Depuis trois jours, le Landerneau politico-médiatique français est en émoi : on parle et on disserte à satiété sur la possible démission de Macron.
Une démission motivée non par le désir de se retirer après un constat d’échec patent et pour couronner un aveu d’impuissance face à la crise terrible qui nous attend, mais pour précipiter une réélection au moment propice.
L’affaire a été révélée par le journaliste politique Carl Meeus, du Figaro Magazine, et n’a été démentie par les services de l’Elysée que trois jours après, rapporte le Parisien.
C’est de bonne guerre, mais peut on y croire, quand on connait le sérieux et l’expérience du journaliste concerné ?
Macron aurait évoqué en petit comité cette éventualité pour précipiter sa réélection, à présent qu’il n’a toujours pas de rival sérieux en face.
Cette information est particulièrement éclairante à plusieurs titres :
– Macron révèle ainsi qu’il ne peut se maintenir que par défaut, en l’absence de rival crédible.
En filigrane, on comprend qu’il a peur de voir émerger un concurrent de poids qui ne pourrait que le terrasser dans deux ans, vu son impopularité.
C’est un aveu de faiblesse immense, la conscience de sa disqualification dans l’opinion.
On peut donc déduire de cette stratégie que Macron pense avant tout à lui et à sa réélection avant de penser au pays – mais ça, on s’en doutait.
Et qu’il observe avec angoisse les bouleversements d’un paysage politique qui pourrait le mettre sur la touche.
– Mais cela révèle aussi et surtout qu’il anticipe une situation dramatique pour la France dans deux ans, une France qui ne se serait pas relevée de la crise économique et ne lui permettrait pas de se servir de son bilan comme argument de campagne.
Macron aimerait voir l’élection se dérouler tant que la situation est encore mitigée, car dans deux ans, elle sera probablement si catastrophique qu’il se voit déjà conspué dans les urnes, voire dans l’incapacité de se représenter.
– Surtout, un détail d’importance est très peu commenté par les observateurs, comme s’il s’agissait d’un détail : Macron aurait annoncé sa démission éventuelle lors d’une visioconférence qui rassemblait, depuis Londres, le cercle de ses principaux donateurs.
Des donateurs londoniens.
Macron rend donc des comptes à ses donateurs qui auraient la primeur de la stratégie présidentielle, et ce sont eux qui recueillent avant tout le monde ses confidences.
Et, pourquoi pas, qui le conseillent, le pilotent, l’orientent, dans sa carrière, mais aussi dans la politique qu’il conduit, qui sait.
En 2018, j’écrivais dans OPA sur l’Élysée : « Quand l’oligarchie finance une usine, une société, une entreprise, une équipe de chercheurs, un champion de football, une vedette de la chanson, du cinéma ou de la télévision, elle en attend un retour sur investissement. Telle est la loi des affaires, depuis que le monde est monde. Il en sera de même concernant les huit millions d’euros qu’elle a apportés à son poulain, sans compter la mobilisation sans faille de ses rédactions derrière lui. C’est donc devant ses actionnaires, plus que devant ses électeurs, que le président Macron se sentira obligé de rendre des comptes. »
Le 2 décembre 2018, le JDD révélait : 800.000 euros de dons pour la campagne de Macron émanaient de la City de Londres, soit plus que ceux provenant des neuf premières villes françaises ! Le plus grave, dans cette stratégie hasardeuse de démission-réélection, n’est pas son machiavélisme ni son coté sauve-qui-peut, mais l’auditoire devant lequel tout cela a été évoqué, qui démontre, s’il fallait encore, pour qui roule Macron et qui inspire sa politique…
Olivier Piacentini
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