Madame,
Peu habitué à correspondre avec les représentants de la maréchaussée, y compris lorsqu’ils exercent leur fonction par procuration en tant qu’artistes de variété, veuillez d’emblée excuser mon émotion et, de facto, quelques fautes d’orthographes ou autres erreurs de conjugaison.
D’éventuelles lacunes que vous n’aurez, j’en suis certain, aucune difficulté à pardonner si l’on s’en réfère à cette phrase libellée sur votre peau lors de la cérémonie des Césarisés : « Rend nous l’art Jean ». Sachant qu’après « moultes » recherches et consultations, mais aussi, avouons-le, grâce au diagnostic de mon épouse, il s’avère que les verbes du 2ème et 3ème groupe prennent un « s » à la deuxième personne du singulier de l’impératif. Donc, vous auriez dû écrire « Rends nous l’art Jean » A moins bien entendu que, n’ayant pas les épaules assez larges, vous ayez choisi de sacrifier le « s » pour lui préférer, un peu plus bas, cet espace entre art et Jean.
Etrange jeu de mot adressé en direct à la télé et dans votre plus simple appareil à un Premier ministre qui, comme beaucoup d’entre nous, se demande peut-être encore qui de l’Art ou du cochon portait ici sa revendication.
Mais laissons de côté cette graphorrée qui aurait bon dos si « l’argent » justifiait vraiment le dit dépouillement. Gageons qu’en ce qui vous concerne et contrairement à beaucoup de Français, il n’est plus cette source de préoccupations qui affecte d’ordinaire ceux qui ne passent jamais à la télévision.
Je connais, à ce titre, un fort sympathique boulanger qui, comme vous, arbore chapka, obligé de se lever dès potron-minet pour gagner sa vie, sans toutefois avoir le droit de se dévêtir en public au cas où il n’y parviendrait pas. L’échelle des valeurs étant pour cette occurrence inversement proportionnelle à la célébrité de l’acteur.
Des acteurs et des artistes pour beaucoup porteurs de messages politiques lors de cette cérémonie où 130 d’entre vous furent exemptés de couvre-feu. Preuve que Jean est indulgent avec l’art alors que le reste de la France est prié, vous le savez peut-être, de se coucher beaucoup moins tard.
Nue, après avoir laissé choir à vos pieds une tunique ensanglantée, vous êtes apparue, tampons hygiéniques dans les oreilles, taguée recto-verso, prenant au passage quelques distances déontologiques avec ce qu’est censé incarner la fonction du capitaine Marleau.
Le plus navrant ne résidant pas dans le fait que vous vous soyez entièrement déshabillée, beaucoup choisissant désormais de se dépouiller pour exprimer ce qu’ils ont à dire, la méthode ne relève plus, à ce titre, d’une quelconque originalité.
L’ennui, au propre comme au figuré, réside plutôt dans cette part consubstantielle d’orientation politicienne devenue coutumière chez certains comédiens. Un peu comme lors de cette cérémonie des Césars, que nous qualifierons à la fois de scatologique, de pathétique et d’idéologique, où madame Foïs, après avoir délivré une flatulence sur la bande annonce arrive avec un caca de chien emballé dans un sac en plastique doré. Et ce, avant de passer la parole aux artistes du jour qui évoquèrent pèle-mèle Adama Traoré, les camps de concentration ouïghours, le sort des migrants, Georges Floyd, la loi sécurité globale, ou encore l’assurance chômage défendue comme il se doit par une réalisatrice habillée en Chanel.
Du beau monde qui aimerait bien ressembler au Che Guevara ou à Louise Michel, mais qui confond un peu trop vite le prisme de la réalité avec celui du cinéma. Oui, du beau monde que nous ne tarderons pas à revoir, sur les marches du Festival de Cannes où vous irez, les uns et les autres, moins pétaradants et plus scintillants, arborer cette suffisance qui vous permet de patauger dans l’entre soi des célébrités.
Allez, capitaine, « You, You » comme l’on dit chez vous. Et à jamais. Parce qu’à choisir, je préfère vraiment la chapka de mon boulanger.
Jean-Paul Pelras
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