvier dernier. Trois mois plus tard, voilà le ministre de l’Économie et des Finances accusé de « sorties incontrôlées sur des pistes d’économies explosives et non arbitrées ». Auteur – sous la contrainte, laisse-t-il entendre – d’un budget « insincère », Le Maire court les médias pour crier au loup. Dans une tribune aux Échos, il met ainsi en garde : « Augmenter les impôts, ce serait stupide économiquement, contraire à notre intérêt national et injuste socialement dans un pays où 10 % des contribuables payent déjà les trois quarts des impôts sur le revenu. » D’où un recadrage en règle de Gabriel Attal, militant pour la taxation des rentes, quand Le Maire soutient mordicus qu’on n’augmentera pas la ponction fiscale des Français.

Le soudain désir d’indépendance de notre romancier national ne serait, au fond, que le premier volet de sa stratégie pour 2027. Il y pense tous les matins en se rasant et « pilonne les Républicains dans le but de déclencher une motion de censure, ce qui lui permettrait de sortir sans avoir à démissionner et tout en ayant averti en amont sur la situation financière », dit au Point l’un des conseillers de l’Élysée.

Un auteur plus prolifique que nos finances publiques

La déconfiture financière, c’est le projet macronien, pas le sien. Il n’a fait qu’obéir, voilà son credo. Du reste, il était occupé ailleurs : en moins de vingt ans, notre ministre a publié une quinzaine d’ouvrages, dont certains sans doute destinés à nous alerter, comme Jours de pouvoir (Gallimard, 2013), Des hommes d’État (Grasset, 2018) ou encore Ne vous résignez pas (Albin Michel, 2016). De passage dans l'émission de France 5 C à vous, il y a un an, il confiait : « Chacun a ses lignes de fuite, chacun a besoin d’avoir autre chose que sa vie professionnelle. Pour certains, ce sera le jardinage, pour d’autres la cuisine, le sport... Moi, c’est l’écriture. »

Les mauvaises langues feront remarquer qu’écrire un livre prend un peu plus de temps qu’un passage à la salle de boxe comme Sylvester Macron… Et puis « BLM pèse 4,15 millions d’euros de chiffre d’affaires éditeur », nous dit la presse spécialisée. Ça motive. Ça peut même permettre de se faire un petit pécule, histoire d’envisager une campagne présidentielle…

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