Au centre, Assa Traoré, le 22 juillet 2017, à Beaumont-sur-Oise, un an après la mort de son frère. Photo © AFP
Par Louis de Raguenel
Par Louis de Raguenel
Publié le 03/06/2020
En
2016, Adama Traoré mourait à la suite de son interpellation en flagrant
délit.
Le comité créé à sa mémoire a dévié en organisation militante et dangereuse.
Enquête sur une nébuleuse où se mêlent banlieue choc et gauche chic.
Dans les couloirs de la Place Beauvau, les analystes du Service central du renseignement territorial (SCRT) sont priés, sous la pression politique, de cartographier la typologie des manifestants.
Le ton d'une note du SCRT, datée du lundi 5 novembre 2018, portant sur les liens entre « l'ultragauche et le mouvement des gilets jaunes », se veut grave : « La gauche radicale s'y fait de plus en plus présente, convaincue de pouvoir en profiter pour mettre à bas le système. »
Dans une autre, datée du 29 novembre de la même année, les spécialistes du renseignement redoutent une association en particulier : « Le Comité Adama appelle à participer à la manifestation du samedi 1er décembre à Paris, au motif que les quartiers populaires sont confrontés aux mêmes problématiques sociales que les territoires ruraux ou périurbains. Cet appel est soutenu par le groupe Action anti fasciste Paris-Banlieue (AFA). »
Le Comité Adama inquiète au plus haut niveau depuis qu'il a été aperçu en tête de cortège des manifestations sociales ultraviolentes du 1er mai 2018.
Il réalise ce jour-là un tour de force en intimidant jusqu'aux dirigeants de La France insoumise et de la CGT afin de s'imposer au premier rang.
La banderole “Justice pour Adama” parvient à ouvrir un cortège également infiltré de 1 200 black blocs venus pour casser dans les rues de Paris.
La présence du Comité Adama, ce 1er mai, joue un rôle clé : c'est un de ses militants qui filmera la fameuse scène de la place de la Contrescarpe mettant en cause Alexandre Benalla, diffusée sur les réseaux sociaux, où l'on voit l'ancien adjoint au chef de cabinet de l'Élysée malmener un couple de l'ultragauche.
En deux ans, le collectif a considérablement étendu son emprise.
Qui est Adama Traoré ?
D'origine malienne, sous l'emprise de cannabis au moment de sa mort dans les locaux de la brigade de gendarmerie de Persan, Adama Traoré a été interpellé, le 19 juillet 2016, à Beaumont-sur-Oise (Val-d'Oise).
Il venait tout juste de sortir de prison.
L'autopsie révèle qu'il ne présentait aucune trace de violences ayant pu entraîner sa mort et qu'il souffrait d'une maladie cardiaque.
Mais sa famille ne cesse de se démultiplier pour réclamer vengeance.
Composé de 17 frères (les plus connus de la police sont Bagui - qui se décrit comme le “Nelson Mandela du Val-d'Oise” -, Samba, dit “Paupiette”, et Youssouf) et sœurs (Assa est la meneuse du Comité Adama) issus des mariages de leur père polygame avec quatre femmes, le clan terrorise et rackette le Val-d'Oise.
Monde du spectacle et mouvance salafiste
Depuis cette date, les enquêteurs ont mis au jour, à travers ce
Comité, une véritable collusion entre quartiers, associations
pro-immigration et gauche radicale.
Le monde du spectacle est également concerné, avec des figures comme l'acteur Omar Sy, le rappeur Black M ou le réalisateur Mathieu Kassovitz.
De la lutte contre le colonialisme à l'antisionisme en passant par la promotion de l'afro-féminisme, aucun combat n'est exclu du Comité Adama.
Certains de ses militants comparent même insidieusement les gendarmes liés à l'affaire aux soldats de Tsahal…
Les investigations sur les amis du collectif remonteront même jusqu'à un militant de l'ultragauche habitant… avenue Marceau dans le VIIIe arrondissement de Paris.
Ce dernier n'est autre que le fils d'un négociant en pétrole.
Les Black Blocs de tous horizons viennent régulièrement prêter main-forte au Comité dans les manifestations.
Ils s'y associent pour contrer les gendarmes, à qui ils tendent des pièges, par petits groupes de 5 à 10 personnes.
Les deux mouvances s'organisent dans la clandestinité grâce aux messageries cryptées.
Une autre évidence saute aux yeux : l'entourage d'Assa Traoré est exemplaire de la convergence des luttes tant espérée par les islamo-gauchistes, formant une nébuleuse anti-institutionnelle proche de la mouvance islamiste.
Almamy Kanouté, créateur de la brigade anti-négrophobie et membre de Nation of Islam, est considéré comme une éminence grise du comité, supervisant toutes ses interventions médiatiques. Refusant d'apparaître pour éviter d'intéresser les services français, il s'inscrit dans le courant des activistes racialistes de Black Lives Matter, représenté en France par Amal Bentounsi, elle-même fondatrice d'Urgence notre police assassine.
Mais revenons à Almamy Kanouté : condamné pour violences contre la police, il dispose d'un puissant réseau révolutionnaire et de liens avérés avec la mouvance salafiste.
C'est Kanouté qui présente Samir Elyes, fondateur du Mouvement de l'immigration et des banlieues (Mib), à Assa Traoré.
La mission de Samir Elyes est de durcir le mouvement contre la police.
