Le ronronnement des causeries animées par Bruce Toussaint sur BFM TV était parvenu jusqu'aux oreilles des dirigeants de TF1.
Vedette d'une chaîne d'info en perte de vitesse, dynamisme d'édredon, l'homme présentait le profil idéal pour rendormir les téléspectateurs venus jeter un œil sur la nouvelle matinale.
"Bonjour !" Le titre de l'émission affublé d'un point d'exclamation marquait la tentative de sortir l'animateur de sa torpeur légendaire. Rien à faire. Sa bien-pensance, sa bonhomie toute de macronisme auréolée étaient à contre-courant de la sensibilité populaire.
Au premier jour, 512.000 tombés du lit vinrent examiner ce « Télématin» repeint aux couleurs du progressisme. Leur retour à la version originale en place sur France 2 depuis 1985 fut massif dès le deuxième numéro. Une lente dégringolade s'amorçait alors. 235.000 en fin de semaine dernière. Joyeuse comme en un jour de Toussaint, la direction s'en allait examiner les chiffres communiqués par Médiamétrie. Waterloo lundi, Bérézina mardi. Les noms de champs de bataille évocateurs de défaites cuisantes venaient à manquer. Quinquennat Macron ? Hollande ?
Pas gentil avec les méchants de droite et tout miel avec les gentils de gauche
Esprit d'entreprise oblige, toute personne surprise à lancer un bonjour enjoué dans les couloirs de la chaîne est désormais évincée du comité d'entreprise. La multitude de chroniqueurs pimpants n'a pas réussi à surpasser la sobriété du « Télématin » concurrent. L'image d'un animateur pas gentil avec les méchants de droite et tout miel avec les gentils de gauche a plombé l'ambiance. Le réveil en fanfare promis n'est qu'un dur retour à la tristesse du temps. Semblant ployer sous la masse de conformisme dont il se fait l'avocat, Bruce Toussaint fait immanquablement penser à ces ténors du barreau contraints de défendre l'innommable. Son lyrisme réduit à quelques paroles dénuées de la moindre trace d'enthousiasme achèvent le tableau. Le choix entre se recoucher ou filer vers d'autres cieux télévisuels est le dilemme qui déchire les foyers.
Cyril Hanouna a brillamment illustré le naufrage de l'émission. La parodie de « Bonjour ! » devenue « Au revoir ! » par la faiblesse de ses audiences était très drôle. Le bateleur de C8 prétend avoir prédit publiquement l'échec du projet. Le renversement de tendance constaté de toutes parts réduit le mérite du prophète.
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