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lundi 27 avril 2015

Montbéliard : les policiers victimes d’un lynchage familial

 26/04/2015 à 11:54                                                  
 
Les policiers sont habitués à intervenir à l’Acropole. Mais jamais encore les violences avaient pris cette tournure à leur encontre. Photo d’archives
 
Les policiers sont habitués à intervenir à l’Acropole. Mais jamais encore les violences avaient pris cette tournure à leur encontre. Photo d’archives
 Deux sœurs et un frère au sang chaud ont littéralement lynché deux policiers appelés à intervenir à la sortie d’un bus. Morsure, vêtements arrachés et coups de poing…
 
Nemo auditur propiam turpitudinem allegans…
Cette expression, bien connue des latinistes et des juristes, signifie que « Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude ».

La prénommée Nahila, 23 ans, aura tout loisir de méditer sur la question.
Peut-être même durant les trois mois qu’elle pourrait passer derrière les barreaux d’une prison.
C’est par elle que l’ouragan a brusquement soufflé sur les abords de la station de l’Acropole, en face de la gare SNCF de Montbéliard, le 9 mars dernier.
 La native de Pointe-à-Pitre de même que sa grande sœur Yvelise (34 ans) se trouvent dans un bus, manifestement sans titre de paiement.
Nahila : « J’ai mordu pour me défendre… Si le policier m’avait parlé gentiment… »
Les contrôleurs leur demandent leurs cartes d’identités.
L’aînée accepte, la cadette refuse.
 La police est donc appelée.
 Sans plus d’effet sur la jeune femme qui fait des difficultés à obtempérer.
Un policier lui indique qu’il va falloir la conduire au commissariat et qu’il va devoir lui passer les menottes si elle s’entête.
 Sans plus d’effet.
 Il la prend alors par le bras.
La réaction est immédiate.
Nahila mord. Et fort ! Un filet de sang coule.
Se tordant de douleur, le policier essaie de se dégager.
« Il lui a donné un coup dans le ventre. J’ai cru que j’allais perdre ma petite nièce… », complète Yvelise.
Sœur ou nièce ?

 Le président Troilo ouvre de grands yeux et ne comprend plus.
 « Ma sœur est enceinte », reprend la trentenaire.
 Ladite perspective l’aurait fait sortir de ses gonds à son tour.
Elle saute sur un second policier et, galvanisée par une force insoupçonnable, lui arrache littéralement sa combinaison.
Le feuilleton n’est pas fini.
 Déboulant comme un diable de la descente du château, un homme fonce dans le tas et distribue généreusement les gnons.
 « Deux, trois coups de poing », calcule-t-il.
Des témoins en ont dénombré bien davantage et parlent d’un authentique lynchage.
 Coups de pied, coups de poing et pendant ce temps, les quatre contrôleurs qui avaient requis la police se tenaient prudemment à l’écart, ne levant pas le petit doigt ni n’appelant police secours comme le réclamaient les fonctionnaires aux abois.
Un élément consigné dans le rapport et lu par le président durant l’audience…
Cette scène surréaliste a abouti à huit jours d’arrêt de travail pour deux policiers.

Mais qui était ce troisième énergumène qui a foncé dans la mêlée ?
 C’était Loïc, 31 ans, qui avait vu ses frangines en fâcheuses postures avec la police et qui avait décidé d’intervenir à sa manière.
« Et tout ça pour un ticket ! », souffle le président.
Véhémente à la barre, Nahila laisse parler son caractère : « J’ai mordu pour me libérer. J’ai dit au policier que je n’étais pas handicapée. Que je pouvais me lever seule. S’il m’avait parlé gentiment… »
Le président recadre la prévenue : « Les policiers ne sont pas des assistantes sociales. Et il me semble que vous êtes quelqu’un d’impulsif ».
Une impulsivité qui éclate, quelques minutes plus tard quand la procureur Fiorio parle d’hystérie.
La bouillonnante Nahila l’interrompt : « Vous ne connaissez pas ma vie ! »
Loïc : « Si j’avais été dans le bus, ce ne sont pas les policiers qui auraient reçu des claques mais ma petite sœur »
Me Richard Belin, l’avocat des policiers, écarquille les yeux.
Il retient « un comportement sidérant » et « une violence inouïe ».
Il apparaît que les deux aînés sont en état de récidive légale pour avoir été condamnés pour des violences.
À Basse-Terre pour Yvelise, à Lyon pour Loïc.
La procureur dénonce cette mentalité qui ferait que « l’on s’autorise à frapper des policiers ».
 Elle requiert la même peine pour les trois membres de la fratrie : 10 mois ferme.
Seule l’aînée, qui purge actuellement une peine à Mulhouse, est assistée d’une avocate.
 Me Marion Gonet explique que sa cliente a perdu la raison devant la peur de voir sa petite sœur faire une fausse couche.
« J’assume ce que j’ai fait », lâche Nahila, tête haute, sans se départir de son arrogante obstination.
« Moi, si j’avais été dans le bus, je vous assure que ce ne sont pas les policiers qui auraient reçu des claques mais ma petite sœur », signale Loïc.

Les trois prévenus ont été reconnus coupables et condamnés à trois mois de prison ferme.
 Ils devront aussi indemniser les policiers pour un montant de 2 700 €. Le prix de l’hystérie et des turpitudes en famille.

Sam BONJEAN

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