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dimanche 17 août 2014

L’Allemagne a-t-elle renoncé à son or ?

  
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Le 16 août 2014

   
On peut s’interroger sur l’intérêt de confier à un État étranger la garde de nos réserves d’or...

L’or de la Bundesbank (Banque centrale allemande) a-t-il disparu ?
Aussi extravagant que cela puisse paraître, la réponse ne va pas de soi.
Retour en arrière.
Pendant la guerre froide, ce qui était encore la République fédérale allemande avait confié la garde de la plus grande partie de ses 3.400 tonnes d’or (deuxième réserve mondiale) 1 aux Alliés, en l’occurrence la Banque de France, la Banque d’Angleterre et la Réserve fédérale américaine.
 Les choses auraient pu en rester là si, au lendemain de la crise européenne de 2010, n’avait émergé outre-Rhin une campagne citoyenne virulente pour le rapatriement de cet or à Francfort.
 Initialement rétive à tout changement, la Bundesbank avait fini par céder sous la pression populaire et l’interpellation du gouvernement par certains députés CDU et CSU, de sorte qu’en janvier 2013, elle annonçait avoir conclu un accord pour le rapatriement échelonné jusqu’en 2020 de 674 tonnes d’or, avec ses homologues française (374 tonnes) et américaine (300 tonnes).
Or, un an plus tard, seulement trente-sept tonnes d’or étaient parvenues dans les coffres de la Bundesbank, dont cinq tonnes seulement en provenance de New York, soit bien moins que ce qui avait été prévu.
L’hebdomadaire Der Spiegel rapportait même que les inspecteurs allemands n’avaient pas été autorisés à visiter les coffres.

Plus troublant encore, les barres acheminées en Allemagne furent immédiatement refondues, si bien qu’il n’existe aujourd’hui aucune preuve objective qu’elles aient jamais appartenu au stock d’or initial.
 Argument soulevé par la Bundesbank : les barres dataient d’avant-guerre et n’étaient pas aux normes – argument totalement dénué de sens pour un professionnel, qui sait pertinemment que les banques centrales détiennent des barres vieilles parfois d’un siècle.
Sur le Net, la polémique enfle.
Les grands médias se gardent bien d’aborder le sujet, mais l’affaire intéresse au moins autant les professionnels que les inconditionnels de la théorie du complot.
On rappelle qu’il y a quelques années, le sénateur Ron Paul avait demandé au Congrès un audit de Fort Knox.
Sans succès.
Où est passé l’or allemand ?
 En juin dernier, croyant calmer le jeu, plusieurs responsables allemands renouvelaient publiquement leur « confiance absolue dans l’intégrité de [leurs] partenaires étrangers », déclarations confuses interprétées par la presse comme un renoncement.
Est-il possible que l’or de la Bundesbank ait disparu ou ait été fondu?
 Peu probable.

Mais qu’il ait été gagé en faveur de gros créanciers souverains pour sécuriser la gigantesque dette des USA, ou bien vendu pour éviter une dégringolade du dollar après 2008, oui.

 Paul Craig Roberts, ancien sous-secrétaire d’État au Trésor sous Ronald Reagan, n’en doute pas une seconde.
En juillet dernier dans une interview donnée au magazine WND Weekly (3), il déclarait : «  Les États-Unis n’ont plus d’or, leurs stocks ont été épuisés quelque part courant 2011. »

 Après tout, la totalité de l’or [théoriquement] entreposé sur le sol américain, pour compte propre comme pour compte de tiers, atteint à peine 5 % du montant global de la dette publique.
Comme le relevait, non sans malice, un lecteur anonyme du Frankfurter Allgemeine Zeitung, « On peut s’interroger sur l’intérêt de confier à un État étranger la garde de nos réserves d’or, surtout s’il est avéré que ses services espionnent depuis des années les conversations téléphoniques de notre chancelier… »
 
Notes:
  1. Les deux tiers environ, sur un total estimé à 140 milliards de dollars.

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