Atami est une petite ville tranquille en bord de mer dans la préfecture de Shizuoka à une heure à peine de Tokyo en shinkansen.
J’étais au printemps 2019 dans cette ville avec mon fils et sa petite famille pour rendre la voiture de location après une merveilleuse escapade dans les environs d’Atami puis prendre le train de retour.
Quand j’ai appris qu’il y avait eu le 3 juillet de ce mois un glissement de terrain meurtrier en pleine ville j’ai naturellement prêté mon attention à cet événement. Au cours de la saison des pluies au Japon il y a toujours des glissements de terrain et comme l’indique l’illustration ci-dessous (capture d’écran du site du Parisien daté du 4 juillet) les zones dangereuses sont très bien répertoriées. La géologie des collines surplombant la ville est de type volcanique détritique. Ces collines sont recouvertes de massifs presque impénétrables de bambous qui stabilisent les sols. Bien qu’il soit tombé près de 300 litres d’eau au m2 en 48 heures cette végétation très dense aurait du protéger la ville contre tout glissement de terrain. Or il n’en fut rien et le résultat a été catastrophique, pour l’instant quelques morts et plusieurs dizaines de disparus.
Pourquoi un tel glissement de terrain a-t-il parcouru le centre de la ville semant la désolation et la mort sur son passage ?
L’explication vient d’être trouvée. Un entrepreneur peu scrupuleux à l’égard de la nature et de son utilité pour préserver l’équilibre naturel a obtenu un permis il y a quelques années pour s’approprier quelques hectares de forêt qu’il a défriché ignorant à l’évidence que les bambous sont un facteur sécurisant extraordinaire avec leurs rhizomes gigantesques qui stabilisent des sols.
Cet entrepreneur a apporté des remblais par camions entiers pour constituer des terrasses afin d’y installer des panneaux solaires. Apparemment les autorités des services géologiques de la préfecture de Shizuoka ont donné leur feu vert pour ce projet. Il faut signaler ici que si les éoliennes sont pratiquement bannies du paysage au Japon parce qu’elles portent atteinte à l’harmonie des paysages lorsqu’un entrepreneur détecte un site favorable pour l’installation de panneaux solaires, beaucoup plus discret, il obtient un permis car il collabore à la décarbonatisation de l’atmosphère. Bref, cet entrepreneur a déposé le bilan et a disparu après avoir probablement empoché de rondelettes subventions en laissant les terrasses artificielles représentant près de 50000 m3 de remblais et les voies d’accès en l’état, c’est-à-dire à l’abandon.
Les fortes pluies de ces derniers jours ont emporté cet édifice instable de remblais récents ravageant la ville d’Atami. Naturellement la presse occidentale a immédiatement incriminé le dérèglement du climat provoquant ces fortes pluies. Les autorité préfectorales japonaises locales ont vite expliqué la cause première de ce glissement de terrain particulièrement spectaculaire et meurtrier. Il est évident qu’y compris au Japon quand il s’agit d’énergies renouvelables la corruption est présente. Des têtes vont tomber et se retrouver en prison, qu’il s’agisse des fonctionnaires qui ont accordé le permis pour le développement de ce projet et l’entrepreneur lui-même et ses complices s’ils sont retrouvés par la police. L’implantation de panneaux solaires est courante au Japon et se situe toujours dans des zones souvent difficilement accessibles mais nécessitant automatiquement des bouleversements majeurs de la configuration naturelle des terrains. Ce précédent pourrait conduire le gouvernement central du Japon à revoir sa copie au sujet des énergies photovoltaïques.
Morale de cette histoire, énergies renouvelables = corruption et morts d’hommes et pas seulement au Japon. Source : NHK
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