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lundi 8 mai 2017

À l’aube d’un populisme nouveau ?



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Le 08/05/2017


La vie politique française vient d’entamer un nouveau cycle : la gauche traditionnelle et la droite classique, c’est fini.

Vox populi, même si pas forcément Vox dei : les urnes ont parlé.
Macron, 66 %. Le Pen 34 %.
Comme toujours avec le Front national, on ne sait jamais s’il s’agit d’un succès, d’un échec, ou des deux en même temps ; quoique les années et les scrutins passant, le premier est généralement suivi du second.
Ce qui demeure évident, c’est que la vie politique française vient d’entamer un nouveau cycle : la gauche traditionnelle et la droite classique, c’est fini ; au moins dans sa forme de naguère, laquelle a depuis tant de décennies structuré le paysage électoral.
Et c’est ainsi qu’on voit se dessiner un nouvel arc populiste ; car Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont tous deux, quoi qu’on en dise, mené une campagne « populiste » se voulant « hors système », à l’instar du véritable troisième homme du premier tour, Jean-Luc Mélenchon, et de Nicolas Dupont-Aignan, arrivé en tête des « petits candidats ».
Le populisme de Macron peut prêter à rire, et Jacques Attali, dans un élan de franchise et de lucidité, ne s’est pas privé de le railler : « Emmanuel Macron, candidat hors système ? Mais il est le pur produit de ce même système. »
La preuve en est qu’Aude Lancelin, compagne de l’économiste Frédéric Lordon, virée sans ménagement de la rédaction de L’Obs, affirmait en substance que l’oligarchie du CAC 40 et du MEDEF, ne pouvant pousser plus avant son candidat naturel, Alain Juppé, a fomenté un putsch en lançant Emmanuel Macron dans la course.
Plutôt bien vu et, comme toujours, si le système gouverne mal, il est imbattable dès lors qu’il s’agit de se défendre, lui, ses hommes et ses intérêts.
Paradoxalement, le nouveau président de la République, sous couvert de « néo-populisme » – lui aussi suscite aussi un semblant d’espoir –, est le mieux placé pour mettre en œuvre ce que l’oligarchie dominante appelle de ses vœux depuis toujours, les yeux continuellement rivés sur le « modèle allemand ».
À savoir la constitution d’une large coalition allant du centre gauche au centre droit, chargée de contenir des poussées populistes de plus en plus menaçantes.
 Assez beau jeu de dupes, en effet.
Après, ce sera lors des élections législatives que tout se dessinera de façon plus claire.
Le mouvement En marche ! bénéficie d’un socle solide et fragile à la fois.
Solide parce que le succès a tendance à aller au succès.
Fragile parce que les deux principaux cadavres laissés sur le champ de bataille, Républicains et socialistes, n’ont plus forcément les moyens de poursuivre leur chemin comme si de rien ne s’était passé.
 Il leur faudra choisir.
La droite, tiraillée entre ralliements lepéniste ou macronien, peut-elle encore tenter de conserver une indépendance que ses membres ne sont plus guère nombreux à sérieusement envisager ?
La gauche, d’un côté laminée par Macron et, de l’autre, réduite en miettes par Mélenchon, devra elle aussi choisir entre suivisme vis-à-vis d’une social-démocratie de choc contribuant à continuer de paupériser ce qui lui reste d’électorat ouvrier, ou tout simplement rallier, d’une manière ou d’une autre, l’autre grande coalition qui se profile, celle d’un populisme faisant enfin la jonction entre ses deux rives traditionnelles ?
Populisme qui gronde, toujours, celui exprimé par les électeurs qui, accompagnant une forte abstention, ont voté nul ou blanc – 8,8 % tout de même –, résumant assez bien le climat précédant souvent les grands bouleversements à venir : quand le peuple ne veut plus et quand l’État ne peut plus.
Qu’Emmanuel Macron savoure donc sa victoire du jour.
 Le meilleur ou le pire demeurent à venir : un peuple en colère ne saurait se satisfaire de ces reliefs de festin qu’on n’oserait plus, surtout aujourd’hui, servir en terrasse de la Rotonde.

Et c’est ainsi qu’en voulant seulement changer d’air, on passe aussi d’une ère à l’autre.

L’avenir commence toujours demain.

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