C’est une inscription qu’on voit maintenant fleurir un peu partout, étalée sur les murs : ACAB. Pour « All Cops Are Bastards » : « Tous les flics sont des bâtards ».
Qu’elle agrémente les cages d’escalier dans les cités, servant de toile de fond aux trafics multiples et variés, on a fini par trouver ça normal.
On s’habitue à tout, hélas.
Qu’elle en soit sortie pour investir les beaux quartiers des centres-villes commençait à gâcher le paysage, mais qu’elle ait quitté les murs pour s’imprimer dans la cervelle des ministres, là, c’est beaucoup plus qu’inquiétant !
Certes, le ministre de l’Intérieur, le citoyen Castaner, a mis quelques nuances dans le propos.
Il a viré le A initial. Bâtards, oui, mais pas tous, qu’il a dit.
Et d’annoncer des réformes sans même le temps de laisser retomber le soufflé…
Courant, lui aussi, après l’émotion interplanétaire qui agite notre monde post-Covid-19, le Président Emmanuel Macron a demandé à son ministre de la Justice et garde des Sceaux de se pencher sur le dossier Traoré, faisant fi, sans doute, des quatre années de procédure déjà écoulées.
Tel un François Hollande penaud courant après sa Leonarda, il croit éteindre le feu en désavouant l’institution judiciaire, comme si tout cela n’était qu’affaire de bons sentiments.
Nicolle Belloubet s’est donc exécutée – humiliée, devrait-on dire – et a aimablement convié la famille Traoré à un « tea time » fraternel au ministère.
Bien évidemment, ce qui devait arriver est arrivé : la famille Traoré l’a envoyée se faire voir et nous avec.
La réponse est arrivée par France Info : « Notre avocat a été contacté aujourd’hui [lundi] par le cabinet de Madame Nicole Belloubet, ministre de la Justice, garde des Sceaux.
Il lui a été proposé d’organiser une rencontre entre le garde des Sceaux et la famille d’
Adama Traoré. Contrairement à ce qu’affirment certains médias, sans avoir attendu la réponse de la famille Traoré, celle-ci refuse de rencontrer la garde des Sceaux pour échanger. »
Ben oui, on aurait été étonné du contraire…
Ces braves gens ayant tout à la fois le vent en poupe et l’oreille complaisante des médias, il leur est aisé d’imposer leurs exigences.
Ils expliquent ainsi demander « depuis quatre ans que les gendarmes entre les mains desquels est mort Adama Traoré soient convoqués devant la justice, interrogés et mis en examen.
La famille d’Adama Traoré rappelle qu’elle attend des avancées judiciaires, et non des invitations à la discussion qui n’auraient aucune finalité procédurale. »
Et de quoi a-t-elle l’air, aujourd’hui, Mme Belloubet ?
D’une pauvre cloche à la merci de la foule qui ne manquera pas de se déchaîner, samedi prochain, puisque la famille martyre appelle à une manifestation d’ampleur : un « rassemblement national massif », samedi 13 juin, à 14 h 30, au départ de la place de la République à Paris.
J’évoquais, plus haut, le « Président normal » François Hollande et sa magnifique gestion de l’affaire Leonarda.
Pour mémoire, je rappellerai que la famille, invitée au retour, lui a fait un bras d’honneur et que l’humiliation du chef de l’État n’a servi à rien puisque, cédant aux manifestations lycéennes et autres pressions de la gauche en faveur des pseudo-Kosovars trafiquants de titres de séjour, le gouvernement Valls annonçait aussitôt la réforme du droit d’asile…
C’était en 2013.
L’hHstoire repasse les plats sans qu’aucune leçon, jamais, en soit tirée.
Au point où nous en sommes, pourquoi ne pas faire entrer Adama Traoré au Panthéon ?
Sous la frise ACAB, le sommier de police relatant les faits d’armes du héros et de ses frères ferait une jolie déco sur les murs.
Ça serait sympa, non ?
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