Après Abou Mohammed al-Joulani, nouveau chef d’Etat syrien, un nom surgit aux yeux du monde.
Celui du chef du gouvernement transitoire syrien nommé par les « rebelles » : Mohammed al-Bachir. C’est un ingénieur, il serait "consensuel ". Ami ou ennemi ?
Lors de sa conférence de presse donnée le 10 décembre à Damas, Mohammed al-Bachir arbore un costume occidental, une calvitie et une barbe mahométane, c’est-à-dire sans moustache et légèrement taillée. Il annonce au pupitre qu'il assurera la phase de transition syrienne jusqu’à mars 2025, pour mettre en place une démocratie.
Les droits de tous les peuples seront garantis
« Il a été choisi pour sa méthode de gestion très consensuelle », explique au Parisien le politologue Hasni Abidi, spécialiste du monde arabe, Son profil non militaire permet de « promouvoir la dimension civile et administrative » de la nouvelle gouvernance. De quoi rassurer ? Interrogé en conférence de presse par le Corriere della Sera sur son passé de djihadiste, Mohammed Al-Bachir répond : « La mauvaise conduite de certains groupes islamistes a conduit de nombreuses personnes, en particulier en Occident, à associer les musulmans au terrorisme », « les droits de tous les peuples et de toutes les communautés [de] Syrie » seront garantis, assure-t-il. Mais il est un proche du groupe djihadiste HTS, Hayat Tahrir al Cham, ancien groupe syrien al-Nostra... une branche d’al-Qaïda. C’est ce qu’explique Wassim Nasr le spécialiste des mouvements jihadistes sur RFI. « C’est un technocrate, un technocrate islamiste ». Toutefois, Mohammed al-Bachir « n’est pas dans la mouvance dans laquelle était Abou Mohammed al-Joulani et certains de ses aides de camp », tempère Wassim Nasr.
Son diplôme en charia et en droit, obtenu en 2021 à l’Université d’Idleb dont il est originaire, lui donne une épaisseur intellectuelle, une colonne vertébrale islamique. C’est ainsi que Mohammed Al-Bachir a pu exercer comme directeur de l'enseignement de la charia pendant deux ans et demi à Idleb, au sein du parti islamiste local Salut de la Révolution, en 2022. Il s’agissait d’un gouvernement autonome et autoproclamé. La ville constituait alors le dernier bastion des groupes djihadistes ou rebelles En 2023, ils étaient encore 220 selon la DGSE.
Des sciences à la politique au service de la Syrie...
Auréolé de ce poste de direction, Mohammed al-Bachir est devenu directeur des Associations au Ministère du Développement et des Affaires Humanitaires, puis ministre du Développement au sein du gouvernement avant d’être nommé à l’unanimité Premier ministre en janvier 2024, toujours au sein du gouvernement local du Salut syrien à Idleb.
Mais Mohammed al-Bachir est avant tout un scientifique, présenté comme un ingénieur par de nombreux médias, un cartésien. Il est diplômé en génie électrique et électronique, spécialisé en télécommunications, un parchemin obtenu à l’université d’Alep en 2007. Son titre d’ingénieur n’est cependant écrit nulle part... Ce bagage lui a permis de travailler dans une compagnie syrienne de gaz avant de faire de la politique avec succès. Il aurait été un ministre « efficace dans des conditions très difficiles », assure Hasna Abidi. Ce ne sera pas simple, après la fin du régime de Bachar al-Assad. Après la chute de Sadam Hussein en Irak, en 2003, les minorités persécutées avaient regretté l'ancien pouvoir et pour tous l’espoir de jours meilleurs s’était volatilisé.
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