Pour Boulevard Voltaire, Jean-Paul Brighelli évoque le mouvement de grève de certains correcteurs, les couacs qui ont accompagné la cession 2019 ainsi que l’avenir de cet examen emblématique.
Ce Bac 2019 ne restera pas dans les annales.
En tant qu’enseignant, qu’avez-vous retiré de ce baccalauréat 2019 ?
Je crois qu’il restera dans les annales de cette apocalypse molle qui a commencé avec la loi Jospin en 1989.
Elle continue à engloutir notre système éducatif.
Le Bac était l’un des derniers repères communs à tous les Français.
À noter d’ailleurs que les parents et les grands-parents s’imaginent que le Bac d’aujourd’hui est le même que le Bac qu’ils ont passé, alors que ce n’en est qu’un bâtard très dérivé.
Ce qui restera cette année c’est la prise d’otage opérée par 700 enseignants.
Ceux-là devraient franchement changer de métier !
Grâce à l’action assez rapide du ministère, les élèves s’en tireront sans dommages particuliers.
En revanche, 700 professeurs ont pris en otage les 850 000 enseignants.
Durablement, l’image de l’enseignant paresseux, protestataire jusqu’au-boutiste, et j’en passe va, entrer dans l’opinion.
J’en ai pour preuve que la FCPE qui a toujours été proche du SNES s’est mis aux abonnées absentes sur cette histoire.
En revanche, l’APET et l’APEL, les deux associations de parents de droite, pour faciliter les choses, sont absolument courroucées de cette attitude.
On a donné une audience aux 700 professeurs.
Le ministère y est pour quelque chose pour déconsidérer les syndicats qui ont donné les consignes.
Je dois dire que tous les syndicats n’ont pas donné ces consignes.
Certains ont fait passer le service public et la conscience professionnelle avant les intérêts catégoriels. Les revendications sont tellement éparses et diverses.
C’est un tel foutoir qu’on ne peut rien en retenir.
Ce n’est pas comme cela qu’on fait une grève ou qu’on amène un interlocuteur à la table des négociations.
Ce Bac intervient en pleine réforme des programmes. Jean-Michel Blanquer reste très ferme sur ses positions.
Cette réforme a-t-elle des chances de passer ?
Jean-Michel Blanquer va-t-il se heurter à une opposition organisée ?
La réforme du Bac est de toute façon nécessaire.
Cet examen ne représente plus rien de monnayable.
Quand on dit « avec 100 balles, tu n’as plus rien », pour le Bac, c’est pareil, on n’a plus rien non plus. Entre l’épreuve du Bac elle-même et le coût des redoublants, le Bac coûte extrêmement cher.
Il y a quand même 6 % de candidats qui ne l’ont pas.
Dans l’hypothèse où chacun de ces candidats redoublait sa Terminale à 8000 euros auxquels il faut ajouter le coût du Bac, la moyenne est de un milliard six cents millions d’euros.
C’est une somme.
Avec sa nouvelle loi, le gouvernement va massacrer un certain nombre de chômeurs pour économiser deux milliards d’euros.
Cela permettrait de récupérer le mois de juin, sachant que des tas d’élèves vaquent puisqu’ils ne passent pas le Bac.
Les établissements ferment le temps de mettre les salles en conformité pour les épreuves.
Le Bac ne signifie plus rien, puisque la sélection universitaire se fait en amont.
Le Bac aurait tout intérêt à devenir un brevet de fin d’études donné à tout le monde.
Ce serait finalement, le livret scolaire qui serait le juge de paix.
Les formations supérieures pourraient se baser là dessus pour prendre ou ne pas prendre un élève. 45% des formations sont des formations élitistes, non seulement les classes préparatoires, mais aussi les BTS, les doubles cursus, les études de médecine, etc.
À terme, il est évident que le Bac a vocation à disparaître.
On va garder le nom.
Il est important de souligner que le Bac s’effondre sur sa propre absurdité.
Jean-Paul Brighelli
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