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dimanche 23 mars 2014

Gauche schizophrène.

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Le 23 mars 2014


   
La camarilla des camarades qui nous gouvernent, ou font semblant de nous gouverner, a déclenché un tir d’artillerie lourde en réponse au missile unique lancé par Nicolas Sarkozy.

« Insupportable » (François Hollande), « grave faute morale » (Jean-Marc Ayrault »), « irresponsable » (Claude Bartolone), « attaque inouïe contre les institutions de la République » (Harlem Désir), « mise en cause des fondements mêmes des institutions judiciaires françaises » (Michel Sapin)…
Piquée au vif ou plutôt mimant une indignation parfaitement factice, la camarilla des camarades qui nous gouvernent, ou font semblant de nous gouverner, a déclenché un tir d’artillerie lourde en réponse au missile unique lancé par Nicolas Sarkozy tandis que la magistrature dont l’impartialité et l’apolitisme avaient été révoqués en doute par l’ancien président de la République se drapait noblement dans sa dignité offusquée et sa toge offensée.
 Quant à la presse amie du pouvoir, plutôt que de dénoncer sinon le principe au moins l’évident abus constaté dans la pratique du système des écoutes judiciaires elle dénonçait la violence de sa victime.

A l’aune du « faites ce que je dis et ne faites pas ce que je fais », le traitement de cette affaire mérite de rester dans les annales de la gauche morale et schizophrène ou, pour le dire plus simplement, de l’hypocrisie inhérente à l’exercice du pouvoir.
Que n’aurait pas dit, et avec raison, notre belle gauche si un gouvernement de droite, sous prétexte de savoir s’il n’avait pas renouvelé sa carte d’adhérent à une organisation trotskiste, avait placé Lionel Jospin sous surveillance renforcée ?
 Que n’aurait pas dit, et à juste titre, un journal comme Le Canard enchaîné si, pure supposition, un ministre de l’Intérieur de droite avait installé des micros dans ses locaux ?
 Que n’auraient pas dit, à bon escient, les intellectuels de service et les syndicats de la magistrature, si, en violation du secret de l’instruction et du respect le plus élémentaire de la vie privée, les conversations intimes et les libres propos de simples citoyens avaient été étalés sur la place publique, petit tas de secrets qui relevaient de tout sauf du secret d’Etat ?

Mais pourquoi rester sur le mode interrogatif et dans le registre de la supposition ?
 Le hasard de l’actualité a fait coïncider la divulgation des écoutes effectuées pendant au moins six mois sur les téléphones de Nicolas Sarkozy avec de nouveaux développements de l’enquête internationale lancée par les révélations d’Edgar Snowden.
Ainsi a -t-on pu voir dans Le Monde ou dans Libération voisiner des dossiers où l’on stigmatisait comme il se doit le système planétaire d’espionnage mis en place par la NSA et la CIA avec la complicité des grands opérateurs de télécommunication et des réseaux sociaux et des pages où l’on s’efforçait de justifier laborieusement le mouchardage dont un ancien chef de l’Etat a été l’objet et dont on ne connaît peut-être pas encore la durée, l’ampleur et les conséquences.

On s’en voudrait de ne pas décerner pour finir la palme de l’inconscience ou de la mauvaise foi à Benoît Hamon, auteur de cette incroyable formule qui mérite de rester attachée à son nom longtemps après qu’on aura oublié le reste de l’œuvre du ministre de l’Economie sociale et solidaire : « Quand on n’a rien à se reprocher, il n’y a aucun problème à être mis sur écoute. »

 Fouché n’aurait pas dit mieux.

Fouché… ou la Stasi ?

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