Depuis dix jours, radios, télévisions et une certaine presse nous répètent, à la manière d’un vieux disque rayé, que “la République est en danger”, que “le fascisme et la xénophobie” sont à nos portes et que “la peste brune” guette la France.
Diantre !
Tout cela parce que notre démocratie a permis à Marine Le Pen de figurer au second tour de la présidentielle.
Nous voilà donc guettés par un cataclysme à côté duquel les douze plaies d’Égypte ressemblent à un numéro de farces et attrapes.
Bien sûr, les pétitions de toutes les grandes figures de la bien-pensance se succèdent dans la presse pour expliquer à des Français infantilisés qu’il convient à tout prix de revenir dans ce que les élites appellent le “cercle de la raison”.
On se demande même s’il ne faudrait pas tout simplement supprimer ce fâcheux second tour. D’autant plus qu’Emmanuel Macron a déjà fêté sa victoire avec quelques représentants de la France d’en haut dans la prestigieuse brasserie La Rotonde.
Cela éviterait ainsi aux lycéens de manifester dans Paris aux cris de “Ni patrie, ni patron”.
Cela éviterait encore à des millions de Français “factieux” d’aller déposer de nouveau dans l’urne un bulletin Le Pen pendant qu’une partie des insatisfaits de ce casting de second tour iraient tout simplement à la pêche, dimanche prochain.
Le lecteur aura bien compris que j’ai un petit peu forcé le trait de la situation que nous vivons depuis le 23 avril.
Tout simplement parce que ce sont les mêmes qui crient “au secours” aujourd’hui et qui ont tout fait pour que le Front national devienne la deuxième force politique du pays.
Ce sont les mêmes — à gauche comme à droite — qui, dès 20 h 01 au soir du premier tour, ont appelé à sauver la France qui, depuis des mois, voire des années, forment le voeu — secret — que Marine Le Pen fasse partie de l’affiche du second tour, afin de refaire le coup de Jacques Chirac en 2002 face à Jean-Marie Le Pen, avec l’union sacrée contre la droite extrême.
Voilà pourquoi nous assistons à un gigantesque bal des faux-culs.
Car pour que Marine Le Pen soit présente au second tour, elle a été largement ménagée par les médias et les différents candidats.
Les attaques ont porté sur son affaire d’attachés parlementaires bien plus que sur son programme économique ou sur son isolationnisme forcené.
Si le débat d’idées qui fonde la démocratie avait fonctionné normalement, la candidate du Front national, qui a perdu six points dans les sondages pendant la campagne, aurait pu être battue dès le premier tour.
Mais cela ne faisait pas partie des plans établis par Emmanuel Macron pour s’emparer de l’Élysée.
Le problème, pour ces hérauts de la bien-pensance, c’est que Marine Le Pen a engrangé un nombre record de voix et que les sondages pour le second tour la placent entre 40 et 45 %.
Certaines déclarations de ténors de la droite ont été tellement maladroites qu’elles ont poussé des électeurs à voter Front national pour la première fois de leur vie.
L’attitude ambiguë de Jean-Luc Mélenchon fait craindre des reports de voix difficiles pour Emmanuel Macron.
Même certains éléphants du Parti socialiste expliquent qu’appeler à voter pour le leader d’En marche! « est au-dessus de [leurs] forces », comme l’a dit Martine Aubry.
De fait, les apprentis sorciers qui ont joué avec les allumettes du Front national se trouvent bien embarrassés.
Et si l’abstention battait des records ?
Et si l’arrogance de classe de l’équipe Macron à l’égard des “illettrés” et “ploucs” qui votent Le Pen finissait par se retourner contre son candidat ?
Cela ouvrirait, sans nul doute, une période très complexe pour le pays.
Cela créerait des tensions durables entre la France des exclus et celle des inclus.
Cela compliquerait le redressement financier que doit mener la France afin de ne pas devenir une nouvelle Grèce.
Mais ce serait aussi le signe de la vitalité de notre démocratie.
Au grand dam d’une petite oligarchie parisienne.
valeursactuelles
"La dernière fois on a fait voter tous les socialistes comme des couillons"
Il y a fort a parier que demain ça sera la même chose!
Bonjour,
RépondreSupprimerL'artiste de la caricature (Pierre Kroll, que je représente) n'a jamais donné son accord pour sa publication sur ce blog. Elle est en plus tirée de son contexte puisqu'elle traite de politique belge (cf. les ballons).
Merci de la retirer au plus vite avant que nous n'engagions de poursuites.