On aime, on n’aime pas Xavier Bertrand, mais faut lui reconnaître une certaine constance.
Car ça fait un moment, en effet, qu’il s’est détecté un destin national au cours d’un bilan de carrière réalisé devant sa glace en se rasant.
Il l’avait annoncé bien avant les élections régionales. Les mauvais esprits lui renvoyaient dans les gencives qu’il se servait de sa réélection dans les Hauts-de-France comme d’un tremplin pour l’étape suivante, l’étape ultime. Un argument du genre : « Vous n’allez tout de même pas réélire quelqu’un qui, aussitôt réélu, va vous laisser tomber comme de vieilles chaussettes pour partir en campagne, voire, si affinités avec les Français, préférer jouer dans la cour des grands de l’Élysée que de distribuer des subventions dans des plénières interminables et soporifiques au conseil régional ! » Un argument qui ne tient pas la route un instant, quand on y réfléchit un peu. Car c’est sans compter sur le syndrome du régional de l’étape. Élu président de la République, c’est un peu de sa gloire qui rejaillira sur ses électeurs. Chirac construisait des routes en Corrèze, Hollande des salles polyvalentes ou je ne sais quoi, Bertrand trouvera bien quelque chose pour les Hauts-de-France, ci-devant Nord-Pas-de-Calais et Picardie.
Au passage, faut reconnaître que l’appellation « Hauts-de-France » ressemble tellement à son inventeur. Sarkozy avait les Hauts-de-Seine dont il n’était pas l’inventeur, Bertrand a voulu ses Hauts-de-France à lui. Ça ronfle comme un lotissement de luxe avec piscine dans chaque jardin et des allées bordées de haies bien taillées. Un peu nouveau riche, mais c’est pas grave, c’est joli et pérennise l’idée à la noix que l’on monte dans le Nord et descend dans le Sud.
Donc, un destin national. C’est bien connu, il y a les celles et ceux qui ont un parcours professionnel, ce qui est déjà pas mal par les temps qui courent. Puis les celles et ceux qui ont un plan de carrière qui se termine avec le canapé à la boutonnière. Enfin, le nec, la crème pour les celles et ceux, très rares, qui ont un destin. Et au destin, en général, on y accole le qualificatif « national ».
Mais comment deviner que Xavier Bertrand a un destin national ? Simple. Il suffit de l’écouter. L’autre soir, sur TF1, qu’a-t-il déclaré ? « J’ai la conviction qu’il n’y aura qu’une candidature de la droite républicaine. » Au nom du principe que c’est le premier qui arrive en haut du mât qui décroche la timbale.
Pas toujours vrai. Souvenons-nous, Pompidou à peine mort, Chaban-Delmas s’était, ipso facto, déclaré candidat à la présidence, pensant couper la route à tous ses camarades de la grande meute gaulliste. Un jeune chien se nommant Chirac régla le problème et ce fut Giscard, qui n’était pas de la troupe. Autres temps, autres mœurs, autres circonstances et tout ça. Mettons…Mais foin de digression historique qui ne peut cependant pas échapper à l’assureur de Saint-Quentin et revenons à sa déclaration de lundi soir : « Mes amis républicains prendront leur responsabilité. Ma responsabilité, c’est celle de rassembler et de prendre les meilleurs pour que l’on réussisse à redresser le pays. » Nous y voilà : « Ma responsabilité » ? Pourquoi lui plus qu’un autre ? L’a eu une révélation, un matin de printemps à l’heure du laitier ou de la crémière, la prédiction d’une sorcière, un soir d’hiver, lorsqu’il rentrait de sa tournée ? On veut savoir. C’est important, pour la légende. Au fond, pourquoi pas lui, vous me direz, au train où vont les choses.
Petit machin minable.
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