J.-P. Fabre Bernadac
La mort de ce jeune symbole d’une immigration sauvage a autant droit de cité que celle de Brahim Bouarram…
Emmanuel Macron était présent, lundi 1er mai, à l’hommage annuel de la mairie de Paris à la mémoire de Brahim Bouarram.
Ce jeune Marocain, jeté en 1995 dans la Seine par des skinheads en marge du défilé du Front national, s’était noyé à hauteur du pont du Carrousel.
Si on peut comprendre ce symbole fort du refus de la xénophobie, on apprécie moins un geste de propagande dont le but est d’établir un parallèle entre ce crime raciste et Marine Le Pen
Mais puisque nous en sommes aux symboles, pourquoi M. Macron, de la même manière, n’a-t-il pas déposé des fleurs dans le jardin des Tuileries en souvenir du meurtre d’Antoine de Saint-Nicolas, jeune homme tué par deux Tunisiens ?
Antoine de Saint-Nicolas était un garçon comme les autres.
Originaire de Massy, dans l’Essonne, il avait fait ses études au lycée professionnel Jean-Perrin à Longjumeau et poursuivait son apprentissage dans une boucherie.
Il ne demandait rien à personne, sinon le droit de fêter comme tout le monde la Saint-Sylvestre.
Dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier 2014, Antoine était à Paris avec des amis.
Dans les jardins du Trocadéro, vers 3 heures du matin, son groupe fut pris à partie par six agresseurs qui en voulaient au sac d’une de ses amies.
Antoine s’interposa, « des coups sont alors échangés », note une source policière, qui minimise les faits en parlant d’une « bagarre qui aurait dégénéré ».
Pourtant, l’action se termine tragiquement puisque Antoine est mortellement poignardé au thorax.
Il avait 20 ans.
À la suite de ce meurtre, un important travail d’investigations techniques fut effectué, que ce soit en termes de prélèvements de traces et d’indices ou de visionnage d’images de caméras vidéo disposées sur la voie publique et dans les transports parisiens.
Un ADN fut prélevé sur le sac de la jeune femme agressée avant d’être enregistré dans le Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG).
Cet ADN finit par parler.
Il permit d’identifier un des auteurs présumés des faits, très connu des services de police, notamment pour usage de stupéfiants.
Les enquêteurs de la brigade criminelle tentèrent alors de localiser son domicile.
Le Parisien expliqua par la suite : « Ce travail n’a pas été simple car il n’avait pas de logement connu. »
Deux suspects furent arrêtés en mars 2014 par les policiers de la brigade de recherche et d’intervention (BRI) alors qu’ils se trouvaient dans un bus, porte d’Ivry (13e).
Le deuxième individu interpellé était, lui, en situation irrégulière sur le territoire français.
Mohamed N., 34 ans, et Najib C.-J., 30 ans, tous deux tunisiens, ont reconnu avoir été présents sur les lieux des faits.
Toujours selon Le Parisien, deux autres hommes, soupçonnés d’avoir également participé à cette mortelle agression, avaient pris la fuite à l’étranger quelques jours seulement après les faits.
Nous sommes en 2017, trois ans après le drame, le procès n’a pas encore eu lieu.
De plus, la police n’a jamais retrouvé la piste des deux fugitifs.
Ce fait divers est une tragédie révélatrice du laxisme de l’État : comment un individu en situation irrégulière a-t-il pu se balader en groupe en plein cœur de Paris, surtout un 31 décembre où ce coin de la capitale regorge de policiers ?
Pourquoi n’a-t-on jamais pu obtenir du pays étranger l’autorisation d’interroger les deux suspects ayant fui la France ?
Monsieur Macron, la mort de ce jeune symbole d’une immigration sauvage a autant droit de cité que celle de Brahim Bouarram ; pourtant, comme Mme Hidalgo et, avant elle, M. Delanoë, vous avez choisi de l’ignorer, rejoignant en cela le silence des médias.
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