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mercredi 17 février 2016

Syrie : « crimes de guerre », dénonce notre nouveau ministre des Affaires étrangères

                                                    

Le 17/02/2016
 
Nos dirigeants et les médias qui les suivent, inconditionnellement alignés sur Washington et sur Ryad, s’obstinent à souhaiter ardemment la défaite du président syrien.
   
Une explosion d’indignation bien jouée et bien coordonnée accompagne les derniers développements de l’offensive aérienne et terrestre menée conjointement avec succès dans la région d’Alep par l’aviation russe, l’armée syrienne et ses alliés iraniens ou libanais.
 « Les avions russes et syriens ont très probablement visé cinq hôpitaux et deux écoles, faisant près de cinquante morts », titre Le Monde.
« L’Europe et l’ONU meurent aussi à Alep », larmoie Libération.
Quant à notre tout nouveau ministre des Affaires étrangères, chaussant les sabots de son prédécesseur pour mettre sans tarder ses pas dans les mêmes ornières, il dénonce « des actions constitutives de crimes de guerre ».
L’imputation est grave, elle vaut évidemment condamnation dans l’esprit de ses auteurs et l’on ne saurait du reste exclure qu’elle soit au moins en partie fondée.
 Mais est-il encore permis d’aller au-delà des mots, de la noble posture qu’ils traduisent, de la réprobation qu’ils entraînent et de regarder en face, calmement et simplement, la réalité d’une guerre qui ressemble à toutes les guerres ?
Quand, en 1940, Hitler, dans la foulée de son blitzkrieg gagnant, faisait pilonner par sa Luftwaffe Londres, Liverpool et Coventry, avec pour objectif de détruire l’industrie, de terroriser la population et de mettre à genoux la Grande-Bretagne, il était naturellement tentant, et la BBC ne s’en priva pas, de stigmatiser la spécificité de la barbarie nazie, étrennée trois ans plus tôt dans le ciel de Guernica.

Aussi est-ce en toute bonne conscience que la RAF puis l’aviation américaine, lorsque vint l’heure de représailles que méritait bien, n’est-ce pas, un peuple complice du nazisme, écrasèrent sous les bombes Cologne, Hambourg, Berlin et Dresde et tout ce qui y vivait, civils ou militaires.
Si, dans le cadre de la préparation du débarquement puis, celui-ci effectué, pour mener l’assaut contre la forteresse Europe, nos bons alliés déversèrent un tapis de bombes sur Rouen, Caen, Lisieux, Billancourt, sur tous les nœuds ferroviaires et routiers de France, faisant plus de 60.000 victimes dans la population, il s’agissait seulement d’ouvrir la voie à leurs armées, sans la moindre intention mauvaise contre ceux qui se trouvaient au mauvais endroit au mauvais moment.
Si, un an plus tard, deux engins d’un type inédit et d’une puissance sans équivalent rasèrent Hiroshima et Nagasaki et persuadèrent le Japon de demander la paix, le président Truman ne cherchait en l’occurrence qu’à épargner des vies américaines, à ramener à la raison les Nippons, peut-être aussi à instaurer l’hégémonie américaine.
Et que dire du million de Vietnamiens victimes du napalm et de l’agent orange ou des centaines de milliers d’Irakiens qui furent les dégâts collatéraux de bombardements dont la précision chirurgicale était vantée lors des conférences de presse de l’US Army mais n’apparaissait pas évidente à ceux qui prenaient missiles, bombes à fragmentation, obus à l’uranium enrichis et autres ingénieux gadgets sur le coin de la figure ?
 On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs.
On ne fait pas de guerre sans tuer des hommes.
 Ceux qui condamnent les seuls crimes de guerre russes et syriens ignorent-ils vraiment que la guerre est génératrice de crimes, pour ne pas dire que par nature elle est le crime même ?
 Seraient-ils à ce point naïfs ?
 Ils ne le sont certes pas lorsque, comme par hasard, ils ne dirigent la lumière et ne jettent l’opprobre que sur les fautes et les crimes d’un seul belligérant.

 Alors que d’innombrables témoignages attestent des horreurs et des atrocités commises par Daech ou le Front al-Nosra, au moment même où l’on nous apprend, en quelques lignes, que le soi-disant État islamique a utilisé des stocks de gaz tombés entre ses mains, alors surtout que le sort des armes, après lui avoir été défavorable, tourne en faveur de Bachar el-Assad, soutenu par ses alliés, il n’y a ni hasard ni bonne foi dans la nouvelle campagne médiatique et diplomatique lancée contre le président-dictateur syrien.
 Et comment feraient nos professeurs de morale et de vertu pour faire reculer la rébellion « modérée » et celle qui ne l’est pas en réservant leurs frappes aux seuls combattants ?
Quelles recettes possèdent-ils qui épargneraient les villes, les rues, les bâtiments, les hôpitaux et les écoles qui abritent indistinctement militaires et civils, les seconds servant aux premiers de boucliers humains ?

  La vérité est que nos dirigeants et les médias qui les suivent, inconditionnellement alignés sur Washington et sur Riyad, s’obstinent à souhaiter ardemment la défaite du président syrien, de son régime, de ses alliés, et recouvrent l’ensemble d’analyses, de connivences, d’intérêts, d’arrière-pensées, d’erreurs et de bévues qui expliquent leur choix du grand manteau immaculé et mensonger de la justice, de l’humanité.

 Ils ont choisi leur camp, soit.

Qu’ils aient au moins la franchise de l’avouer !

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