« La plupart des antivax sont des perdants….on ne peut pas avoir trop de perdants dans une société » (Antoine Boulay, France Info, 17 août 2021 ).
Cette phrase assassine, pleine d’une morgue toute technocratique à l’encontre des opposants au vaccin contre le Covid, a été prononcée par un ancien conseiller du ministre Stéphane Le Foll. Il faut préciser, pour ceux que cela étonnerait, que ce monsieur a également dirigé un cabinet de conseil en communication, au nom porteur d’ambitions aussi louables que nobles : « Bien commun Advisory ».
Ce n’est pas nouveau malheureusement : pourvu que vous soyez du « bon bord politique », vous avez carte blanche pour dénigrer, insulter, mépriser ceux qui ne partagent pas vos idées. Et ce, même, et peut-être surtout, si vous dirigez un cabinet de conseil en communication et que appartenez à l’élite de la gauche bien-pensante, progressiste et friquée.
Nous avions eu droit aux « sans-dents » de François Hollande, nous avons eu les citoyens « en perte de repères » d’Emmanuel Macron, les « égoïstes » de Michel Cymès : voici maintenant les « perdants » d’Antoine Boulay. Ainsi a-t-il déclaré sur France Info le 17 août : « La plupart des anti-vax sont des perdants, des personnes parmi les départements les plus défavorisés (…) On ne peut pas avoir trop de perdants dans une société, il faut une société plus égalitaire (…) Les gens cultivés sont une minorité dans ce mouvement. Les Fake News touchent les moins diplômés à l’évidence. »
Au-delà de l’amalgame indigne entre la pauvreté, l’ignorance et l’échec, dans une phrase qui résonne comme une accusation méprisante, que répondre à ce « conseiller en communication » (qui a depuis supprimé son compte Twitter face à l’avalanche de réactions outrées) ?
Que certes ce mouvement est populaire, mais que d’une façon inédite, il rassemble des franges sociales très mélangées, des classes intellectuelles supérieures aux artisans, aux entrepreneurs, aux retraités, aux familles. Mais ce qui ne semble pas soulever l’interrogation de M. Boulay, est également la présence conjointe des soignants et des pompiers dans ces manifestations : des personnes issues du terrain, au contact des malades ou des civils.
Donc des gens assez bien éduqués dans l’ensemble, qui, pour la plupart, ne sont pas hostiles au vaccin en tant que tel, mais s’interrogent selon le principe de précaution, principe éthique par excellence et refusent de se transformer en cobayes vivants.
Ce petit milieu politico-médiatique où les leviers de la finance, le show business, côtoient un libertarisme sociétal assez peu regardant sur les dérives en matière de mœurs, s’est attribué le rôle de donneur de leçon de morale face à ses adversaires. Il a pris l’habitude de lancer régulièrement des salves de haine à l’égard des gens plus modestes, des demandeurs d’emploi (« ils n’ont qu’à traverser la rue » d’Emmanuel Macron ), des familles défilant pour protéger l’institution du mariage et la filiation (« des fascistes en Loden » pour certains), et maintenant, des opposants au vaccin et au passe sanitaire : là encore, l’insulte est permise, et même encouragée.
Plus vous discréditez un groupe d’opposants, plus vous marquez des
points auprès du grand manitou régnant sur nos vies, plus vous professez
votre foi dans le grand rêve macronien de la société future où le
bonheur naîtra de l’asservissement collectif.
Nous avons hérité du successeur d’un président socialiste, Emmanuel
Macron, qui applique les mêmes méthodes méticuleuses : la séduction, le
mensonge, la manipulation à grande échelle, avec le renfort de la
publicité et des réseaux – et maintenant, par un glissement opéré avec
finesse, pour ne pas donner l’impression de forcer les gens, celui-ci
est en train de réussir ce que personne n’avait jamais osé faire
jusque-là : l’esclavage par consentement. Nous avons le grand rêve collectif obligatoire qui se profile avec le passe sanitaire.
Alors dans ce contexte, on peut quand même se demander qui sont les gagnants et les perdants. Se pose une vraie question philosophique : la liberté peut elle être asservie au nom de l’utopie de la « sécurité sanitaire » ?
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