Vincent
de Longueville pour boulevard Voltaire
C’est Noël en juin !
Le père François nous l’avait promis pour la fin d’année, et voilà-ti-pas que ça y est, le chômage stagne !
Seulement 100 chômeurs de plus en mai, c’est-à-dire rien rapporté aux 3,26 millions que compte la France.
Une victoire après deux ans de hausse. Étonnamment, le gouvernement a le triomphe modeste. Ainsi de son chef qui, en tournée en Martinique, haut lieu du chômage national, n’a pas hésité à déclarer qu’on était « encore loin du but ».
Quelle humilité, quand on sait le nombre de ministres pendus depuis un an à cette foutue courbe ascendante, pour enfin la faire plier.
Certains, d’ailleurs, se demandent comment un tel miracle a été rendu possible, alors que l’INSEE nous balance chaque semaine un nouveau seau de chiffres pourris : l’Hexagone en récession depuis six mois, 113.000 destructions d’emplois attendues en 2013 et une population active en hausse de 137.000 personnes, qui devraient nous mener à un joli compte rond de 250.000 chômeurs supplémentaires en fin d’année.
Alors, comment qu’il a fait, le père François ? Ben, il a convoqué toute la matière grise du gouvernement en concile et, après avoir fumé du cerveau, ils ont crié « Eurêka ! ». Puisque ces oublieux de patrons s’y refusent mordicus, nous, qui aimons la France, allons créer des emplois nous-mêmes !
Et créatifs, il faut bien reconnaître qu’ils le sont. Rien que pour 2013, outre le maintien des 440.000 emplois aidés de 2012, une petite cohorte supplémentaire de 100.000, payés aux trois quarts par le ministère du Travail.
Premier servi : l’excellent ministre Peillon, dont le nom résonne ici singulièrement. Il avait déjà touché le gros lot, avec 60.000 créations de postes sur le quinquennat. Et voilà qu’il nous annonce, tout content, que 10.000 jeunes peu ou pas qualifiés vont bientôt encadrer des encore plus jeunes, encore moins qualifiés, « pour faire qu’il y ait plus de sérénité » dans les collèges et les lycées.
La semaine dernière, il en annonçait autant pour soutenir les directeurs d’école.
À se demander si tout ça ne rend pas davantage service au ministère du Travail qu’à celui de l’Éducation nationale…
Bon, évidemment, les caisses sonnant creux, on peut quand même pas les embaucher trop longtemps. De 10 à 24 mois, c’est déjà pas mal. Ensuite, on leur promettra de les reconduire s’ils votent pour nous. Comme ça, c’est gagnant-gagnant.
Le hic, c’est que c’est laborieux, d’embaucher tous ces gens-là. Surtout quand on n’a pas grand-chose à leur proposer. Alors, en attendant, il faut des mesures d’urgence. Première méthode, qu’on pourrait dire « des chiffres et des lettres » : on fait glisser 8.200 chômeurs du noyau dur du chômage (catégories A, B, C) vers son « halo » (catégories D et E), en les exonérant de recherche d’emploi.
Mais comment on fait ça, père François ? Tu te débrouilles, tu m’en mets un en formation, un autre en stage, un troisième en cellule de reclassement… Ça nous fera toujours quelques mois de gagné, puisque le « halo », n’est-ce pas, tout le monde s’en fout comme de son premier conseiller Pôle emploi.
Seconde méthode : le chômeur invisible. Tu l’vois; tu l’vois plus. Simple et efficace. En mai, 220.000 personnes ont ainsi été virées des statistiques pour « défaut d’actualisation », 36.400 de plus qu’en avril. Du jamais vu depuis que l’homme est homme. Et si Monsieur n’a pas reçu sa convocation, père François ? J’veux pas l’savoir, tu m’le vires ! Et si Madame n’a pas fait signer son p’tit papier d’entretien ? Dehors ! Et rendez-vous le mois prochain.
Les mauvaises langues estimeront sans doute que la fermeture de Pôle emploi 5 jours d’affilée, pour cause de viaduc du 8 mai, a retardé les inscriptions au chômage.
Moi je préfère retenir l’aspect positif : les 2.000 postes promis aux 900 agences pour septembre, afin de décharger les conseillers.
Tout bien pesé, c’est peut-être ça, la solution : quand vous recevez un chômeur dans votre bureau, faites-le asseoir sur vos genoux, et tout le monde sera content !
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