Gabrielle Cluzel
Supprimons cette petite chose inutile qu’est le ministère des Affaires étrangères puisque nous avons un BHL perpétuel.
Qu’on se le dise, BHL est de retour en Ukraine.
Dimanche, l’écrivain philosophe, du haut d’une tribune, est venu haranguer les foules sur la place Maïdan.
En fond, on entendait quelques maigres applaudissements.
Là-bas, on devait se pousser du coude en le montrant du menton : « Ben, c’est qui, ce gars-là ? », comme devant l’interprète pour sourds-muets de l’enterrement de Mandela : « D’où il sort pour parler au nom de tout l’Occident réuni ? »
Ah, inutile de nous regarder comme ça !
Nous autres, Français, n’en savons pas plus que vous.
Personne ne l’a jamais élu, personne ne l’a jamais nommé, mais il est là, un point c’est tout.
Comme l’alpha et l’oméga de la politique internationale française.
Les gouvernements passeront, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande, mais ses paroles ne passeront point.
Car les messies arrivent toujours un peu comme ça, ex nihilo.
Jean-Marc Ayrault parlait d’un gouvernement resserré, cela tombe à pic : supprimons cette petite chose inutile qu’est le ministère des Affaires étrangères puisque nous avons un BHL perpétuel.
Exit, aussi, cet autre gadget qu’est le ministère de la Défense, BHL sait faire aussi.
Mieux, il adore… le sifflement des balles, l’odeur de la poudre au petit matin.
Alors de l’ex-Yougoslavie à la Libye, de la Syrie à l’Ukraine, il n’aime rien tant qu’aller souffler sur les braises, s’indigner, exhorter et les uns et les autres à laver leur honneur au prix de leur vie.
C’est beau, c’est un poil ampoulé, c’est du BHL.
Dans BHL, il y a le B de Barry Lyndon, dont il cultive le physique de duelliste séducteur, le H de Hugo, dont il a les accents lyriques — Gloire à notre Ukraine éternelle !
Gloire à ceux qui mourront pour elle !
Aux martyrs ! aux vaillants ! aux forts ! — et le L de Lamartine, dont il va finir par partager le « romantisme poitrinaire », à promener imprudemment ses cols échancrés sous des latitudes si froides.
Sauf que le romantisme, en politique, cela vous transporte, mais cela tourne vite à Apocalypse Now.
Pour écrire l’histoire de régions aux plaies si mal fermées, il faut au contraire une plume réaliste, prudente, minutieuse, économe de la vie des hommes, avançant à pas comptés et précautionneux comme un rond-de-cuir dans un roman de Flaubert.
Une petite bourgeoise appliquée et circonspecte comme Angela Merkel qui tente de recoller, peut-être, les morceaux quand BHL, tutoyant Poutine, le menace de mille sanctions aussi plausibles qu’en son temps l’était l’invention de la « pluie artificielle » mexicaine de Malraux, un autre écrivain qui aimait bien aussi s’essayer avec emphase aux Affaires étrangères.
Certains disent, comme ça, que BHL en Ukraine, c’est d’une certaine façon une chance.
Une chance pour nous.
Car, pendant ce temps, nous avons la paix… au moins, nous.
Comme une jeune fille exaltée qui, rêvant « d’humanitaire », trouve infiniment plus noble de partir aider très loin dans des favelas exotiques plutôt que jouer à la crapette dans la maison de retraite de sa grand-mère solitaire, BHL préfère, merci mon Dieu, voler au secours des terres lointaines que s’intéresser à son propre pays.
Ce qui ne l’empêche pas de lui envoyer quelques banderilles quand il vient s’y reposer après un lancement de chantier international – entendez une fois l’impulsion donnée, la pelleteuse acheminée, le boxon installé.
Interrogé sur i>Télé par Laurence Ferrari sur l’antisémitisme de Svoboda, BHL rétorque aussi sec qu’on trouve « moins de fasci… », enfin « moins d’extrême droite en Ukraine qu’en France ».
Autrement dit, si néonazis il y a en Ukraine, ils ne seraient qu’une poignée, et rien que des nazis modérés ?
