Du fond de son fjord, Eva Joly voit, à l'horizon 2017, lunette à l’œil, le bateau du socialisme gouvernemental sombrer dans les abysses de l'histoire.
Joly, candidate EELV aux dernières élections présidentielles – 2,3 %, quand même – y voit plus clair cette fois-ci, et propose dans une tribune publiée dans Libération et cosignée par Julien Bayou, porte-parole des Verts, une candidature unique à gauche, issue d’une « primaire de l’autre gauche », dans l’espoir républicain d’éviter ainsi le spectre d’un nouveau « vintéunnavril ». J’ai vérifié, ce terme n’est toujours pas répertorié dans la dernière cuvée du Larousse, mais au vu des événements et des sondages qui se bousculent, de son futur usage intempestif (à l’envers ou à l’endroit), ça ne saurait tarder. Passons.
« Au lieu d’être obsédé par le socialisme gouvernemental », elle en appelle donc à une coalition de changement (sic), qui mobiliserait non seulement la grande famille écologiste, mais racolerait également en direction du Front de gauche, le cajolant sur la nécessité d’une Sixième République. Puis elle met le cap carrément à bâbord en direction des « socialistes non orthodoxes », les déçus de la social-démocratie à la sauce hollandaise, les frondeurs non alignés sur la politique d’austérité, en les invitant à aller « au bout de leur désobéissance ».
Non seulement le radeau PS coule à vue d’œil, mais en plus Eva veut y provoquer une mutinerie.
Pas joli joli.
Puis Eva se met à rêver Taubira et Montebourg, maintenant que ce dernier a le temps, et on pourrait peut-être même lui suggérer – afin d’augmenter les chances qu’une candidature unique puisse l’emporter – de ratisser encore plus large, pourquoi pas en direction du PCF voire même du NPA du gai luron Besancenot.
Ne manque plus que Bayrou, le temps qu’il retourne ses chaussettes et c’est parti pour le second tour en 2017.
Sinon, qui d’autre pourrait renflouer les urnes ?
Peut-être le vote des musulmans, au nom desquels Eva a milité pour l’obtention d’un jour férié le jour de l’Aïd-el-Kébir.
Ils sont 93 % à avoir voté Hollande, mais le vote du « mariage pour tous » donne à croire que siphonner cet électorat fera peut-être encore une fois la différence.
De plus en plus d’ailleurs.
Bien que la démarche d’Eva Joly se défende au vu de la déconfiture hollandaise, qui rocardise inexorablement dans son sillage un Premier ministre de moins en moins prometteur, celle-ci risque fort de ne pas aboutir.
À peine cette alternative proposée, c’est dans son propre camp que l’on se montre le plus dubitatif.
Jean-Vincent Placé, par exemple, parle déjà comme d’une très mauvaise stratégie de cette primaire de la « petite gauche ».
La primaire de l’espoir, l’autre primaire de la gauche, celle qui est censée faire en sorte que la France prenne le chemin du progrès écologique et social, et surtout éloigner le spectre d’un nouveau « vintéunnavril », commence bien.
On n’a pas encore fini de rire de la dernière primaire à gauche.
Avec tout ce beau monde embarqué, imaginez la franche rigolade de « l’autre » primaire de gauche.
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