Ça
faisait longtemps qu’on ne l’avait pas entendu en sortir une grosse
comme lui.
Il est vrai que Sibeth Ndiaye occupait largement le terrain,
bien disposée à trouver toute sa place dans l’équipe de magiciens qui
nous gouverne.
On se disait que le confinement nous l’avait peut-être
rendu tout mélancolique, presque anémié, vous voyez.
Plus de
manifestations à réprimer en courant sus aux séditieux.
Z’étaient tous
chez eux devant la télé à attendre que ça se passe en écoutant les
bulletins quotidiens de la grande armée anti-covidienne.
Et puis, voilà, il est de retour.
Christophe Castaner.
Finalement tout requinqué.
Paraît même que Gilles Le Gendre, le comique
troupier du groupe LREM à l’Assemblée, le verrait bien aux Armées.
Pourquoi pas. Quand j’étais jeune, Pierre Messmer, héros de Bir Hakeim,
compagnon de la Libération, avait tenu ce poste.
C’est là qu’on se dit
qu’à un moment donné (on ne sait pas lequel exactement), il a dû y avoir
comme un léger problème.
Mais ça, c’est un autre sujet qui nous
embarquerait trop loin.
Donc, Christophe Castaner
is back, comme on dit.
Et là, c’est la farandole des desserts, le festival de printemps, le feu d’artifice du 14 Juillet.
Manifestations à répétition contre les supposées violences policières
et le tout aussi supposé racisme endémique de la police ? Oui.
Manifestations interdites, rapport aux mesures sanitaires et toutes ces
sortes de choses ? Oui encore.
Eh bien, on ne sanctionnera pas, rapport à
l’émotion mondiale après la mort de George Floyd.
« C’est la fête, c’est comme un vent de folie »…
Le petit vieux qui s’est pris une prune à 135 euros pendant le
confinement parce qu’il avait oublié son attestation pour aller chercher
le pain appréciera.
De même les braves gens qui se sont fait verbaliser
par les pandores parce qu’ils étaient plus de dix derrière le
corbillard de leur copain de toujours.
Mais l’artiste n’en reste pas là. Non ? Si !
C’est pas possible, il a
dû s’entraîner en secret pendant le confinement, dites-moi !
Voici donc
qu’il nous invente un tout nouveau concept que les fins lettrés ont
déjà fait entrer vivant dans le dictionnaire des oxymores.
« J’ai demandé à ce qu’une suspension soit systématiquement envisagée pour chaque soupçon avéré d’acte ou de propos racistes. »
Deux en un. Une sorte de double salto arrière sans filet.
D’abord, le
« systématiquement envisagé ».
Ce qui veut dire, si l’on a bien compris, qu’on envisagera
systématiquement de suspendre et non pas de suspendre systématiquement.
Nuance. Là, on confine à l’art d’enfoncer les portes ouvertes tout en
s’offrant le luxe de se mettre un peu plus à dos les forces de l’ordre.
Très fort. Puis ça devient plus compliqué – seuls les grands artistes en
sont capables -, c’est avec le
« soupçon avéré ».
Comment dire ?
« Avéré » :
« reconnu vrai, authentique ».
« Soupçon » :
« doute »,
« présomption de culpabilité »,
« opinion
défavorable à l’égard du comportement de quelqu’un, fondée sur des
indices, des impressions, des intuitions, mais sans preuves précises ».
Autant vous dire que ça se régale sur les réseaux sociaux.
On trouve
même des savants qui, pour défendre l’artiste, vous expliquent, à coups
de citations latines, que cette notion de
« soupçon avéré » existait au Moyen Âge.
C’est vrai. La roue, l’écartèlement et le bûcher aussi.
Et l’artiste termine sa rentrée sur une figure imposée par les
événements : le genou à terre.
Plus compliqué qu’on le pense à réaliser.
D’abord, faut que ça soit élégant.
Pas donner l’impression qu’on est
sur le départ d’un cent mètres ou qu’on est au petit coin derrière un
bosquet.
Être certain, aussi, qu’on pourra se relever tout seul, qu’on
n’aura pas besoin de son voisin ou d’un palan.
Donc, Castaner est prêt à
mettre le genou à terre.
« Je crois que la politique est faite de
symboles. Et si ce symbole-là était utile pour vaincre le racisme, je
serais parfaitement à l’aise de le faire. »
C’est vrai, la politique est faite de symboles.
Se coucher, par exemple, en est un autre, de symbole…
Georges Michel
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