Dans la deuxième ville de France, les délinquants sévissent partout et tout le temps.
Marseille, IXe arrondissement. Dans la nuit du lundi 3 au mardi 4 juin, aux alentours de 2 heures du matin, un homme de 21 ans a été grièvement blessé par arme blanche alors qu’il se tenait devant une supérette de la place Saint-Roch.
Son pronostic vital est engagé. L’auteur, lui, pourrait être un jeune homme de 17 ans interpellé au petit matin à La Soude, une cité sensible du même arrondissement. Il y a de quoi s’en désoler, mais l’affaire est banale.
Même dans le IXe arrondissement, un secteur qui ne fait pas partie des quartiers nord, bien au contraire. La place Saint-Roch constitue l’esplanade de l’église de Mazargues, le village de Jean-Claude Gaudin. Il s’agit d’un « quartier commerçant aux ruelles colorées où il fait bon vivre et se balader », comme l’indique l’office du tourisme de la deuxième ville de France. En réalité, il s’agissait…
Encore
Éléonore Bez, conseillère d'arrondissement RN des IXe et Xe arrondissements, raconte à BV : « Il y a une insécurité qui s’installe depuis un an à un an et demi. Les commerçants ferment boutique au profit d’alimentations de nuit et de barbiers », des secteurs d'activité dont les connexions avec le narcotrafic ne sont plus à démontrer. Le deal, autrefois cantonné aux cités, se déplace et prend place dans les noyaux villageois. L’élue confie : « Maintenant, il est partout. »
Autre problème dans ce quartier, la proximité avec la prison des Baumettes où il y a beaucoup de détenus incarcérés sous le régime de la semi-liberté. Selon la conseillère municipale, « les magistrats leur laissent 2 à 3 heures de battement pour rentrer », ce qui leur permet de « traîner en soirée » et rend le quartier moins sûr. Résultat : « Le neuvième devient un arrondissement vraiment compliqué et les gens en ont assez. »
Et encore, s’il n’y avait que le neuvième... Le dixième, frontalier, est aussi durement touché.
Éléonore Bez confie : « Saint-Loup, c’est fini. Je ne peux même plus y faire une visite de quartier. Le dernier commerce, un fleuriste, s’en va. » Ces deux arrondissements du sud ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes.Même chose à l’est, où délinquance et narcotrafic rythment le quotidien des Marseillais. Dans le quartier de Saint-Barnabé, dans le prisé XIIe arrondissement, réputé calme, le mal rôde aussi. Arnaud fait construire une maison pour sa famille et, « tous les jours, le chantier est visité et pillé ». Il précise : « Toutes les nuits, deux ou trois jeunes arrivent en moto, s’introduisent chez moi en coupant le grillage de clôture ou en défonçant le portail et me volent. Ils prennent des outils, arrachent les câbles électriques… » Que fait la police ? Rien, car il n’y a que deux patrouilles de nuit pour le secteur et qu’il y a plus urgent à gérer. Pour rappel, non loin de là, mi-mars, un bâtiment public, vraisemblablement gênant pour les dealers, était étonnamment parti en fumée.
Partout
La délinquance est partout, au sud, à l’est, mais aussi au centre. Les Ier, IIe, VIe et VIIe arrondissements, situés non loin du Vieux-Port, ne dérogent pas à la règle. Là, des colliers sont arrachés, des voitures sont désossées et des mères de famille agressées. Laura, une habitante du VIe arrondissement, témoigne : « Marseille n’est pas une ville de tout repos. Quand vous prenez le métro ou que vous êtes dans la rue, vous devez scanner tout le monde, regarder ceux qui vous entourent et anticiper les mauvais coups. »
Dans cette ville, la deuxième de France, les honnêtes citoyens ne mènent pas une vie tranquille. La faute à une police nationale en sous-effectif et à une police municipale « gangrenée par le communautarisme et le favoritisme », comme le dénonce Éléonore Bez qui, malgré ce constat sans appel, reste optimiste : « Marseille est une ville que l’on pourrait reprendre, mais il faut de la volonté. » Le rendez-vous semble déjà pris pour 2026.
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