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lundi 1 mai 2017

Gauche et révisionnisme: non, Hitler n’est pas arrivé au pouvoir grâce au suffrage universel!

 Le 01/05/2017


Le suffrage universel est-il dangereux, au point qu’il faille éclairer l’opinion sur ses choix électoraux (et surtout la mettre en garde contre des choix « populistes ») ?
 
 Un mythe accrédite cette croyance: l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler par les urnes, cette tarte à la crème du révisionnisme historique de gauche, qui justifie un encadrement idéologique d’une opinion publique présentée comme capable du pire.
Vous comprenez, si on les laisse seuls face aux urnes, ils risquent de se faire piéger par des populistes façon Adolf Hitler!
 Donc, il faut les guider!
Le problème est évidemment que l’histoire allemande prouve le contraire et montre comment Adolf Hitler ne serait jamais arrivé au pouvoir si le suffrage universel avait été la seule source de légalité dans l’Allemagne des années 30.
 
De la République de Weimar (petit rappel pour les Français)
 
Pour ceux que l’histoire allemande laisse un peu froids, rappelons juste qu’en 1919, après l’effondrement du deuxième Reich, l’Allemagne se dote d’un régime démocratique appelée République de Weimar.
 Ces événements sont mal connus en France.
 Par exemple, peu de Français savent que l’Allemagne n’existait pas avant 1871 et la proclamation de ce deuxième Reich à… Versailles.
Bref, le 9 novembre 1918, le Reich s’effondre et une assemblée constituante se réunit dans la ville de Weimar, dans un immense désordre nourri par l’espoir d’une révolution bolchevik.
Cette république fonctionne avec un président élu pour 7 ans, un chancelier et une assemblée élue à la proportionnelle intégrale.
 
Hitler n’a jamais été majoritaire dans les urnes

Dans les années 20 (après un coup d’Etat raté en 1922), Adolf Hitler monte son fameux NSDAP, le parti national-socialiste allemand du travail, connu en France sous le nom de parti nazi.
On retrouvera sur Wikipedia cet excellent graphique qui rappelle le score obtenu par le parti au cours des innombrables élections qui ont secoué la vie politique allemande de l’entre-deux-guerres:
 
 
Comme on le voit, le parti nazi n’atteindra jamais la majorité parlementaire.
 Jusqu’aux élections de 1932, il ne pèse même pas 20% des voix, c’est-à-dire beaucoup moins que le Front National dans la France d’aujourd’hui.
Jusqu’en 1928, cinq ans avant l’accession d’Adolf Hitler au pouvoir, il est même quasi-groupusculaire.

 
L’échec d’Adolf Hitler à l’élection présidentielle de 1932

En 1932, le maréchal Hindenburg doit remettre son mandat présidentiel en jeu.
Hitler est candidat face à lui.
 Il obtient 30% au premier tour contre 49% à Hindenburg.
Au deuxième tour, Hindenburg emporte l’élection avec 53% des voix contre 36% à Hitler (et 10% au communiste Thälmann).
Là encore, il est faux de dire qu’Adolf Hitler serait arrivé démocratiquement au pouvoir.
Certes, les législatives qui suivent ce scrutin présidentiel apportent 37% de voix au parti nazi, mais celui-ci entame une décroissance dans les mois qui suivent.
 Nous sommes en tout cas très loin d’une accession au pouvoir par le suffrage universel.
 
Hitler est arrivé au pouvoir à cause des divisions de la gauche

De septembre 1930 (moment où le parti nazi devient le premier parti d’Allemagne) à janvier 1933 (moment où Hindenburg fraîchement réélu choisi Hitler comme chancelier, c’est-à-dire comme Premier Ministre), l’histoire politique de l’Allemagne est celle d’une longue résistance du centre droit allemand à la solution Hitler.
Pour comprendre pourquoi Hindenburg se résigne à confier aux nazis le soin de former un gouvernement, il faut suivre les forces en présence.
Aux élections de novembre 1932 (provoquée, de fait, par les nazis), la composition du parlement est la suivante:
 
 
Mathématiquement, une coalition de gauche et du centre détenait la majorité absolue capable d’appuyer un gouvernement sans les nazis.
Si, lorsque Hindenburg a proposé, dans la foulée de ces élections qui marquent la décrue des nazis, à von Schleicher de monter un gouvernement d’union nationale, les sociaux-démocrates n’avaient pas fait capoter l’opération, Hitler ne serait jamais parvenu au pouvoir.
Face à l’impossible union des forces politiques allemandes sans les nazis, Hindenburg se résout à appeler Hitler à la Chancellerie en janvier 1933… en prenant la précaution de le flanquer d’un vice-chancelier, von Papen, qui sera vite débordé par Hitler.
 
Le suffrage universel n’est donc pas coupable de l’accession de Hitler au pouvoir

Prenons bien garde à ne pas laisser planer de doute sur la sagesse des peuples lorsqu’ils votent…
 
En tout cas, non, Bertrand Delanoé, Hitler n’est pas arrivé au pouvoir par les urnes.
 
Stop à cette manie de mettre en doute la démocratie.

eric-verhaeghe

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