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vendredi 7 mars 2014

"Le Kosovo vous reviendra dans la gueule”

 Par Frédéric Pons          

 
Hasard curieux : c’est au moment où le Kosovo célèbre l’anniversaire de son indépendance qu’éclate l’affaire de la Crimée. Province autonome serbe en 1999, le Kosovo avait été arraché à la Serbie par l’Otan et l’Union européenne.
 
Province autonome ukrainienne, la Crimée veut aujourd’hui échapper à Kiev, avec l’appui de la Russie.
 À quinze ans d’intervalle, les mêmes facteurs pourraient produire les mêmes effets : l’indépendance de la Crimée sous la tutelle de Moscou, comme le Kosovo devint indépendant sous la férule de l’Otan et de l’Union.
 La Russie avait condamné cette atteinte au droit international mais elle avait dû s’incliner devant la loi du plus fort. En 2008, le Kosovo déclarait son indépendance.
Vladimir Poutine s’adressa alors à l’Occident : « C’est un précédent dangereux. Un jour, cela vous reviendra dans la gueule. » Nous y sommes.

La démographie, la religion et les intérêts américains conduisirent à l’indépendance du Kosovo, contre la volonté de Belgrade et de Moscou, au terme d’une guerre et d’une campagne de propagande diabolisant la Serbie et exaltant les Kosovars.
 En Crimée, c’est un peu la même chose : la langue, la religion et les intérêts de la Russie poussent cette région à s’affranchir, malgré l’opposition de Kiev, de Bruxelles et de Washington.
 Sur place, les milices russophones jouent le même rôle que les combattants indépendantistes kosovars de 1999.
Les commandos russes déployés sur le terrain font comme l’Otan au Kosovo : ils “sécurisent”…
À Pristina, les Kosovars albanais dénonçaient la violence des Serbes.
À Simféropol, les russophones refusent la loi des “fascistes” de la place Maïdan, dont une des premières mesures fut la suppression du russe comme langue officielle.
Cet appel à l’aide à Moscou des 2 millions de Criméens ne vaut-il pas celui des 2 millions de Kosovars à l’Otan ?
 
Le droit international est violé en Crimée, comme il l’avait été dans les Balkans.
Ce faisant, Poutine nous “renvoie dans la gueule” ce fameux droit d’ingérence que l’Occident lui avait imposé au Kosovo, une aberration politique illustrée hier par Bernard Kouchner, aujourd’hui à Kiev par Bernard-Henri Lévy.

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