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mercredi 12 avril 2017

Macron, lancé comme une marque de vêtements, va faire pschitt

Le 12/04/2017
 
 
 

Publié par Sidney Touati le 12 avril 2017

Le général Boulanger, Poujade et la marque « Macron ». Depuis le début de la campagne pour les élections présidentielles, Emmanuel Macron occupe le centre de la sphère médiatique, la quasi-totalité des grands médias s’étant fortement mobilisée en sa faveur.
 
Macron est incontestablement le candidat officiel du « système » qu’il prétend dépasser.
Un ensemble de personnalités qui va de Robert Hue à Alain Madelin en passant par François Bayrou, Emmanuel Vals et Daniel Cohn-Bendit lui ont apporté leur soutien.
Le surgissement brutal d’une personnalité nouvelle dans le paysage politique est assez rare dans notre pays. A ma connaissance, il n’existe que deux précédents : ceux du général Boulanger et de Poujade.
 
Il faillit être propulsé à l’Elysée par une foule excitée, refusa le « coup d’Etat », prit peur et s’enfuit pour la Belgique où il se suicida sur la tombe de sa maîtresse
 
Sur fond de crise (scandale des Décorations) le général Boulanger nommé ministre de la Défense en 1886, devint populaire en autorisant les soldats à porter la barbe, à manger dans une assiette avec une fourchette et en faisant peindre en tricolore la guérite de la garde. (Les réformes proposées par Macron sont à peu près du même niveau).
La belle prestance du général Boulanger et quelques coups de gueule contre les Allemands renforcèrent sa popularité.
Il « fut un moment la coqueluche des divers adversaires (même de gauche) des hommes aux pouvoirs ».
Elu triomphalement à Paris en 1889, Il faillit être propulsé à l’Elysée par une foule excitée, refusa le « coup d’Etat », prit peur et s’enfuit pour la Belgique où il se suicida sur la tombe de sa maîtresse. (Lucien Bély, Histoire de France*, éd. Gisserot, 1997, p.165)
Quelques années plus tard, sur fond de crise et de mouvement de contestation des petits commerçants, le papetier du Lot, Pierre Poujade, avec son slogan « Sortez les sortants » réussit contre tout attente lors des élections de 1956, à obtenir 2 500 000 voix et à envoyer à la chambre 51 élus.
Là encore, Poujade parvint à rassembler de manière éphémère une masse hétéroclite qui va du Parti communiste à l’extrême droite. Il sera battu un an plus tard, en 1957.
 
Il existe certes entre ces trois moments de l’histoire de France, des différences évidentes mais également quelques similitudes.
On constate que dans les périodes de doute et de crise, lorsque la classe politique au pouvoir est globalement discréditée (c’est le cas actuellement après le quinquennat décevant de François Hollande) les Français peuvent s’enticher d’un inconnu tel Boulanger, Poujade ou Macron.
Généralement, cet engouement a pour caractéristique d’être aussi intense que soudain, mais de faible durée.
Passé le moment de colère et d’euphorie, ces « hommes providentiels » s’effondrent et disparaissent sans laisser une grande trace dans l’histoire.
 
Cependant, si le phénomène-illusion Macron lancé comme on lance une « marque de vêtements» perdure jusqu’aux élections, ce dont il est permis de douter dès lors que tout porte à croire que la marque « Macron » fera « pschitt », il ne résistera pas à l’épreuve des réalités.
 
Porté à la tête du pays par les procédés du marketing politique, sans majorité, sans parti politique pour le soutenir, comme son maître Hollande, il ne pourra gouverner et entraînera la France dans une instabilité type 4e République.
 
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Sidney Touati pour Dreuz.info.

1 commentaire:

  1. A la différence de Macron, le Général Boulanger avait un bilan contrairement à ce que cet article laisse entendre. Il ne s'est pas contenté d'autoriser le port de la barbe ou l'usage de la fourchette. Il s'était déjà fait remarqué à la Direction de l'Infanterie et fut choisi pour représenter la France au Centenaire de l'indépendance américaine. Tant à la Direction de l'Infanterie qu'au Ministère de la Guerre, il entreprit des réformes considérables pour remettre sur pied une armée dévastée par la défaite de 1870. On lui doit probablement de ne pas avoir perdu la Grande Guerre: loi sur l'espionnage, organisation du recrutement, organisation des troupes coloniales, création d'un Corps d'ingénieurs militaires, décrets sur l'avancement , service d'aérostation militaire, révision des règlements de manoeuvre, organisation du commandement des places fortes et des forts, modification de l'armement, de l'équipement et du matériel... C'est à lui que nous devons le remplacement du fusil Gras par le fameux Lebel qui a rendu de grands services en 14-18. Il refondit les services secrets (2e Bureau). Il oeuvra surtout de façon à la fois efficace et discrète, via son ami le Prince Giedroyc, à l'alliance avec la Russie. Sa réorganisation de l'Armée fit pencher le Tsar en faveur de la France.
    Par ailleurs, il n'eut pas peur et ne recula pas au moment de prendre le pouvoir. Il a toujours considéré et exprimé que le Coup d'Etat de Napoléon III avait été la cause de sa faiblesse et une des raisons de la défaite de 1870. Pour tenir face à l'ennemi allemand, il fallait une Nation unie - il en était convaincu - un coup d'Etat ne pouvait que nuire à cette impérieuse nécessité.
    S'il s'enfuit en Belgique, c'est qu'au lendemain de son élection triomphale, des lois d'exceptions ont été adoptées pour le faire comparaître devant la Haute Cour de Justice (en cela il serait plus à comparer à Fillon) et se fit voler la victoire que lui conférait le scrutin. Sa chute politique est due aux divisions qui s'installèrent au sein de son mouvement à ce moment-là (en cela il pourrait effectivement inspirer Macron qui aura bien du mal à tenir ses troupes).
    Enfin, il est de bon ton de se gausser de la mort du Général Boulanger; peu savent qu'il était devenu morphinomane du fait des souffrances que lui faisaient endurer ces 7 blessures graves reçues dans sa carrière militaire, notamment la première, reçue lors de la Campagne d'Italie où une balle lui traversa le poumon sous le coeur et le laissa presque pour mort sur le champ de bataille. Seule la morphine, procurée par sa maîtresse, parvenait à apaiser ses crises de douleurs et lui redonnait un peu de lucidité entre deux crises de profonde exaltation puis de dépression. A la mort de sa maîtresse, son désarroi et sa douleur furent tel qu'il ne trouva d'autre exutoire que dans la mort.

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