Le scrupule, on le sait, c’est ce petit caillou pointu qui, se glissant
entre la sandale et le pied du soldat, finissait par empêcher l’armée
romaine d’avancer.
Le coronavirus est notre scrupule, comme il y en eu d’autres en d’autres temps.
Qu’un minuscule petit amas de molécules à mi-chemin entre le vivant et l’on ne sait quoi, quelque part en tous les cas où, venant s’incarner en nous, le Bien et le Mal s’affrontent avec nos corps comme terrain de jeu, vienne gripper toute la machine de nos complexes et délirantes machineries mondiales, nos Babel financières et autres chimères, a quelque chose de certes effrayant mais fascinant et instructif également.
Scrupules, car c’est cela qu’avec humilité notre système devrait avoir la sagesse de retenir (mais qu’il s’empressera d’oublier sitôt la crise surmontée, dans quelques semaines, tandis que, comme toujours dans l’histoire de l’humanité, ce qui ne devrait pas nous surprendre autant -comme si nous découvrions la lune et la fragilité de l’existence-, certains auront entre temps été emportés par la Faucheuse, au hasard Balthazar, à quoi nos frileuses sociétés hermétiques à toute métaphysique devraient également être un peu mieux préparées).
Scrupules devant le démantèlement d’un système de santé qui, surinvesti avec un dévouement exemplaire et en dépit des attaques gestionnaristes
Car si pour le moment nous nous en sortons pas trop mal, c’est grâce aux acquis d’un système solide, présent sur les territoires et qui depuis des mois revendique activement contre l’ineptie d’un pouvoir destructeur et désorganisateur
Scrupules, ensuite, face à un système mondialisé tant vanté par les zélateurs de la start-up nation, fustigeant toute forme de souverainisme, inapte à toute vision d’un État-stratège présenté par ces jeunes incultes comme une odieuse incarnation du nationalisme le plus «fermé »(alors qu’il s’agit d’intelligence économique élémentaire), qui redécouvre les vertus de la souveraineté sanitaire, pharmaceutique,
Bref, qui redécouvre comme d’autres encore une fois la lune, qu’un État est d’autant plus fort qu’il ne dépend pas de l’étranger pour tout et n’importe quoi.
Scrupules enfin face aux imbécilités d’une communication qui a dû se plier, pas trop tôt, à un peu de sérieux, après nous avoir raconté n’importe quoi pendant des jours et traités par exemple comme des ignares au motif qu’on trouvait vaguement choquant de maintenir un match de 60000 personnes à proximité de zones italiennes très infectées.
Scrupules enfin face à cette catégorie spécifique du personnel politique inepte qui sera bientôt balayée dans les urnes et qui s’en va racontant que c’est le moment de faire des affaires en bourse.
La seule chose, à ce niveau, qu’on puisse regretter, est que le virus ne choisisse pas ses cibles selon leur degré d’inconséquence
Mais alors, on reviendrait vers la métaphysique...
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