Créé le 25/09/2013 à 19h21 -- Mis à jour le 25/09/2013 à 19h23
SOCIETE – Implanté en 2008 dans une zone industrielle, le programme d’accompagnement n’est plus financé. Ni par l’Etat, ni pas la ville…
Depuis le 15 juillet, l’expérience du village d’insertion de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), ouvert avec 21 familles en 2008 au cœur d’une zone industrielle, n’est plus qu’un lointain souvenir.
L’Etat a cessé de payer le 31 décembre 2012 cette expérimentation, lancée sous la présidence Sarkozy, censée favoriser l’insertion des Roms grâce à des accompagnements scolaires et d’accès à l’emploi.
Puis ce fut au tour de la mairie, en plein été.
Conséquence, l’électricité a été coupée, tout comme l’accès à l’eau.
Le propriétaire s’est tourné vers la justice et a demandé l’expulsion des Roms. Leur sort sera scellé le 4 octobre prochain, au tribunal de grande instance de Bobigny.
Aujourd’hui, il ne reste plus que sept familles sur ce terrain bitumé où quelques caravanes sont toujours stationnées, entre deux tas de ferraille.
L’Etat s’étant désengagé du programme fin 2012, la ville de Saint-Ouen n’a pas voulu payer «toute seule» les 2 millions d’euros estimés chaque année pour «insérer» les familles. «On a fait l’effort financier pendant cinq ans. On est même allé au-delà», justifie-t-on à la ville.
«Il y a 20.000 Roms en France, 10.000 en Ile-de-France, 600 à Saint-Ouen, soit 1% de la population.
Il faut une solidarité, au moins régionale», déplore-t-on dans l’entourage de la maire, Jacqueline Rouillon, apparentée parti communiste.
«Reprendre les financements»
Gagarine Harap, 55 ans, fait partie des Roms installés depuis l’ouverture du village. Il jure vouloir «poursuivre le programme».
«Je veux travailler et les enfants veulent retourner à l’école», soupire-t-il.
Alors quand on lui demande ce qu’il pense des propos tenus par le ministre de l’Intérieur, un large sourire s’affiche sur son visage rondouillard.
«Valls? Ça fait dix ans que j’entends ça. A force, je n’y prête même plus attention», soupire ce «chauffeur-livreur-plombier».
«Le projet est un échec.
D’ailleurs, si c’était vraiment un village d’insertion, pourquoi est-il si éloigné de la ville, en pleine zone industrielle?» s’interroge Samir Mile, président de La voix des Roms. Ce responsable associatif demande à la mairie de «reprendre les financements».
Un autre bidonville
Le «village» est gardé par un vigile.
Ce sont les propriétaires de terrains voisins, en chantier, qui ont fait appel et payé une société de gardiennage pour empêcher l’installation d’un campement illicite.
Mais comble de l’absurde, un bidonville de 500 Roms s’est construit fin juillet à quelques centaines de mètres seulement du «village», sur un terrain privé appartenant à Réseau ferré de France (RFF).
Le tribunal de Bobigny doit se prononcer sur une éventuelle expulsion mercredi prochain.
Les expulsions à répétition mettent en difficulté les tentatives d’insertion.
«A Sarcelles, où j’avais réussi à convaincre les parents de scolariser leurs enfants, le bidonville a été détruit, après une décision d’expulsion.
Je n’ose même pas retourner les voir», lâche Samir Mile. Gagarine prend la parole: «Les Roms ne sont pas tous voleurs et alcooliques.
Il y en a, sûrement. C’est bien la preuve qu’on est un peuple, comme tous les autres», conclut-il.
http://www.20minutes.fr/societe/1227839-20130925-roms-lexperience-manquee-village-dinsertion-saint-ouen
http://www.20minutes.fr/societe/1227839-20130925-roms-lexperience-manquee-village-dinsertion-saint-ouen
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