C’est le propre d’un romantique, non ?
Dépeindre dans un rose improbable ceux dont il s’est subitement entiché.
Dimanche, l’écrivain philosophe, du haut d’une tribune, est venu haranguer les foules sur la place Maïdan.
En fond, on entendait quelques maigres applaudissements.
Là-bas, on devait se pousser du coude en le montrant du menton : « Ben, c’est qui, ce gars-là ? », comme devant l’interprète pour sourds-muets de l’enterrement de Mandela : « D’où il sort pour parler au nom de tout l’Occident réuni ? »
Ah, inutile de nous regarder comme ça !
Nous autres, Français, n’en savons pas plus que vous.
Personne ne l’a jamais élu, personne ne l’a jamais nommé, mais il est là, un point c’est tout.
Comme l’alpha et l’oméga de la politique internationale française.
Les gouvernements passeront, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande, mais ses paroles ne passeront point.
Car les messies arrivent toujours un peu comme ça, ex nihilo.
Jean-Marc Ayrault parlait d’un gouvernement resserré, cela tombe à pic : supprimons cette petite chose inutile qu’est le ministère des Affaires étrangères puisque nous avons un BHL perpétuel.
Exit, aussi, cet autre gadget qu’est le ministère de la Défense, BHL sait faire aussi.
Mieux, il adore… le sifflement des balles, l’odeur de la poudre au petit matin.
Alors de l’ex-Yougoslavie à la Libye, de la Syrie à l’Ukraine, il n’aime rien tant qu’aller souffler sur les braises, s’indigner, exhorter et les uns et les autres à laver leur honneur au prix de leur vie.
C’est beau, c’est un poil ampoulé, c’est du BHL.
Dans BHL, il y a le B de Barry Lyndon, dont il cultive le physique de duelliste séducteur, le H de Hugo, dont il a les accents lyriques — Gloire à notre Ukraine éternelle !
Gloire à ceux qui mourront pour elle !
Aux martyrs ! aux vaillants ! aux forts ! — et le L de Lamartine, dont il va finir par partager le « romantisme poitrinaire », à promener imprudemment ses cols échancrés sous des latitudes si froides.
Sauf que le romantisme, en politique, cela vous transporte, mais cela tourne vite à Apocalypse Now.
Pour écrire l’histoire de régions aux plaies si mal fermées, il faut au contraire une plume réaliste, prudente, minutieuse, économe de la vie des hommes, avançant à pas comptés et précautionneux comme un rond-de-cuir dans un roman de Flaubert.
Une petite bourgeoise appliquée et circonspecte comme Angela Merkel qui tente de recoller, peut-être, les morceaux quand BHL, tutoyant Poutine, le menace de mille sanctions aussi plausibles qu’en son temps l’était l’invention de la « pluie artificielle » mexicaine de Malraux, un autre écrivain qui aimait bien aussi s’essayer avec emphase aux Affaires étrangères.
Certains disent, comme ça, que BHL en Ukraine, c’est d’une certaine façon une chance.
Une chance pour nous.
Car, pendant ce temps, nous avons la paix… au moins, nous.
Comme une jeune fille exaltée qui, rêvant « d’humanitaire », trouve infiniment plus noble de partir aider très loin dans des favelas exotiques plutôt que jouer à la crapette dans la maison de retraite de sa grand-mère solitaire, BHL préfère, merci mon Dieu, voler au secours des terres lointaines que s’intéresser à son propre pays.
Ce qui ne l’empêche pas de lui envoyer quelques banderilles quand il vient s’y reposer après un lancement de chantier international – entendez une fois l’impulsion donnée, la pelleteuse acheminée, le boxon installé.
Interrogé sur i>Télé par Laurence Ferrari sur l’antisémitisme de Svoboda, BHL rétorque aussi sec qu’on trouve « moins de fasci… », enfin « moins d’extrême droite en Ukraine qu’en France ».
Autrement dit, si néonazis il y a en Ukraine, ils ne seraient qu’une poignée, et rien que des nazis modérés ?
C’est le propre d’un romantique, non ?
Dépeindre dans un rose improbable ceux dont il s’est subitement entiché.
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