Le 01/11/2016
Jean-Michel Leost
Ce n’est pas sans raison que de Gaulle avait, en 1960, qualifié l’ONU de « machin » !
Vendredi dernier, l’Assemblée générale de l’ONU a rejeté la candidature de la Russie au Conseil des droits de l’homme.
De nombreuses organisations humanitaires, comme Human Rights Watch (HRW), avaient appelé à ne pas renouveler le mandat de la Russie, en raison de son soutien au régime de Bachar el-Assad : « Il est difficile de croire que les gens qui ont voté aujourd’hui n’avaient pas en tête la situation à Alep », a souligné la directrice adjointe de HRW à New York.
La Russie n’est pas un modèle en matière de respect des droits de l’homme, direz-vous : pour une fois, les pays membres ont voté selon leur conscience !
Le Conseil des droits de l’homme a été créé en 2006 pour remplacer une commission dont la crédibilité était pour le moins contestable : maintenant, ces aberrations sont du passé.
Que nenni !
L’Arabie saoudite, déjà nommée en 2015 à la tête du « groupe consultatif », a fait son entrée au Conseil des droits de l’homme.
Ce modèle de démocratie bombarde allègrement les rebelles chiites au Yémen, tuant des milliers de civils, elle a inscrit l’amputation dans son droit pénal, elle pratique la peine de mort pour apostasie ou adultère et a procédé, en 2015, à plus de 150 exécutions – record qui pourrait bien être dépassé en 2016.
C’est que l’Arabie saoudite possède deux labels de qualité : le pétrole et son alliance privilégiée avec les États-Unis.
Elle peut donc se targuer sans vergogne, dans sa brochure de campagne, de soutenir « l’habilitation des femmes à tous les niveaux » en accord avec la « loi de la charia », qui garantit une « juste égalité de genre ».
Son cynisme la poussera peut-être un jour à se déclarer pionnière en « gender studies »…
Mais l’Arabie saoudite n’a pas été la seule à être choisie pour son exemplarité : la Chine, Cuba, l’Égypte et autres pays si respectueux des droits de l’homme font partie des heureux élus.
On croit rêver !
L’ambassadeur russe à l’ONU a préféré minimiser ce camouflet en l’attribuant ironiquement aux « vents contraires de la diplomatie » et en assurant que la Russie avait besoin « de faire une pause ».
Cet épisode justifie une fois de plus, s’il en était besoin, la déclaration d’un évêque irakien pour dénoncer le massacre des chrétiens : « Notre sang vaut moins que leur pétrole ! »
Jean-Frédéric Poisson a repris ce cri de détresse dans le titre d’un récent ouvrage sur l’abandon du Proche-Orient par le gouvernement français, soumis aux monarchies pétrolières.
Les atteintes aux droits élémentaires, les massacres, les crimes de guerre des uns ne valent pas ceux des autres.
Si l’argent n’a jamais d’odeur, le sang versé est plus ou moins visible selon les intérêts.
Choisir l’Arabie saoudite comme arbitre des droits de l’homme, c’est comme nommer un pyromane chef des pompiersa commenté le directeur d’une ONG.
L’ONU avait même inscrit l’Arabie saoudite sur sa liste noire des pays violant le droit des enfants : elle avait dû la retirer rapidement sous la pression financière du royaume.
De quoi se poser des questions sur le fonctionnement et les objectifs de cette immense organisation.
Sans compter que les États savent se passer de l’autorisation du Conseil de sécurité, si besoin est, comme les États-Unis se lançant contre l’Irak dans une guerre dont on subit encore les conséquences.
Ce n’est pas sans raison que de Gaulle avait, en 1960, qualifié l’ONU de « machin » !
Décapitations publiques en Arabie saoudite
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