C’est Christine Kelly, il y a trois jours, qui a osé, sur Twitter, aborder le sujet : « Violait-on nos personnes âgées, il y a encore dix ans, en France ? »
Violée à 83 ans dans le 93.
— Christine KELLY (@christine_kelly) May 17, 2023
Violait-on nos personnes âgées il y a encore 10 ans en France? https://t.co/KMjpOf7Keg
La célèbre journaliste de CNews réagissait au viol d’une femme de 83 ans, handicapée physique et mentale, à La Courneuve (93). Les faits se sont passés le 3 mai dernier à son domicile, où elle vit seule depuis le décès de sa mère, selon des informations du journaliste Amaury Bucco, du service police/justice de CNews. Ses agresseurs - deux Algériens âgés de 29 et 38 ans, en situation irrégulière, dont l’un déjà sous OQTF - avaient squatté un pavillon voisin. En plus d’être violée, la pauvre femme a été frappée au visage et cambriolée.
Combien d’actes de ce type en France, chaque année ? Impossible à dire. Les chiffres consultables de l’INSEE sur les viols ne fournissent pas de données spécifiques pour cette classe d’âge. Et les observatoires des violences faites aux femmes ne communiquent généralement que sur les violences conjugales. Mais les Français qui s’intéressent à l’actualité voient passer trop souvent ces faits divers sordides dans les médias pour ne pas comprendre qu’additionnés, il finissent par constituer un fait de société.
Un bref aperçu, ces derniers mois, de la presse régionale, sans prétendre être exhaustif, est déjà édifiant.
Le 16 mai à Quimper, soit une dizaine de jours après La Courneuve, une autre octogénaire qui rentrait chez elle a été victime d’une tentative de viol par un homme de 24 ans déjà connu des services de police. On n’en sait pas plus sur l’identité de ce dernier.
Le 11 mars, à Clichy-la-Garenne, dans les Hauts-de-Seine, une femme de 96 ans a été violée, frappée et cambriolée par un voisin de nationalité française connu des services de police.
En novembre dernier, à Toulouse, une autre nonagénaire a fait l’objet d’une tentative de viol.
Son agresseur, dont on ne connaît que l’âge - une trentaine d’années - s’était introduit chez elle. C’est l’infirmière à domicile qui a surpris l’agresseur et pris en charge la victime sous le choc.En octobre, à Alès, une femme de 83 ans atteinte de la maladie d’Alzheimer a été violée dans l’unité psychiatrique de l’hôpital par un homme de 23 ans, lui aussi hospitalisé.
Toujours en octobre, à Lorient, une résidente d’EHPAD a été violée par un aide-soignant de 52 ans.
En juillet, une autre octogénaire a été violée par un rôdeur rentré chez elle par effraction.
Encore en juillet, deux patientes Alzheimer septuagénaires ont été violées tour à tour dans un hôpital de Nanterre par un SDF congolais de 27 ans.
On continue ?
Dans une enquête récente intitulée « Violences sexuelles : en EHPAD, les femmes vulnérables sont des proies », Médiapart affirme qu’« en France, des dizaines de résidentes ont été agressées ou violées au sein des maisons de retraite ». Aucunes données précises, là non plus, mais le média en ligne cite le ministre des Solidarités selon lequel les chiffres seraient « monstrueux ». Mais le silence général sur ce sujet n'est-il pas aussi monstrueux ?
Y a-t-il plus flagrant signe de décivilisation que celui-là ? le viol de nos mères et grands-grands-mères… dans l’indifférence, ou presque. Parmi tous les déclassements qui frappent notre pays, il y a le déclassement moral. Et c’est peut-être le plus grand, celui qui sous-tend tous les autres.
Le mouvement MeToo ne s’est jamais saisi de cette question. Le grand âge vous enlève-t-il votre qualité de femme ? À moins que ces viols - qui ne s’inscrivent pas dans le « bon » cadre idéologique, celui qui permet de taper sur la tête d’un patriarcat intrafamilial ou en col blanc - ne soient pas jugés politiquement intéressants ? Et pourtant… them too !
Inutile, non plus, du côté de gouvernement, d’espérer « quelque chose », ne serait-ce qu’une réaction indignée, comme celle de David Lisnard quand une nonagénaire, à Cannes, avait été renversée dans la rue par une bande de voyous. Ce scandale-ci sera traité comme tous les autres, pas le coup du mépris : la meilleure façon de faire disparaître un problème est de ne pas en parler. Celui-ci n’est qu’une conséquence de plus d’une impéritie générale, notamment judiciaire - tous ces individus, ou presque, étaient connus des services de police - et migratoire : tous les mis en cause pour viol, bien sûr, ne sont pas étrangers, loin s'en faut, mais ceux-ci sont surreprésentés (20 % des viols sur majeurs pour 7 % d’étrangers en France, selon une étude de l’INSEE de décembre 2021, soit quasiment un rapport de un à trois).
Faut-il être concret ? Si 100 % des OQTF avaient été
respectées, comme l’avait promis Emmanuel Macron en 2019, l’octogénaire
de La Courneuve n’aurait pas vécu son terrible supplice.
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