Le 08/11/2017
Philippe Kerlouan
Si je devais faire un bilan des six premiers mois du mandat d’Emmanuel Macron, je serais bien embarrassé.
Non que j’hésite à me prononcer : j’aurais tendance à dire qu’il est globalement négatif.
Encore faut-il le prouver par des arguments, sinon irréfutables, du moins rationnels, et ne céder ni à la subjectivité ni aux apparences trompeuses.
L’exercice n’est guère facile, d’autant plus que notre Président abuse de la communication, ce qui pourrait conduire à juger sa politique internationale sur sa poignée de main virile à Donald Trump ou sa conception de la famille sur le modèle livré clefs en main qui lui permet d’être en même temps époux, père et grand-père, ce qui, à trente-neuf ans, est un exploit digne du Quiz des records.
Je retiendrais volontiers son arrogance, qui le conduit régulièrement à des dérapages verbaux : même si l’on n’est pas un inconditionnel des théories de Freud, ils sont révélateurs de son être profond.
Il en avait déjà donné l’exemple comme candidat, traitant en Algérie la colonisation de « crime contre l’humanité », et comme ministre, déclarant à un ouvrier gréviste que « la meilleure façon de se payer un costard est de travailler ».
Je ne m’attarderais pas sur sa chute dans les sondages, avec une cote de confiance de 38 %, car elle correspond à peu près à son électorat réel.
Emmanuel Macron se moque des Français quand il prétend que ses grandes mesures politiques ont été approuvées par la majorité d’entre eux.
Ou alors il se moque de la démocratie, ce qui pose un problème dans une république.
Je lui reconnaîtrais d’avoir brouillé les cartes, en assurant qu’il ferait en même temps une politique de droite et de gauche.
S’il a pu brouiller les cartes, c’est parce que le système était en crise et qu’à droite et à gauche, des médiocres ou des ambitieux – parfois les deux à la fois – se sont ralliés à lui pour sortir de l’ombre ou assouvir plus rapidement leur soif de pouvoir.
Je lui reconnaîtrais surtout d’avoir choisi le camp de la mondialisation et de jouer au matamore face aux puissants de ce monde, qui le regardent avec condescendance ou le flattent pour lui faire croire qu’il est pour quelque chose dans la marche du monde.
Il s’imagine mobiliser les optimistes contre le fatalisme, alors qu’il renforce partout les assises de la finance.
Macron apparaît de plus en plus comme fidèle à la ligne technocratique qui l’a porté au pouvoir.
Il n’a pour cap politique que de redresser l’économie à tout prix, fût-ce en fragilisant davantage les plus vulnérables ou en leur faisant l’aumône – par exemple, en supprimant progressivement leur taxe d’habitation qu’il compense par d’autres prélèvements.
Macron nous promet une société sans âme, une France sans racines, un monde des échanges commerciaux.
Son horizon, comme sa conception du mérite, se restreint à la réussite matérielle.
Rien qui puisse susciter l’enthousiasme des Français ni leur donner envie d’aller de l’avant.
Le bilan de Macron au bout de six mois ?
Un monarque qui méprise son peuple, qui préfère l’Europe à la France, le monde à l’Europe et n’aime, finalement, que lui-même.
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