Hasard ou coïncidence de calendrier ? Ce qui est sûr, c’est qu’Emmanuel Macron n’imaginait pas, il y a quelques jours, que sa visite à Rome pour participer au forum « Un cri pour la paix » organisé par la communauté Sant’Egidio, allait lui créer un certain embarras diplomatique.
En effet, Giorgia Meloni a constitué son gouvernement et prêté serment à la Constitution italienne en qualité de chef de ce gouvernement bien plus vite que prévu... le jour même de l’arrivée d’Emmanuel Macron à Rome.
Il devenait dès lors quasi impossible pour Emmanuel Macron, venu pour rencontrer le président de la République italienne Sergio Mattarella et, in fine, le pape François de se soustraire à une rencontre, même brève et informelle, avec Giorgia Meloni.
Par un numéro d’équilibrisme qui lui est si familier que c’en est même sa marque de fabrique, et après avoir vilipendé Giorgia Meloni il y a seulement quelques jours par la voix de plusieurs de ses ministres – « Nous surveillerons le respect des droits humains très attentivement ! » -, Emmanuel Macron est donc allé rencontrer Giorgia Meloni sur la terrasse d’un hôtel romain. Après plus d’une heure de discussion et une poignée de main formelle immortalisée à la va vite, le Président français et le palais Chigi (siège du gouvernement italien) se sont fendus de communiqués suffisamment vagues pour ne froisser ni n’engager personne. Ainsi Emmanuel Macron a-t-il tweeté : « En Européens, en pays voisins, en peuples amis, avec l’Italie, nous devons poursuivre tout le travail engagé. Réussir ensemble, avec dialogue et ambition, nous le devons à notre jeunesse et à nos peuples. Notre première rencontre à Rome, Giorgia Meloni, va dans ce sens. »
À quoi le palais Chigi a répondu : « Rencontre cordiale et fructueuse, de plus d’une heure, entre le président du Conseil Giorgia Meloni et le président de la République française Emmanuel Macron. Au cours du colloque, même informel, ont été discutés tous les principaux dossiers européens : la nécessité d’apporter des réponses rapides et communes sur l’énergie chère, le soutien à l’Ukraine, la conjoncture économique difficile, la gestion des flux migratoires. Les présidents Meloni et Macron sont convenus de poursuivre leur collaboration sur les grands défis communs au niveau européen et dans le respect des intérêts nationaux réciproques. »
Rien de surprenant, de disruptif, si ce n’est la mention des « intérêts nationaux réciproques » : il s’agit d’un début de reprise et de normalisation des relations entre Emmanuel Macron et la droite italienne qui a porté au pouvoir la leader la plus conservatrice de sa coalition. Un changement après les tombereaux d’insultes déversés sur la droite italienne qualifiée, entre autres, de « lèpre populiste ».
On appelle cela la realpolitik ou, tout simplement, la diplomatie de base. Ajoutons qu’en marge de cette rencontre de dernier moment, Emmanuel Macron avait également rencontré Antonio Tajani, le nouveau ministre des Affaires étrangères de Giorgia Meloni, et Adolfo Urso, fidèle entre les fidèles de Meloni et nouveau ministre du Développement économique et du Made in Italy. L’activité diplomatique France-Italie ne s’est pas arrêtée là : notre ministre de l'Europe et des Affaires étrangères Catherine Colonna a également rendu visite à Antonio Tajani au ministère des Affaires étrangères italien. Gérald Darmanin a, quant à lui, fait la connaissance de son homologue italien Matteo Piantedosi, ancien préfet de Rome et ancien bras droit de Matteo Salvini au ministère de l’Intérieur : selon le Corriere della Sera, ils devaient parler... d’immigration.
Mais en France, loin de ce pragmatisme, l’idéologie domine. La NUPEs, bien installée dans son rôle d’agitateur (ou d’amuseur ?) public, s’étouffe d’indignation. Invitée sur France 2, le 24 octobre, dans l’émission « Télé-Matin », Sandrine Rousseau, l’égérie des zadistes, s’étrangle de rage, jusqu'à perdre ses mots : « Il y a une complaisance avec le fascisme et l'extrême droite qui est quand même incroyable, chez Emmanuel Macron. Il est le premier chef d'État d'Europe à aller la voir. On aurait pu marquer la désapprobation, le fait que nous ne coopérons pas avec des régimes qui se revendiquent de l'histoire de Mussolini. » Elle ajoute alors ce rappel historique : « Mussolini était un dictateur pendant la période fasciste ». Et précise que Meloni « a nommé une femme qui n’a qu’une seule mission, c’est d’interdire l’avortement ». Une belle « fake news », au passage. Assez savoureux.
On se contentera de rappeler à l’aréopage de la NUPES que l’Italie n’est pas une sombre dictature d’Amérique du Sud, ne leur en déplaise, et qu’il faudrait de temps en temps quitter les paradis artificiels de la gauche extrême. Car voici ce que disait Jean-Luc Mélenchon, à la mort de Hugo Chávez, président pour le moins autoritaire du Venezuela et idole de l’extrême gauche : « Ce qu’est Chávez ne meurt jamais. C’est l’idéal inépuisable de l’espérance humaniste de la révolution […] et j’ai honte, en Europe, du niveau lamentable des commentaires que j’ai vus. Comment pouvez-vous être aussi infâme et aussi bas ? Hugo Chavez a fait progresser d’une manière considérable la démocratie. »
Ainsi, la NUPES et ses affidés ne sont pas exactement en mesure de donner des leçons de démocratie, de progrès et d’humanisme… Ils ne comprennent pas que le gouvernement italien est le fruit direct d’un vote et d’une large majorité… de droite.
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