POLITIQUE - «20 minutes» a interrogé plusieurs personnalités de la gauche sociale pour savoir s'ils comprenaient que les ministres soient contraints de prendre peu de vacances...
A moins d’avoir la tête enfoncée dans le sable d’une plage écrasée de soleil, difficile de passer à côté de la communication présidentielle.A grands renforts de confidences dans la presse et de déclarations de Najat Vallaud-Belkacem, François Hollande a fait passer le message: cette année, les vacances des ministres seront minimalistes.
Les membres du gouvernement devront donc être en villégiature pendant moins de deux semaines, à moins de deux heures de Paris. Ils devront assurer régulièrement des sorties médiatiques et organiser une permanence à leur cabinet.
Le président avait bien pensé les faire bûcher sur une dissertation («Comment imaginez-vous la France dans 10 ans?»), mais la fronde ministérielle a fait lâcher du lest au prof. Les élèves-ministres pourront rendre leur copie avant leur départ en vacances.
«Absurde, tout le monde a besoin de vacances»
Ce management du principal Hollande (Jean-Marc Ayrault plaide, lui, pour de vraies vacances) énerve les ministres qui disent avoir besoin de souffler après une longue campagne électorale et une première année de pouvoir éreintante.
Mais, les ministres doivent «donner l’exemple alors que l’on demande des efforts aux Français».
Une jolie histoire de comm’. Sauf que d’autres voix s’étonnent de voir un président de gauche maltraiter cette notion de congés, un des acquis sociaux de la gauche.
«C’est absurde, tout le monde a besoin de vacances. Cela me fait penser à une femme ministre de retour au travail quelques jours après son accouchement [Rachida Dati].
Cela donne un mauvais exemple aux Français, on est dans l’affichage», déclare à 20 minutes, Martine Billard, co-président du Parti de gauche.
Un avis partagé par la sénatrice socialiste, Marie-Noëlle Lienemann, ancienne ministre du Logement sous François Mitterrand. «Moi, j’éprouvais le besoin de m’arrêter. Un ministre doit savoir sortir de se bulle et de l’urgence du quotidien, il faut déléguer, profiter, réfléchir en prenant du recul. Mais que voulez-vous, on est là dans la mythologie des communicants qui veulent faire croire qu’un ministre travaille 365 jours par an», tacle l’ancienne secrétaire d’Etat du Logement Lionel Jospin.
Les syndicats moins durs
A quelques semaines du débat sur les retraites et alors que le gouvernement pourrait augmenter à nouveau les impôts, l’Elysée veut en effet montrer l’exemple. «Ce qui compte, c'est l'impression», a ainsi confié, selon Le Monde, un François Hollande traumatisé par les critiques médiatiques de l’été dernier.
Au-delà du symbole contre les congés, c’est la grosse ficelle de cette vaste opération de communication qui irrite une partie de l’opposition de gauche. «Il y a bien sûr la symbolique de l’effort, du travailler plus que l’on va nous resservir à l’automne pendant le débat sur les retraites.
Mais tout cela est surtout révélateur d’une crise politique à laquelle est incapable de faire face ce président. Les gens ne croient plus en ce modèle économique et politique, ils ne vont plus voter et, au lieu de débattre philosophiquement, on fait de la communication», estime Alexis Corbière, conseiller de Paris sous les couleurs du Parti de gauche.
Et que pensent les syndicats de ces travailleurs éreintés contraints de continuer à travailler pendant les vacances? Curieusement, ils sont les moins durs à l’égard du patron de l’Elysée.
«Au niveau de la santé au travail, il vaut mieux prendre de fréquentes pauses que de longues vacances. Et puis, compte tenu de la situation de la France, cela ne me choque pas», détaille Bernard Salengro, médecin du travail et secrétaire confédéral CFE-CGC, un syndicat de cadres.
«Quand on a des responsabilités, il faut assumer, que l’on soit syndicaliste ou ministre.
Et avant le débat sur les retraites, il est normal que Marisol Touraine, en charge du dossier se montre disponible, notamment si nous voulons la joindre», estime Eric Aubin, coordinateur du dossier retraite à la CGT.
Matthieu Goar
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