Le 06/03/2017
Lionel Baland
Les autorités autrichiennes ont déclaré fin février 2017 que monsieur Erdoğan n’est pas le bienvenu dans le cadre de la campagne du référendum.
Des rassemblements électoraux turcs prévus en Allemagne, en Autriche et aux Pays-Bas, en faveur du « oui » au référendum du 16 avril 2017 portant sur une réforme constitutionnelle visant à accroître les pouvoirs du président Recep Tayyip Erdoğan, engendrent des tensions diplomatiques entre ces pays de l’Union européenne et le gouvernement d’Ankara.
Le chancelier social-démocrate autrichien Christian Kern appelle désormais l’Union européenne à la rescousse.
Alors que la venue de dirigeants turcs en Europe occidentale, notamment de Recep Erdoğan, afin d’y tenir des meetings électoraux auprès de la diaspora turque, avait été tolérée dans le passé, des rassemblements prévus dans le cadre du référendum provoquent des réactions des autorités concernées.
Les raisons de cette évolution se trouvent dans la dégradation de l’état de la démocratie en Turquie, mais aussi dans le fait que les gouvernements des pays concernés par cette pratique des autorités turques se trouvent sous la pression des partis patriotiques actifs dans leurs pays respectifs.
Le gouvernement néerlandais ne désire pas voir le ministre des Affaires étrangères turc se rendre, le 11 mars 2017, aux Pays-Bas afin de prendre part à une manifestation électorale à Rotterdam.
Le Premier ministre libéral de droite Mark Rutte (VVD), qui dirige un gouvernement réunissant son parti et les travaillistes du PvdA, indique sur Facebook :
« Nous ne collaborerons pas à cela. Nous ne souhaitons pas cela. Nous sommes d’avis que l’espace public néerlandais n’est pas l’endroit pour des campagnes politiques d’autres pays. »
Le président du parti patriotique et anti-islamisation PVV, Geert Wilders, déclare qu’une telle personne ne doit pas être la bienvenue aux Pays-Bas. Recep Erdoğan a assimilé l’annulation de meetings à des pratiques de l’époque nationale-socialiste et a dénoncé le fait qu’elles émanent d’un pays qui se permet de donner des leçons de démocratie à la Turquie tout en empêchant les ministres de ce pays de s’exprimer.
Le gouvernement autrichien, regroupant les sociaux-démocrates du SPÖ et les conservateurs sociaux-chrétiens de l’ÖVP, se trouve sous la pression permanente du parti patriotique FPÖ, donné premier à 33 % des voix en vue des législatives de l’automne 2018.
Le chancelier SPÖ Christian Kern n’a désormais plus que la possibilité de pratiquer la politique de la terre brûlée à l’encontre du FPÖ en appliquant des mesures allant dans le sens de celles réclamées par celui-ci.
Alors que les autorités autrichiennes ont déclaré, fin février 2017, que monsieur Erdoğan n’est pas le bienvenu dans le cadre de la campagne du référendum, Christian Kern estime, ce dimanche 5 mars au sein du quotidien allemand Welt am Sonntag, que l’Union européenne doit interdire aux dirigeants turcs de conduire une campagne sur son sol en faveur du référendum et que cette réponse collective permettrait à des pays comme l’Allemagne d’échapper à la pression du gouvernement turc.
Il désire également que l’Union européenne mette fin aux discussions en vue de l’adhésion de la Turquie et réduise, voire supprime, les milliards d’euros d’aide qui doivent être affectés à la Turquie par l’Union européenne au cours des années à venir.
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