Madame, Monsieur,
« On est des souffre-douleurs pour les détenus ».
C’est le cri du cœur d’un surveillant, après l’agression sauvage d’un de ses collègues de la prison de Fresnes.
Vous connaissez la situation des prisons françaises. Surpopulation et oisiveté contribue à l’hyper-violence du milieu.
Mais cette fois, ça ne s’est pas passé en prison.
Ça s’est passé un dimanche après-midi, alors que la victime était devant son domicile, après une dure semaine au centre pénitencier.
Soudain, une voiture s’arrête à son niveau. Trois hommes à l’intérieur. Ils l’interpellent :
– « Tu te souviens de nous ? »
Il aurait préféré les oublier.
Les trois hommes sont d’anciens détenus de la prison de Fresnes. Pas des tendres.
Avant qu’il ne puisse réagir, ils sautent de la voiture l’attrappent et tabassent violemment le surveillant de prison.
Les coups pleuvent. A trois contre un. Des dents cassées.
Des douleurs aux cervicales.
Cela ne leur suffit pas. Ils veulent enlever le surveillant.
Ils ouvrent le coffre et tentent de pousser dedans .
Pour quoi faire ?
Continuer à le torturer ?
Le tailler en pièces ?
Heureusement, nous ne le saurons pas.
Le surveillant, pourtant amoché, se débat et résiste comme il peut.
Un voisin voit la scène. Il sort de sa maison en trombe… et vient défendre le surveillant.
À deux contre trois, le combat reste très inégal, mais les détenus préfèrent abandonner et prennent la fuite.
Et quelles sont les réactions?
Le contrôleur général des lieux de privation de liberté propose la mise en place d’un matricule pour les surveillants pénitentiaires, un numéro pour préserver leur anonymat.
Certes, il s’agit d’une mesure de bon sens, mais elle est très loin d’être suffisante.
Les surveillants racontent les méthodes de pression, dignes de film de gangsters :
Beaucoup craignent désormais pour leurs proches.
« Certains détenus nous disent « je sais où tu habites, où travaille ta femme, dans quelle école vont tes enfants ».
Et ce ne sont pas que des paroles en l’air, ils le savent réellement », assure Stéphane Barraut, surveillant.
Théoriquement pourtant, les détenus ne sont pas censés connaître les noms des surveillants.
« Ils mettent leurs proches à contribution, ils nous font suivre. Ensuite, ce n’est pas compliqué d’aller trouver notre nom sur la boîte aux lettres », poursuit Ahmed El Hoummass, délégué syndical pénitentiaire.
Certains mènent également leur enquête sur les réseaux sociaux.
Si les gardiens font de plus en plus attention à verrouiller, lorsqu’ils en ont un, leurs profils Facebook, leurs enfants ne sont pas toujours aussi précautionneux.
Dans certains cas, les menaces émanent directement des proches d’un détenu.
En attendant, les surveillants risquent tous les jours leur vie pour nous.
Un surveillant à deux doigts d’être égorgé comme un mouton.
C’était il y a moins de 15 jours à la prison de Condé sur Sarthe.
Le détenu avait semble-t-il prévu son coup et voulait tuer du surveillant.
Il était en promenade et a demandé à regagner sa cellule.
Il a agressé les deux surveillants qui se trouvaient devant sa cellule… alors qu’ils se demandaient pourquoi il était si long à revenir de sa promenade.
Le détenu pointe un pic de 15cm sur la carotide d’un des surveillants. Le forcené hurle alors :
– « si tu avances, je l’égorge ! »
Le surveillant tente de se dégager et reçoit deux coups de pic dans le crâne et un dans le dos.
Des coups pour tuer.
Ce n’est pas un événement isolé.
A Osny, par exemple, souvenez-vous de ce détenu radicalisé qui voulait égorger deux surveillants avec un poinçon de 20 centimètres.
La lame est passée à deux millimètres (!) de la carotide d’un des gardiens, et à quelques millimètres (!) du poumon.
