Une nouvelle polémique enflamme la Toile et risque d’aggraver les tensions entre les vaccino-sceptiques, les anti-vaccin et les partisans acharnés de la vaccination.
Au départ de cette polémique, une pétition adressée, en décembre 2020, à l’Agence européenne du médicament (AEM) par deux médecins, le docteur Yeadon (ancien directeur scientifique des laboratoires Pfizer) et le docteur Wodarg, ancien parlementaire allemand, portant sur la possibilité que les anticorps produits par les vaccins à ARN messager pourraient rendre les femmes infertiles en empêchant la formation du placenta.
Les vaccins à ARN messager introduisent dans l’organisme une courte séquence d’ARN destinée à transmettre aux cellules le code nécessaire pour la fabrication d’une protéine, la protéine Spike, dont se sert le virus pour s’accrocher à nos cellules. Cette protéine, étrangère à notre organisme, va induire chez ce dernier une production d’anticorps destinés à l’éliminer. Ainsi, lors d’une contamination par le coronavirus, les anticorps présents dans l’organisme détruiront sa protéine Spike et l’empêcheront d’attaquer nos cellules.
Les auteurs de la pétition estiment que les anticorps destinés à combattre le virus par le biais de la protéine Spike pourraient également attaquer une protéine nécessaire au bon développement de la grossesse, et en particulier du placenta : la syncytine 1. Hypothèse qu’on ne peut éliminer d’un revers de main, mais qui semble peu probable, comme a déclaré à l’AFP Frédéric Altare, directeur de recherche à l’INSERM, car, dit-il, « il n’y a pas de ressemblance suffisante entre une protéine syncytine 1 et la Spike ». Et il ajoute : « Quand bien même ce serait le cas, comme les anticorps ont une durée de vie limitée, cette action serait transitoire », ce qui exclut ainsi la possibilité d’une infertilité définitive. C’est ce qu’affirment également d’autres chercheurs biologistes qui reconnaissent que la protéine S et la syncytine 1 partagent certains éléments communs (comme de nombreuses autres protéines), mais cette partie commune ne serait pas suffisante pour attirer les anticorps induits par la vaccination. Les chercheurs de chez Pfizer et Moderna affirment qu’il n’y avait pas de problème au niveau de la reproduction ou pendant les grossesses chez les rates et les souris lors des essais préliminaires.
L’espèce humaine n’est pas composée de rats et de souris ; cependant, parmi les femmes volontaires pour tester le vaccin, 23 sont tombées enceinte pendant l’expérimentation et n’ont, nous dit-on, présenté aucun effet indésirable.Quel crédit peut-on accorder à ces affirmations ? Il est encore un peu tôt pour avoir des prises de position formelles et, comme le rappelait l’Académie nationale de médecine, en mars dernier, « les données d’efficacité et de sécurité chez la femme enceinte sont encore partielles ».
Cependant, la survenue du Covid-19 chez les femmes présentant des grossesses à risque (diabétiques, en surpoids, avec de l’hypertension ou de plus de 45 ans) entraîne des risques graves, surtout dans le 3e trimestre de la grossesse où l’utérus comprime les poumons, ce qui peut aggraver des problèmes respiratoires. Alors, faut-il les vacciner pour éviter que leur grossesse n’aggrave la maladie ? C’est tout le problème du rapport bénéfice-risque dont le médecin doit discuter avec sa patiente avant une éventuelle vaccination. Ce qui pose à nouveau le problème de l’individualisation du risque au nom de la liberté ou de l’acceptation d’une mesure autoritaire au nom d’un intérêt collectif.
Ces nouvelles données sur la grossesse et la vaccination ne manqueront pas de fournir tous les arguments nécessaires aux anti et aux pro-vaccin sans pour autant pouvoir les départager, car nous ne possédons pas encore un recul suffisant, bien que le nombre considérable de personnes vaccinées, en France où dans le monde, devrait permettre assez rapidement d’avoir des études valables et non contestées sur les risques et les bienfaits de cette vaccination.
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