Combien étaient-ils, des agapes élyséennes du 16 décembre dernier, maintenant tous punis, peut-être, de l’inconséquence de leur jeune chef ?
On parierait qu’ils étaient 13 à la table de cette fine équipe de convives, tant ils ont été poissards.
Bien informé par quelque Judas de service, Le Point dresse le plan de table : face au Président infectieux, Castex, premier servi potentiel de ses exhalaisons virales. À sa droite, le secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler. Chocolat, lui aussi ! À sa gauche, le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand : ferré ; prise de risque maximale. Mais qui ne risque rien n’a rien, dit le proverbe. Et autour d’eux, les bons apôtres de la vulgate macronienne : Stanislas Guerini, sourire et calvitie évangéliques ; Christophe Castaner, toujours genou à terre ; les officiels ; les officieux ; les embrouillés judiciaires ; 12 à table au total ! Sans oublier François Bayrou, sous ses faux airs de ravi de la crèche.
La chute du chef a dévoilé les complotistes. Que tramaient-ils donc, à ces heures indues, jusqu’à minuit passé, moquant allègrement la consigne donnée au pandore en faction chargé du couvre-feu et tous les règlements du Code sanitaire ? L’un des convives a craché le morceau : « On a parlé de plein de sujets, notamment la crise sanitaire, forcément, mais aussi des élections régionales. » Oui, forcément ! Politique politicienne, tambouille électoraliste dans la casserole LREM-MoDem en pleine guerre virale !
Au petit matin du 17, la cuvée à bulles élyséenne leur laissait la gueule de bois ; ébahis ! Un coup vache pour le Béarnais qui, à peine descendu d’avion à l’aéroport Pau-Uzein, commentait benoîtement : « C’est bien la preuve qu’en dépit de toutes les précautions qu’on peut prendre, ce virus est extrêmement contagieux. Même le Président n’y échappe pas… » Ah, ce bon monsieur Bayrou ! Comme les choses seraient plus simples si tout était planifié d’avance. Le voilà, comme Castex, Ferrand et Guerini, placé à « l’isolement » sanitaire.
Mais, soucieux d’exemplarité, comme les autres impeccables convives de la « grappe » présidentielle – « cluster », en globish –, il assure à Sud-Ouest qu’il se fera tester « en temps voulu ». Car, depuis le 3 septembre, François Bayrou planifie notre avenir planétaire « à titre gratuit » pour, selon le chef de l’État, « semer les graines pour demain et retrouver le sens du temps long ». Tout cela voudrait-il dire que, pour François Bayrou, le temps a suspendu son vol ? Il semblerait pourtant qu’il presse ! Car, à quelques mois de son 70e anniversaire, le haut-commissaire nous paraît être personne à risque. Et pas que sur le plan Covid.
Vous avez dit planifier ? Parlons-en ! Un document du Conseil économique, social et environnemental (CESE) vient étriller sa première note de travail en relevant que « la pauvreté et la précarité s’aggravent de manière inquiétante, ce qui est trop succinctement traité » dans la note du Haut-Commissariat. Les enjeux environnementaux seraient « évoqués trop marginalement ». Il ferait aussi « impasse » sur les conséquences de la crise sur la production culturelle et l’éducation populaire serait aussi la « grande absente » du dossier. Plus préoccupant : les services de François Bayrou semblent ne point faire, ajoute le CESE, « une distinction […] claire entre ce qui relève de l’action à court terme pour faire face à la pandémie et ce qui relève de la stratégie à long terme ». Et de regretter encore que le Haut-Commissariat « mette sur un même plan manifestations et actes de terrorisme en abordant le climat social ». À quoi servent alors, à François Bayrou, les 200 collaborateurs, issus de l’organe public de conseil France Stratégie, et le budget alloué de 15 millions d’euros pour une vraie prospective ?
Que vise donc François Bayrou, par cet investissement à la hauteur de sa rémunération ? On a connu le Rantanplan qui devait motiver les troupes. Et on aura sans doute, avec lui, le Reste-en-plan et peut-être la trahison ultime, si l’on en croit l’augure Sarkozy.
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