LETTRE OUVERTE -
Monsieur le Président,
Je
vais me faire vacciner contre le COVID. Cet acte médical se déroulera,
de fait, en plein Été.
Il a pour objectif de nous protéger, mes patients
et moi, d’un coronavirus à ARN, extrêmement instable, à contaminations
manu-portée et aérienne, et à variation saisonnière manifeste sous nos
latitudes.
En tant que médecin, l’ordre m’en est donc intimé. Dont act.
Il n’est pas question pour moi de contrevenir à une injonction émanant
du pouvoir politique de mon pays, formulée avec la bénédiction de mon
autorité ordinale, et sur recommandations de l’Académie Nationale de
Médecine. Encore moins question de produire de faux certificats, même si
cette éventualité m’a été soufflée par de respectables confrères. Eux,
ne manifestent ouvertement aucune opposition à cette campagne vaccinale,
à laquelle ils se sont pourtant discrètement ainsi soustraits. Leur
étrange mutisme traduit la peur qu’ils semblent nourrir : être mis au
ban de leur corporation, voire, être poursuivis par les instances
disciplinaires du Conseil National de l’Ordre des Médecins. Comment leur
en vouloir ?
Si vous me connaissiez, vous seriez étonné. Je suis un vaccinolâtre de
la première heure. Mon carnet de santé, et ceux de mes enfants,
pourront en attester. Je me fais vacciner tous les ans contre la grippe
saisonnière, suivant la recommandation de nos autorités de Santé. Je
suis psychiatre/addictologue, comportementaliste. Adepte du raisonnement
scientifique et de l’Evidence Based Medicine. La vraie : celle qui
fonde notre pratique depuis son origine. Pas de son interprétation
actuelle, dénaturée, scandée par des méthodologistes intégristes.
Sous couvert de rigueur, ils omettent de prendre en considération la complexité et la singularité de notre physiologie humaine. Ils ont oublié que la médecine ne peut se suffire de protocoles standardisés et généraux, servis par des algorithmes hasardeux et réducteurs. Le temps de l’expérience est indispensable à la connaissance médicale. Ce temps n’est pas le même que le temps politiques et médiatiques, certes. J’exerce à Bordeaux, capitale d’un Sud-Ouest relativement épargné par la pandémie.
Les données épidémiologiques à la portée de tous en
attestent. La cour des comptes a rapporté une activité des services de
réanimation du CHU de Bordeaux, lors du premier confinement, inférieure
aux mêmes périodes pour les années 2019 et 2018. Les interruptions de
suivis et les reports d’interventions ont généré de grandes difficultés
dans les mois qui suivirent ces mesures « préventives ». Mon cabinet est
resté ouvert. Mes patients, suivis. Les précautions sanitaires
appliquées.
Par respect des lois de mon pays, je vais me faire vacciner.
Permettez-moi néanmoins, Monsieur le Président, d’exercer ma liberté d’expression et d’opinion, puisqu’il m’en est encore donné le droit. Ma qualité de médecin ne m’en prive pas, à ma connaissance. Les propos qui vont suivre se basent sur des données scientifiques dont je tiens les sources à votre entière disposition. J’accepte l’injection vaccinale sans pouvoir en valider la balance bénéfice/risque, ni pour moi, ni même pour la grande majorité de mes concitoyens.
Ce traitement doit me protéger d’un virus dont la létalité est évaluée, pour ma classe d’âge, à 0,05 %. La létalité supposée de l’actuel variant Delta va peut-être se confirmer comme bien moindre. Cette inoculation va être effectuée en été, alors que les données épidémiologiques montrent une quasi-disparition des hospitalisations et des décès pour COVID en Europe. L’éventuelle immunité (transitoire) acquise ne peut en aucun cas être assurée sur les résurgences épidémiques à venir (automnales ou printanières). On ne peut déterminer quel sera le profil génomique des agents infectieux à venir. Vous m’imposez l’inoculation d’un produit pharmaceutique qui ne dispose que d’une AMM conditionnelle, transitoire, en attente des données manquantes (nécessaires pour en valider le caractère total et permanent). Cet acte vaccinal m’est dicté par mon ministre de tutelle, dont je découvre avec stupéfaction qu’il ignorait manifestement ce cadre de commercialisation bien particulier.
