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samedi 3 août 2013

La remise en liberté de trois voyous relance la querelle police-justice.

Maison d'arrêt de Chartres. «Quel message d'encouragement adressé aux délinquants!» conflie Patrice Ribeiro, le patron du syndicat Synergie Officiers.

Maison d'arrêt de Chartres. «Quel message d'encouragement adressé aux délinquants!» conflie Patrice Ribeiro, le patron du syndicat Synergie Officiers.                                           
 
Crédits photo : LUDOVIC/REA/LUDOVIC/REA
 
Un rapport rédigé par un policier de Dreux dénonce cette décision prise par un magistrat sous le prétexte que la prison était pleine.
 
 Le Figaro a eu connaissance d'un rapport d'un commandant de police d'Eure-et-Loir adressé ce 1er août à son directeur central à Paris, par la voie hiérarchique.

 Adjoint au chef de la circonscription de police de Dreux, qui intègre une zone de sécurité prioritaire (ZSP) mise en place par Manuel Valls, ce fonctionnaire dénonce vertement la remise en liberté de trois voyous par un magistrat du parquet local au motif, selon lui, que la prison était pleine.


Jeudi dernier, assure ainsi ce commandant de police, «la brigade de roulement du commissariat de Dreux» a tenté de mettre à exécution les mandats d'écrou de trois délinquants (Charly et Brahim, natifs de Dreux, et Dominique, né à Fort-de-France), après les avoir arrêtés et placés en rétention judiciaire. Les deux premiers voyous auraient dû être en train d'effectuer trois mois de prison ferme et le troisième, deux mois. «Au moment de l'avis à M. le substitut de permanence et après avoir vérifié que ces mises sous écrou étaient toujours valides, quelle ne fut pas la surprise de l'OPJ (officier de police judiciaire) de se voir signifier par le magistrat de libérer sans délai les mis en cause, sans suites judiciaires, au prétexte que la maison d'arrêt de Chartres était pleine et qu'il ne fallait plus mettre en exécution le moindre écrou jusqu'au moins au 1er septembre», affirme le policier. «Il est inutile de préciser, ajoute-t-il, que ces instructions sont simplement ­verbales.»

Patrice Ribeiro, le patron du syndicat Synergie Officiers, destinataire en copie du rapport, au même titre que le procureur de Chartres, se scandalise: «Rendez-vous compte qu'avec de telles pratiques, si les voyous remis dehors commettent de nouveau un crime ou un délit grave, c'est aux policiers qu'on demandera des comptes, puisqu'il n'y a aucune trace écrite de cette démission judiciaire. Quel message d'encouragement adressé aux délinquants!» Le commandant auteur du rapport assure pourtant que «ce ne sont pas les services de police qui prennent l'initiative de l'exécution des mises sous écrou», mais le service de l'exécution des peines du tribunal. Il y aurait donc eu un dysfonctionnement interne à la justice.

Sentiment d'impunité

L'officier drouais poursuit: «Outre le sentiment d'impunité que peuvent avoir ces délinquants, chevronnés pour la plupart, lorsqu'ils franchissent la porte du commissariat moins de deux heures après avoir été interpellés, les conséquences sur le moral et la motivation des fonctionnaires de police sont immenses.»
Selon lui, la prison de Chartres «n'est pas la seule en France où à tout le moins en région Centre». Et de citer celles de Blois ou Nevers. «Il me semble également, estime-t-il, que d'autres solutions que la remise en liberté sèche pouvaient être appliquées (convocation devant le juge d'application des peines entre autres)».
Légitime, ce courrier indigné? «Je n'ai pas pour habitude de commenter des décisions de justice», prend soin de conclure le numéro deux du commissariat de Dreux dans son compte rendu. Mais il semblerait que dans cette ville, symbole du volontarisme affiché du ministre de l'Intérieur, certaines traductions des consignes de la Chancellerie passent de plus en plus mal.

«Je ne suis pas étonné, considère, pour sa part, Patrice Ribeiro, à Synergie Officiers. Place Vendôme, la ministre, Christiane Taubira, passe son temps à professer que c'est la prison qui fait la délinquance et non le délinquant qui devrait faire de la prison. Certains se hâtent de mettre en application cette doctrine insensée, alors que la délinquance monte objectivement partout en France.»
Selon lui, «la situation en matière de sécurité ne peut aller qu'en se dégradant». Ce que redoute, à sa manière, l'auteur du rapport. Ce qui s'est passé à Dreux, écrit celui-ci, «pourrait être source de problèmes importants dans les quartiers dits sensibles mais aussi au sein des commissariats». La Place Beauvau n'ignore pas ce risque.

http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/08/02/01016-20130802ARTFIG00529-la-remise-en-liberte-de-trois-voyous-relance-la-querelle-police-justice.php

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