Et c’est comme ça dans toute la France…
Les prisons sont des concentrés de violence où les employés sont tous les jours en danger de mort.
« Tout va très bien, Madame la Ministre ? »
Pourtant, si on en croit le ministère de la justice, la journée type des détenus dans une maison d’arrêt semble parfaitement sous contrôle :
7h00-8h00 Réveil, petit déjeuner, toilette, entretien de la cellule.
8h00-11h15 Travail ou activités (sauf le week-end), promenade, loisirs (sport, bibliothèque, etc.), parloirs.
11h30-12h15 Distribution du déjeuner.
13h00-14h00 Promenade des détenus ayant un travail (service général ou autre).
14h00-17h00 Travail, activités, promenade, loisirs, parloirs, douches.
17h00-17h45 Douches pour les détenus qui travaillent (service général ou autres).
18h15-18h45 Distribution du dîner.
18h45 Fermeture des cellules.
(Source : ministère de la justice)
C’est très beau sur le papier…
Mais comme vous le savez, la réalité est très différente.
Dans les faits, vous l’avez bien compris avec mon précédent message : la prison est devenue un véritable lieu d’oisiveté et d’errance pour les détenus.
Le ministère ne met pas en avant les stages de catamaran, de hip hop et autres activités de « loisirs ».
Pendant que les détenus se la coulent douce, le personnel pénitentiaire, lui, vit un véritable enfer.
Les insultes et les menaces de morts sont quasiment quotidiennes.
Et les passage à l’acte, ou en tout cas les tentatives, sont fréquents.
Quand les gardiens craquent.
Plantons le décor. La prison de Muret dans la banlieue de Toulouse.
Elle reçoit uniquement des personnes à longue détention, supérieure à trois ans.
Quand on sait que les peines de moins de 24 mois sont presque toujours aménagées, vous vous doutez que ce sont des durs à cuire.
Pourtant, la moitié des gardiens du service du matin, et les trois quarts du service de l’après-midi viennent de se mettre en arrêt maladie.
Ils dénoncent la situation dans Le Figaro :
« Ça fait un an qu’on essaye d’alerter.
On multiplie les heures supplémentaires tous les mois, quarante, soixante et même quatre-vingt pour certains agents », a affirmé un gardien et syndicaliste de Muret, qui a souhaité garder l’anonymat. « Les gars n’en peuvent plus. Ils ont des difficultés dans leur vie familiale. Ils sont en situation de burn-out ».
Quelle est la solution ?
Vous connaissez le proverbe populaire : l’oisiveté est la mère de tous les vices.
Il faut donc supprimer l’oisiveté.
C’est tout à fait sérieux.
Un détenu qui passe son temps à travailler n’a plus le temps de semer la zizanie en prison.
Le travail rétablit le respect de l’autorité, le respect des règles.
Et l’impact continue sur la durée: un détenu formé est quelqu’un qui peut ensuite travailler.
Il n’est plus obligé de rester dans la criminalité.
Nous constituons actuellement une étude sur le travail en prison.
Le but est de proposer des pistes sérieuses pour le généraliser.
Il faut absolument que nous puissions l’envoyer de toute urgence à chaque député.
Et j’ai besoin de votre aide pour cela.
Elle est en cours de bouclage et nous prévoyons de l’envoyer par la Poste dès sa sortie.
Chaque pli coûte 5 euros par député.
Cette opération revient donc, juste pour l’envoi, à 2855 €.
C’est une somme, mais il est crucial que les députés prennent conscience de l’ampleur du problème, et surtout qu’ils connaissent l’alternative possible et les lois à voter de toute urgence.
Car c’est la vie des surveillants de prison et celle de leur famille qui est en jeu.
Et notre sécurité.
Alors, je vous demande de faire un don, le plus généreux possible, pour soutenir cette opération.
Vous serez tenu au courant de nos avancées.
Merci par avance !
Avec tout mon dévouement,
Axelle Theillier
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