En conséquence, devant l’incertitude portant sur les futures variations génomiques du SARS-Cov2, sur le contexte saisonnier actuel et sur le caractère conditionnel de l’AMM, vous m’accorderez, Monsieur le Président, qu’il est impossible d’évaluer une quelconque balance bénéfice/risque à l’acte médical que vous m’imposez aujourd’hui. Un président doit savoir prendre ses responsabilités. Soyez assuré que nous retiendrons la vôtre, dans le cas présent. Ne vous méprenez pas, cette vaccination ne m’effraie pas outre mesure, à titre personnel. Je ne crains pas qu’une puce 5G me soit inoculée. Je ne pense pas me transformer en cyborg postvaccination. Je n’ai jamais été de nature inquiète vis-à-vis de nos médicaments. Ce n’est ni la première fois, ni la dernière, que j’administrerai à mon organisme un traitement à la balance bénéfice/inconvénient douteuse, ou en passe d’être reconsidérée. En revanche, le contexte dans lequel cela va s’effectuer est sans précédent.
Ainsi, j’espère que vous comprendrez qu’il est pour moi hors de question de signer un quelconque « consentement éclairé » pour accompagner cette injection.
Il m’aurait été impossible d’ailleurs d’effectuer un tel recueil auprès
de patients à qui je n’aurais pu délivrer des informations fiables et
accessibles concernant ledit produit. Merci de prendre en considération
que je vous demande d’assumer pleinement vos responsabilités vis-à-vis
des conséquences éventuelles de cette injection. Ces spécialités
pharmacologiques ont obtenu une AMM conditionnelle alors que des données
scientifiques plaidaient pour un recours raisonnable à des traitements
précoces dont l’innocuité était largement éprouvée. Je vais me faire
vacciner pour un agent infectieux peu létal pour moi. Plus précisément,
pour les récents variants du SARS-Cov2 et ceux à venir. Impossible de
prédire l’efficacité du procédé vaccinal actuel vis-à-vis d’eux. J’ai
bien entendu l’argument de la vaccination altruiste, mais j’attends
toujours des données fiables et exploitables démontrant la baisse de la
contagiosité des vaccinés pour les mutants viraux actuels. L’exemple
israélien permet de douter. Je me fais vacciner par une technologie
impliquant des modes d’actions expérimentaux alors que le vaccin à
protéines recombinantes de SANOFI et le vaccin à virus complet inactivé
de VALNEVA devraient être accessibles cet automne.
J’assume,
Monsieur le Président, la teneur de mes propos, en dépit du climat de
terreur et l’inquiétante vindicte qui sévit sur les réseaux sociaux. Je
prends la parole malgré les procédures judiciaires qui poursuivent
d’ores et déjà certains de mes confrères. J’estime de mon devoir
de médecin d’exprimer un avis professionnel sur la situation sanitaire à
laquelle sont confrontés mes concitoyens. Je pense respecter
les règles déontologiques de ma profession et les lois de mon pays. Je
me comporte donc comme un médecin et un citoyen, somme toute,
discipliné. Je profite cependant de ce courrier pour vous faire part,
Monsieur le Président, des limites de ma docilité. La santé et l’intérêt
de mes enfants me seront toujours prioritaires à toute autre
considération.
S’il vous venait à l’esprit d’imposer cette vaccination aux mineurs, je ne pourrai l’accepter.
Nos enfants ont été moins impactés par le virus que par les
restrictions sanitaires qui leur ont été imposées. Il serait
inacceptable que d’autres décisions, contraires à leur intérêt, soient
encore prises.
Je vous remercie de votre attention. Vous avez
compris l’importance que ce courrier représentait pour le médecin, le
citoyen, mais surtout le père que je suis.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, mes respectueuses salutations.
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