"Du jamais vu" selon un agent.
 Comme les autres personnels de l'hôpital public Ambroise Paré de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) qui n'ont voulu parler que sous couvert d'anonymat, il a été "stupéfait" par les conditions d'accueil réservé à un riche émir du 8 au 13 mai dernier dans l'enceinte de l'établissement de l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP).
 Car si ici on est habitué à voir défiler "des princes et des princesses, des stars et d'autres personnalités", jamais un séjour hospitalier n'avait autant mobilisé.

Neuf chambres, des jets d'eau…

Ainsi, selon les informations révélées ce mercredi par Le Canard enchaîné, l'hôpital Ambroise Paré a "privatisé toute une aile du service orthopédie" pour l'émir.
 Pendant six jours, "neuf chambres et une salle de détente ont été réservées au 7e étage avec vue imprenable sur le bois de Boulogne et l'hippodrome de Longchamp".
"Ce monsieur a reçu un accueil VIP, comme on dit.
 Jamais un patient n'avait pris autant de place, confiait à metronews un personnel ce mercredi.
 Il avait entre 30 et 40 personnes avec lui : gardes du corps, famille…

Par ailleurs, une partie de nos services a été mobilisée, notamment pour installer les ordinateurs, les téléphones, les télés et aussi les jets d'eau dans les toilettes".

 A cela s'est ajouté la livraison de fleurs, des allers-retours de camion de grands traiteurs apportant des repas…
"Bien sûr, ce n'est pas l'hôpital qui payait" tient à préciser cet agent avec ironie.


Un de ses collègues affirmait par ailleurs que deux agents avaient été dédiés à ce patient "pas comme les autres".
"Il avait une infirmière et une aide-soignante à ses côtés qui se relayaient 24h/24, précisait ce dernier sous couvert d'anonymat. Et la direction n'avait pas choisi les pires, elles ont été castées : gentille, jolie…".

"Renommée du service"

Contactée au sujet de ce "brancard en or pour un émir" du Canard, l'AP-HP a confirmé que ce patient étranger avait été accueilli à Ambroise Paré où il avait choisi de se faire opérer "compte tenu de la renommée du service et de la technique opératoire appliquée".
L'Assistance Publique ajoute que pour recevoir cet homme, le Pr Hardy, chef du service, a "demandé à sa direction de pouvoir consacrer neuf lits" et qu'une "autorisation lui a été donnée" notamment du fait "d’une importante recette attendue" et "des contraintes de sécurité".
L'Assistance précise par ailleurs que "le week-end du 8 mai avait été choisi en raison de la baisse d’activité inhérente à ces longs week-ends" et que la fermeture de cette aile n'avait en aucun cas "pénalisé les autres patients".
 Elle conteste par ailleurs une quelconque infirmière ou aide-soignante "dédiée" ou la mobilisation d’informaticien.

En revanche, elle admet que "des douchettes ont été raccordées aux 3 WC de l’étage conformément à la demande du patient" et précise qu'il "s’agit d’un dispositif amovible qui a déjà été retiré depuis son départ".
Et de conclure : "Le mobilier demandé, essentiellement des chaises et un canapé, a été pris dans les réserves de l’hôpital. Avec l’accord du service médical, le patient a eu recours à un service de traiteur dans la mesure où l’hôpital ne pouvait pas fournir le niveau de qualité qu’il demandait. Quant aux véhicules de location haut de gamme stationnés dans l’hôpital", ils n'ont eux pas "gêné les usagers".

"Si en interne c'était quelque peu bouleversant, aucun patient ou de famille ne s'est plaint" admettait un personnel espérant que cela ne se reproduise pas trop souvent.

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