Plus une place libre au Palais des sports de Paris, 5.000 militants assis sur les fauteuils et jusque sur les marches, des portes fermées à 16 heures où l’on refuse les retardataires, une ferveur qui rappelle les grandes heures de la campagne présidentielle : Reconquête! et sa tête de liste Marion Maréchal ont retrouvé, pour le coup d’envoi de la campagne des Européennes, le souffle des grands meetings qui fut la marque d’Eric Zemmour lors de la présidentielle.
De quoi oublier des sondages récents décevants. Interrogé par BV à l’issue du meeting, Olivier Ubeda, le grand ordonnateur de ce premier meeting de Reconquête dans la campagne européenne, donnait l’esprit de l’évènement : « Je voulais casser le meeting classique, dit-il. J’ai accompagné les mots des orateurs ». Par des mises en scène grandioses à l'écran. Ces orateurs, Nicolas Bay, Guillaume Peltier, Eric Zemmour et Marion Maréchal, se sont situés ce soir une fois de plus à hauteur de civilisation, ce précieux don de l’Europe au monde. Or « l’Europe, c’est la symphonie », lance Ubeda. A son initiative, les participants ont ainsi applaudi et entendu Mozart, ils ont vu sur le grand écran le chaos de l’Europe de Bruxelles puis ont vu défiler les chefs-d’œuvre de la civilisation occidentale, le Colisée en tête. Ils ont encore vu trotter la plus noble conquête de l’homme, le cheval. « C’est avec le cheval qu’on a construit les nations », explique Olivier Ubeda qui a travaillé la mise en scène longtemps avant le jour J.
Feu sur l'Europe décivilisatrice
La campagne de Marion Maréchal est lancée, avec un slogan tout neuf : « la France fière ». Un slogan qui parle à BV, « quotidien de la France droite et fière » depuis un an. Comme un boomerang renvoyé aux wokistes pour qui l’Occident porte le poids de tous les maux infligés à la planète, Eric Zemmour qui s'exprime avant Marion Maréchal cite l’apport d’Aristote et lance : « Nous sommes la civilisation qui a rendu l’individu adulte : gloire à elle, gloire à nous ! » Il enchaîne en citant des noms qui, par eux-mêmes, disent la gloire de l’Europe : Jules César, Saint Louis, Bach, Galilée, Molière, Racine, Churchill, de Gaulle... « C’est parce que nous sommes fiers de l’Europe que nous en voulons à l’UE », lance Zemmour qui dresse « ce nouveau spectre, enfant de Staline et de Mahomet, l’islamo-gauchisme ». « La grande soumission européenne n’aura pas lieu », promet-il.
Marion Maréchal couronne à sa manière le propos sur la décivilisation orchestrée par l’ Europe de Von der Leyen et fidèlement accompagnée par Emmanuel Macron en insistant sur les drames individuels qui en sont la conséquence. Comme celui du père de la petite Lola. Un père « mort de chagrin, parti retrouver sa petite fille au Ciel », lance Marion Maréchal qui dénonce dans la foulée les viols de jeunes filles et de grand-mères, emblématiques « des ravages de l’immigration sur nos femmes et nos filles ». Personnelle et intime encore, la tête de liste Reconquête! insiste aussi sur son engagement « par amour pour ses filles, Olympe et Clothilde. Et les autres ». Les deux versants civilisationnels et individuels d’un même constat, celui de l’islamisation galopante de la France, que Marion Maréchal appuie sur le constat de sondages relayés par BV. Face à une UE qui « finance des organisations islamistes », Marion Maréchal veut dresser un mur.
Main tendue
Le souffle épique qui galvanise les électeurs de Reconquête! est bien là, mais pour la première fois ce dimanche soir, le patron du parti Reconquête! arrondit les angles pour s’adresser à ceux qui lui sont proches et qui ne votent pas (pas encore, espère-t-il) pour son parti. D’abord les fidèles de François Asselineau, apôtre argumenté du Frexit. « Certains à droite rêvent de quitter l’Europe, constate Zemmour : ils ne sont pas bêtes, ni fous ni conspirationnistes (…) Quand un patriote souffre, cela interpelle Reconquête! ! ». Marion Maréchal le redira avec des mots différents. Il le promet : si Marion Maréchal sort forte du scrutin européen au soir du 9 mai, avec d’autres patriotes européens, on pourra « sortir de la maladie des normes et de la catastrophe des migrants ». Vous n’aurez plus envie de quitter cette Europe et les Anglais regretteront de l’avoir quittée, assure Zemmour. Avant de faire scander le nom de Marion Maréchal.
Auprès de ceux qui sont tentés de voter pour le RN, Zemmour combat le réflexe du vote utile et lance : « Le 9 juin, regardez vous devant votre glace et demandez-vous qui vous êtes : votre vote sera le reflet de votre existence ». Et il ajoute sous les applaudissements et les rires : « En votant massivement pour Reconquête!, vous allez faire pleurer Jean-Michel Aphatie ». De quoi gagner des voix...
Mais là encore, changement de ton chez Zemmour. Le polémiste Zemmour se mue peu à peu en vrai politique. Les claques vengeresses du chroniqueur TV laissent la place à des bras grands ouverts. A l’adresse de Jean-Michel Aphatie et des autres opposants, Zemmour lance : « On vous aime ! Ils sont français, ce sont nos compatriotes », ajoutant « j’ai pour eux une affection sincère ». Ces mots « On vous aime », il les adresse aussi à LR et surtout au RN. Un vrai virage vis-à-vis du RN pour qui le fondateur de Reconquête! a eu des mots très durs. « Vous, les lepenistes qui caracolez dans les sondages, ne nous regardez pas de trop haut », invite-t-il. On a connu Zemmour plus mordant...
Marion Maréchal s’adressera aussi avec intensité aux électeurs RN, avouant un lien « politique », « affectif » et « intime » avec le parti créé par son grand-père. « Nous sommes des concurrents mais nous sommes aussi complémentaires », dit-elle en rappelant qu’elle défendait déjà l’union des droites au sein du RN, « seul chemin pour arriver au pouvoir ». Elle tend expressément la main à Jordan Bardella tandis que les militants scandent « Jordan, avec nous ! ».
Dans La Chanson de Roland, vieux texte qui raconte l’épopée de Charlemagne en Espagne, un combat singulier oppose l’empereur d’Occident, à qui apparait l’archange Gabriel, au chef sarrazin. Charlemagne gagnera le combat, rappelle Marion Maréchal qui lance, avant la Marseillaise, ce cri : « L’histoire n’est pas finie ! ».
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