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vendredi 23 décembre 2016

Éric Dénécé: Alep est libérée et non pas tombée

Le 23/12/2016


Éric Denécé

© Photo. capture d`éсrane:YoutubeInternational20:14 23.12.2016(mis à jour 23:02 23.12.2016)
 
La désinformation sur la récente libération de la ville d'Alep fait peut être couler plus d'encre que la libération en elle-même.
 
Éric Dénécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement, parle de la «victoire de l'armée de Bachar» et des mensonges dans sa couverture médiatique dans une interview à Sputnik.
La libération d'Alep a pris du temps maintenant la ville va se relever, libérée et contrôlée désormais par l'armée syrienne depuis le 22 décembre.
Quoi que traité d'« agent de Sputnik » après son intervention à la télévision française LCI, le directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R) Éric Dénécé reste fidèle à son analyse. Aujourd'hui, il parle du manque de lucidité et de la falsification des informations sur la situation à Alep.
Alors que Moscou se demandait pourquoi l'Occident ne fournissait pas d'aide à la Syrie, les Américains et les Britanniques s'empressaient d'accuser la Russie d'entraver l'action humanitaire à Alep.
Tout ça, c'est du mensonge, affirme sans détour M. Dénécé contacté par Sputnik.
 Et même s'il y a un exemple dans lequel les bombardements empêchent de passer, en réalité c'est une falsification de l'information.
« C'est-à-dire que personne n'a parlé du fait que les convois humanitaires ne pouvaient pas arriver dans des quartiers chrétiens ou alaouites fidèles au régime et, bien sûr, tous ceux qui défendent les djihadistes s'empressent de dénoncer des opérations, d'ailleurs, dont on n'est même pas sûr qu'elles aient eu lieu ».
Tout au long des hostilités, on faisait une nette distinction entre Alep-Est et Alep-Ouest, comme si on pouvait parler de « bons » et « mauvais » Syriens.
 Est-ce que dorénavant on peut espérer une prise de conscience de la réalité sur le terrain de la part des medias ?
 Selon M. Dénécé, les Français en sont conscients, alors que le leadership, au contraire, se laisse guider par le côté mainstream.
« En revanche, les élites politiques françaises, comme les médias français, sont totalement sous l'influence ou suivent les médias anglo-saxons, les médias arabes.
Dès que Al-Jazeera, Al-Arabiya, CNN, ABC News disent quelque chose, ils reprennent systématiquement ces informations et ils n'osent pas s'inscrire à l'encontre de ce courant médiatique dominant ».
Pourquoi ?
À la fois, parce qu'il y a un certain nombre de journalistes français qui ne font pas leur travail et ne sont pas sérieux, et d'autre part, parce qu'il y a beaucoup de gens en France, y compris dans les élites dirigeantes, qui sont déjà acquises ou gagnées aux idéaux néo-conservateurs américains et qui sont victimes d'une véritable désinformation concernant la Russie, concernant la Libye, concernant la Syrie, concernant, notamment, sur ce qui s'est passé sur les révolutions arabes, explique M. Dénécé. La Russie agit en coopération avec le gouvernement syrien et suite à sa demande légitime.
Le récent incident où les élus français, qui comptaient se rendre en Syrie pour obtenir une aide humanitaire pour la ville d'Alep, qui ont été bloqués à la frontière turque, a été une preuve supplémentaire qu'il est temps de travailler avec les pays qu'on veut aider au lieu d'imposer sa vision des choses…
 « Il y a là une inconsistance de la part des Occidentaux », estime le directeur du CF2R. « Paradoxalement ce sont presque les Européens, voire les Français, qui sont les plus extrémistes en la matière, parce que les Américains d'une façon ou d'une autre commencent à évoluer sur certains points.
Cette espèce de position de blocage systématique de la France, notamment, est tout à fait scandaleuse.
Elle n'est pas inexplicable parce qu'on voit effectivement des élites politiques françaises qui sont totalement incompétentes sur les questions de politique étrangère ».
Là, on voit des élites politiques françaises qui ne sont plus dans la realpolitik, dans l'analyse lucide et réaliste des relations internationales, mais qui sont sur des positions idéologiques ou sur des positions émotionnelles.
 Les médias sont exactement sur le même créneau.
 
« Aujourd'hui, il n'y a plus aucune analyse lucide, réaliste et neutre de ce qui se passe au Moyen-Orient.
 
 On nous sert en permanence une espèce d'information qui est totalement sortie de son contexte, sans qu'il y ait de vérification de la part des journalistes, puisqu'on sait très bien qu'il y a un certain nombre d'images de YouTube qui montrent le drame d'Alep-Est, que ce sont des images qui ont été tournées en Irak et dans d'autres villes qu'Alep — tout ça pour essayer de renforcer la sensibilité des pays occidentaux "au drame d'Alep" sans jamais préciser que ces quartiers sont tenus par les djihadistes, que ces djihadistes n'ont cessé de bombarder les quartiers chrétiens ou chiites à l'orée du régime de Damas et qu'il est légitime — il ne faut pas avoir peur de le dire — que ces individus soient éliminés », explique M. Dénécé.
 
Cette veille de Noël, il y a tant de choses à souhaiter aux Aleppins — tandis que la victoire principale a déjà été obtenue — « une vraie victoire pour l'armée de Bachar, la plus importante pour l'ensemble des Syriens, mais également pour la population d'Alep ».
C'est un vrai soulagement parce que cette ville pour ses quartiers centraux, assez peu touchés par la guerre, a été bombardée de manière sporadique par les djihadistes.
 
Les gens y avaient une vie impossible et donc, pour eux, c'est la preuve que le régime, même si toute la population n'est pas spécifiquement pour Bachar, et son allié russe qui a joué le rôle essentiel dans ces opérations-là ont permis au régime syrien de rétablir sa souveraineté sur Alep, de permettre aux populations qui étaient sous la pression des djihadistes de retrouver la paix.
 
 C'est donc une excellente nouvelle, selon M. Dénécé.
 
« Je crois que, dans un premier temps, il faut que les Syriens, le gouvernement légitime de la Syrie avec ses alliés puissent rétablir l'ordre et reconquérir le pays. Dans un deuxième temps, nous nous poserons alors la question de savoir : comment il devrait y avoir une évolution du régime », conclut-il.

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1 commentaire:

  1. Tout à fait d’accord avec le dernier paragraphe, commençons par la fin des hostilités, ensuite nous verrons quoi faire pour une gouvernance meilleure !

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