Autour du clan Traoré, on trouve encore Hocine Ras, militant propalestinien, proche d'associations fondamentalistes, mais aussi un certain Fousseny D., dont la famille est connue pour prêter un box servant de lieu de prière clandestin.
Enfin, Abderaouf A., lui, évolue dans la mouvance salafiste, prônant un “prosélytisme actif”.
La plupart d'entre eux « détestent les Blancs, perçus comme des envahisseurs. Ils se considèrent comme la norme et les Blancs comme périphériques », nous expliquent les enquêteurs.
Lors de la dernière campagne présidentielle, la gauche s'est même scindée en deux à son sujet.
D'un côté, les partisans de la ligne Valls-Cazeneuve, qui soutiendront sans réserve les forces de l'ordre, de l'autre, la gauche révolutionnaire et celle de Benoît Hamon, qui appuieront le comité.
Cette stratégie opportuniste a aussi permis d'attirer des intellectuels d'extrême gauche comme l'écrivain Édouard Louis et le sociologue Geoffroy de Lagasnerie.
Assa Traoré appelle désormais à une stratégie d'alliances autour d'associations radicales, parmi lesquelles le Cran, SOS Racisme, Nation of Islam ou le Mib évoqué plus haut.
Œuvrant pour une convergence des luttes, le comité cherche à nourrir le procès permanent en illégitimité contre les forces de l'ordre.
Si possible avec le soutien de médias et de stars.
Une asymétrie morale ne reculant devant rien : lors du saccage de l'Arc de triomphe le 1er décembre 2018 figurait un tag… “Justice pour Adama”.
valeursactuelles
Le monde du spectacle est également concerné, avec des figures comme l'acteur Omar Sy, le rappeur Black M ou le réalisateur Mathieu Kassovitz.
De la lutte contre le colonialisme à l'antisionisme en passant par la promotion de l'afro-féminisme, aucun combat n'est exclu du Comité Adama.
Certains de ses militants comparent même insidieusement les gendarmes liés à l'affaire aux soldats de Tsahal…
Les investigations sur les amis du collectif remonteront même jusqu'à un militant de l'ultragauche habitant… avenue Marceau dans le VIIIe arrondissement de Paris.
Ce dernier n'est autre que le fils d'un négociant en pétrole.
Les Black Blocs de tous horizons viennent régulièrement prêter main-forte au Comité dans les manifestations.
Ils s'y associent pour contrer les gendarmes, à qui ils tendent des pièges, par petits groupes de 5 à 10 personnes.
Les deux mouvances s'organisent dans la clandestinité grâce aux messageries cryptées.
Une autre évidence saute aux yeux : l'entourage d'Assa Traoré est exemplaire de la convergence des luttes tant espérée par les islamo-gauchistes, formant une nébuleuse anti-institutionnelle proche de la mouvance islamiste.
Almamy Kanouté, créateur de la brigade anti-négrophobie et membre de Nation of Islam, est considéré comme une éminence grise du comité, supervisant toutes ses interventions médiatiques. Refusant d'apparaître pour éviter d'intéresser les services français, il s'inscrit dans le courant des activistes racialistes de Black Lives Matter, représenté en France par Amal Bentounsi, elle-même fondatrice d'Urgence notre police assassine.
Mais revenons à Almamy Kanouté : condamné pour violences contre la police, il dispose d'un puissant réseau révolutionnaire et de liens avérés avec la mouvance salafiste.
C'est Kanouté qui présente Samir Elyes, fondateur du Mouvement de l'immigration et des banlieues (Mib), à Assa Traoré.
La mission de Samir Elyes est de durcir le mouvement contre la police.
Autour du clan Traoré, on trouve encore Hocine Ras, militant propalestinien, proche d'associations fondamentalistes, mais aussi un certain Fousseny D., dont la famille est connue pour prêter un box servant de lieu de prière clandestin.
Enfin, Abderaouf A., lui, évolue dans la mouvance salafiste, prônant un “prosélytisme actif”.
La plupart d'entre eux « détestent les Blancs, perçus comme des envahisseurs. Ils se considèrent comme la norme et les Blancs comme périphériques », nous expliquent les enquêteurs.
Assa Traoré appelle à une stratégie d'alliances autour d'associations radicales, parmi lesquelles le Cran, SOS Racisme, Nation of Islam ou le Mib évoqué plus haut.En quête de respectabilité, le Comité Adama s'est rapproché d'Olivier Besancenot et de Jean-Luc Mélenchon.
Lors de la dernière campagne présidentielle, la gauche s'est même scindée en deux à son sujet.
D'un côté, les partisans de la ligne Valls-Cazeneuve, qui soutiendront sans réserve les forces de l'ordre, de l'autre, la gauche révolutionnaire et celle de Benoît Hamon, qui appuieront le comité.
Cette stratégie opportuniste a aussi permis d'attirer des intellectuels d'extrême gauche comme l'écrivain Édouard Louis et le sociologue Geoffroy de Lagasnerie.
Assa Traoré appelle désormais à une stratégie d'alliances autour d'associations radicales, parmi lesquelles le Cran, SOS Racisme, Nation of Islam ou le Mib évoqué plus haut.
Œuvrant pour une convergence des luttes, le comité cherche à nourrir le procès permanent en illégitimité contre les forces de l'ordre.
Si possible avec le soutien de médias et de stars.
Une asymétrie morale ne reculant devant rien : lors du saccage de l'Arc de triomphe le 1er décembre 2018 figurait un tag… “Justice pour Adama”.
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