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lundi 18 mai 2020


18 mai – Saint Éric 

 Ah, douceur et mélancolie discrète du confinement… comme nous la regrettons déjà, lorsqu’assis sur la cimaise des doléances républicaines abstruses et des clabauderies de réseaux nous nous surprenons à souhaiter une grippe Avia généralisée, qui pourrait dissoudre à jamais ce bavardage incessant écornant les pages de la raison, cet insatiable brouhaha de muqueuses, de cerveaux nains, de narcisses en fleuraison sur leurs lits de selles molles, cet épanchement d’avis et de contre-avis auquel nous serions presque peinés de joindre notre propre voix ici-même, en rajoutant à l’édifice branlant de ces tours de Babel digitales notre propre litanie de crécelle…

Dernier non-évènement en date qui agite le cirque romain, un « hashtag de la honte » qui propage quelques blagues antisémites flairant bon l’école communale.

Le plus navrant n’est certainement pas l’antisémitisme bas du front de ces collégiens, ce n’est pas non plus la façon dont la gauche s’en est emparée pour faire croire à un retour de la peste brune alors qu’à l’évidence ces blagues Carambar sont majoritairement propagées par de sympathiques mahométans - cette racaille islamisée dont nos édiles socialistes furent les plus cyniques défenseurs ; le plus navrant c’est la façon dont toute la communauté des pleureuses de l’ordre républicain s’agite et pousse des cris d’orfraie, faisant mine de ne pas s’apercevoir qu’il s’agit là du plus banal des enfantillages.
La lèpre que propage Twitter et l’ensemble des réseaux sociaux, c’est avant tout cette déhiérarchisation totale des propos et des avis, qui met sur le même plan un tweet d’Emmanuel Macron, de Nabilla, ou d’adolescents mononeuronaux en mal de reconnaissance.
Car enfin, les blagues racistes, les blagues de mauvais goût, les blagues sur « les pédés et les juifs » seront toujours monnaie courante dans les cours de récréation, comme elles l’ont toujours été.

Je mets au défi quiconque de n’avoir aucun souvenir de s’être soi-même plié à cet exercice sous un préau, entre un cours d’instruction civique et une initiation à la poterie avec Madame Dumézil, l’instit qui avait les plus gros seins du quartier. On peut légitimement s’attacher à créer un monde moins discriminant, à vouloir contenir la haine, éduquer à la patience et au respect, c’est oublier que l’enfance est un prisme de la cruauté, une temporalité déviante où s’exercent dans l’indifférence les quolibets les plus douloureux, les plus injustes opprobres, et que la haine est également une forme d’apprentissage qu’il serait dangereux d’évacuer.
L’enfant écrase des fourmis pour comprendre son pouvoir sur le réel, le collégien insulte un plus petit que lui pour évacuer sa propre peur d’être différent.
Le problème est que les réseaux sociaux sortent cet apprentissage de l’intimité des salles de classe pour le mettre en lumière, pour lui donner une visibilité à laquelle, intrinsèquement, il ne peut avoir droit, sous perdre de perdre immédiatement sa qualité initiatique, pour n’être désormais plus qu’une course à la célébrité, une grimace de l’idiotie capitalisée par les réseaux.
L’enfance, avec toutes ses beautés et toute sa connerie, est vendue au plus offrant, détaillée en datas par les machines algorithmiques, sournoisement théâtralisée par le jeu des commentaires et des réactions en chaîne...dans cet exemple précis on voit d’ailleurs que l’islamisme de bazar dont se revendiquent certains agit également comme un réseau social, comme un prisme déformant.

Rendez aux gosses leur gossitude, rendez aux écervelés leurs alcôves de chiottes publiques, leur littérature de graffitis, et interdisez tout simplement les réseaux sociaux aux mineurs.

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